Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Depuis qu'ils sont nés, elle a peur de tout. Surtout, elle a peur qu'ils meurent. Elle n'en parle jamais, ni à ses amis, ni à Paul, mais elle est sûre que tous ont eu ces mêmes pensées...
Des scénarios atroces, s'échafaudent en elle, qu'elle balaie en secouant la tête, en récitant des prières, en touchant du bois, et la main de Fatma qu'elle a héritée de sa mère...
Voilà un roman qui a fait beaucoup de bruit lors de sa parution et qu'il me fallait bien lire un jour. J'ai donc profité de l'été pour le découvrir !
Myriam, jeune maman débordée par ses deux enfants, croise un jour un ancien copain de fac qui lui propose de l'embaucher. Elle qui a fait des études de droit, décide de rebondir et de trouver une nounou, malgré les réticences de Paul, son mari qui a du mal à la voir reprendre le travail.
C'est Louise qui semble réunir tous les critères.
Dès son arrivée, le jeune couple revit et fait de plus en plus confiance à la jeune femme qui devient pour eux totalement indispensable.
Il faut dire qu'elle sait se montrer particulièrement convaincante et disponible pour tous.
Mila et Adam, les enfants, sont heureux.
La maison est rangée et le repas prêt, même lorsque les parents rentrent tard.
Ils décident même de l'emmener en vacances avec eux...le rêve !
Aussi, quand ça dérape, et que le drame éclate, tout le monde est sidéré...
Voilà un roman stupéfiant et qui se lit d'une traite !
Le lecteur est parfaitement au fait du drame puisque le premier chapitre nous le décrit en détails.
C'est donc dans un état d'esprit particulier qu'il aborde les différents chapitres, suivant l'auteur avec attention quand elle nous décrit tel ou tel fait, telle réaction, telle attitude, détails insignifiants au départ mais qui n'en sont pas au bout d'un certain temps. En fait nous passons notre temps à traquer les indices qui nous permettront de donner du sens au premier chapitre et donc une explication plausible au drame.
Ce roman est véritablement un drame de société.
L'auteur décrit avec minutie les rapports particuliers et malsains qui se nouent entre les personnages. Elle nous fait entrer dans leur psychologie à petits pas.
La nounou, perfectionniste à outrance, a un grand besoin d'être aimée et respectée. Elle a honte de son milieu d'origine et voudrait trouver auprès de ses "patrons" une reconnaissance qu'elle n'a jamais eu le droit de s'accorder dans la vie. Le lecteur découvre sa vie misérable dans un logement sordide, les dettes laissées par son mari et qu'elle doit toujours honorer, sa solitude...
Le jeune couple est typiquement un couple d'aujourd'hui, centré sur eux-mêmes et la résolution de leurs problèmes, ambitieux et volages. Ils ne sont pourtant pas indifférents à leurs enfants qu'ils adorent, mais leurs occupations les empêchent de rester vigilants et de voir les détails qui annoncent le drame...
Ils ne sont pas non plus indifférents à Louise et tentent même de l'aider, mais ils sont maladroits et ne s'attardent pas longtemps sur ses problèmes.
Le style clair et précis de l'auteur, son écriture fluide et sa façon bien à elle de raconter les faits, rend ce roman très prenant et très réaliste.
Comment être à la fois mère, femme et avoir une vie professionnelle passionnante nécessaire à notre épanouissement ? Nous nous sommes toutes posées ces questions et avons assez culpabilisé dans notre propre vie pour nous sentir très proches de Myriam...ce qui est très dérangeant !
Je dois avouer aussi que ce roman a un côté fascinant d'autant plus grand, que l'on sait qu'il s'inspire d'un fait divers.
Un roman dérangeant donc, mais qui mérite bien son Prix GONCOURT 2016. Il était temps que je le lise...
Si vous hésitez encore, vous pouvez aller lire les avis de Mimi, Écureuil bleu et Hélène qui m'ont toutes les trois différemment, donné envie de le découvrir...
Myriam lui fait souvent des cadeaux. Des boucles d'oreilles qu'elle achète dans une boutique bon marché, à la sortie du métro. Un cake à l'orange, seule gourmandise qu'elle connaît à Louise. Elle lui donne des affaires qu'elle ne met plus, elle qui a longtemps pensé qu'il y avait là quelque chose d'humiliant. Myriam fait tout pour ne pas blesser Louise, pour ne pas susciter sa peine ou sa jalousie...
Pendant ces longues journées d'hiver, un sentiment de solitude immense l'étreint. En proie à la panique, elle sort de l'appartement, ferme la porte derrière elle, affronte le froid et emmène les enfants au square...