Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Ce matin de novembre, il se réveilla fatigué et sut que c'était la dernière saison de sa suprématie.
Les sabots des chamois sont les quatre doigts d'un violoniste. Ils vont à l'aveuglette sans se tromper d'un millimètre. Ils giclent sur des à-pics, jongleurs en montée, acrobates en descente, ce sont des artistes de cirque pour le public des montagnes.
On prend des leçons avec les animaux. Elles ne servent pas à réparer, seulement à s'arrêter. Il n'avait pas de remords, il ne pouvait réparer le tort fait, il pouvait renoncer. Les dettes se paient à la fin, une fois pour toutes.
J'ai connu cet auteur italien avec "Les poissons ne ferment pas les yeux" que j'avais beaucoup aimé. Mais malgré tout, je le reconnais, je n'avais rien lu d'autre de lui depuis presque trois ans. Le temps passe vite !
Dans ce court roman de 70 pages, presque une nouvelle, ou un conte philosophique, l'auteur met face à face un braconnier, alpiniste chevronné, revenu vivre dans les montagnes des Alpes italiennes et qui n'a jamais hésité à tuer, et le roi des chamois qu'il traque depuis des années, et n'est jamais parvenu à piéger, et qu'il rêve aujourd'hui d'abattre, avant qu'il ne soit trop tard pour l'un ou pour l'autre.
De son côté, le roi des chamois, d'un poids et d'une prestance inégalés, sait que l'homme le poursuit inlassablement. Il a su depuis des années déjouer ses pièges, et continuer à régner sur sa harde. Il sent pourtant que sa dernière saison de roi se termine, et que des chamois plus jeunes vont prendre la suite.
Tous deux vont bien entendu se retrouver face à face pour un ultime combat.
Nous assistons impuissants à ce duel et au destin inéluctable que seul un petit papillon pourrait faire basculer.
Dans un style d'une grande poésie, sans un mot de trop, l'auteur nous fait entrer dans l'univers de la montagne, avec ses règles, sa beauté, sa pureté. L'homme parfois se sent si petit, si seul et vulnérable face à l'immensité et, il a peur.
En nous proposant de suivre les pas des ces deux êtres qui se ressemblent, car tous deux fiers et solitaires, l'auteur nous parle tout simplement de la vie, de la nécessité de vivre l'instant présent sans trop songer au lendemain, ni s'alourdir avec des regrets ou des remords superflus.
Quel sera le véritable vainqueur de ce duel ?
Qui se montrera le plus humain des deux ?
Je ne peux vous en dire davantage pour vous laisser découvrir l'histoire.
Le récit est suivi d'une courte nouvelle "Visite à un arbre" d'une forte puissante évocatrice, elle-aussi.
Ce livre entre dans le challenge de Philippe "Lire sous la contrainte" auquel je n'ai pas participé depuis longtemps. Le titre du livre doit contenir un nom d'...