Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Elle attend. Chaque printemps les fortes pluies arrivent, et la rivière monte, et son cours s'accélère, et la berge se désagrège toujours davantage, brunissant l'onde de son limon, mettant au jour une nouvelle couche de terre sombre. Des décennies passent. Elle est patiente, dans sa coquille de bâche bleue.
Tous les dimanches, après la messe et le déjeuner chez notre grand-père, Bill, mon grand frère, et moi, nous enfilions un T-shirt et un jean coupé, jetions notre matériel de pêche dans le pick-up Ford 1962 que nous avait acheté Grand-père, et partions vers l'ouest en sortant de Sylva...
L'histoire se situe à Sylva dans une petite ville des Appalaches. La rivière en crue vient de mettre à jour des ossements humains. Ils appartiennent à une jeune fille mystérieusement disparue depuis 50 ans.
Ligeia avait débarqué de Floride un bel été en 1969. Cet été-là, Eugène et son frère Bill, vont pêcher dans la rivière tous les jours lorsqu'ils la rencontrent. Elle est libre, elle est belle, elle se baigne nue, elle leur fait découvrir ce qu'ils n'avaient encore jamais osé faire, l'amour...
Les adolescents sont bouleversés par cette rencontre et les moments qu'ils partagent. Cela les marquera à jamais et scellera leur destin, d'autant plus que l'audace de la jeune fille leur permet aussi de s'opposer à leur tyrannique grand-père, le seul médecin de la ville, qui s'occupe d'eux et de leur mère depuis le décès de leur père.
Ils tombent donc sous ses charmes, font tout ce qu'elle leur demande. Eugène en vient même à voler des médicaments dans l'armoire à pharmacie de son grand-père.
Mais lorsque Bill, qui veut faire lui-aussi des études de médecine, et deviendra d'ailleurs un grand chirurgien, apprend que la jeune-fille a été envoyée chez son oncle et sa tante pour l'été, car elle fuguait, se droguait et consommait de l'alcool, il la laisse tomber et abandonne aussi Eugène qui va prendre tous les risques pour la satisfaire.
Car finalement sous ses airs bravaches, celle-ci porte en elle sa propre souffrance et elle est beaucoup moins libre que ce qu'elle paraît.
Et puis un jour, mystérieusement, Ligeia disparaît...
Les deux frères vont être obligés de revisiter le passé pour comprendre pourquoi Ligeia, que Bill avait pourtant accompagné au bus, n'y est jamais montée.
Bill a-t-il menti ?
C'est là que les romans se trompent si souvent, se trompent sciemment, a-t-elle remarqué lorsqu'elle a rouvert les yeux. On fait certains choix et l'on s'éteint sans avoir jamais pu vérifier s'ils étaient bons ou mauvais.
Ron Rash est un conteur-né. Comme à son habitude, il nous fait entrer dans un univers très très sombre. Il aime nous parler de conflits familiaux troubles, du poids de l’héritage, de révolte, et de coins perdus.
La tension monte au fil de l'histoire !
Les chapitres alternent entre le passé (ce superbe été) et le présent dans lequel Eugène, devenu alcoolique et écrivain, se débat pour arriver à voir son frère toujours pris par ces activités chirurgicales.
Il veut l'interroger pour avoir des réponses claires à ses interrogations, mais ce dernier se dérobe sans cesse, comme s'il avait quelque chose à se reprocher...
C'est un excellent roman, moins noir tout du moins que les précédents de l'auteur, ce qui peut permettre à ceux qui ne le connaissent pas encore d'être tentés de le découvrir, d'autant plus qu'il fait à peine 200 pages et se lit très vite.
Pendant quelques instants, il n'y a plus eu un son. Ni paroles, ni sirènes au loin, puis un silence toujours plus profond lorsque le climatiseur s'arrête. Le silence peut être un lieu. Ce sont les mots qui me viennent. C'est là d'ailleurs qu'une si grande part de ma vie a été vécue, que des heures vaines se sont écoulées, le bruit le plus fort, le tintement des glaçons dans un verre.
- Grand-père, c'était un monstre, pas vrai ?
- Oui, répond mon frère. Absolument.
Retrouvez ci-dessous, l'avis de Violette sur ce roman...
Par le vent pleuré de Ron Rash - Le blog de Violette
Après Un pied au paradis et Le chant de la Tamassee , je continue ma découverte de cet auteur américain (qui, je viens de le découvrir, est né le même jour que moi... pas la même année !) E...
http://doucettement.over-blog.com/2018/11/par-le-vent-pleure-de-ron-rash.html