Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Accolée à la cathédrale Saint-Pierre dont je vous ai parlé récemment, se trouve l'ancienne faculté de médecine de Montpellier.
C'est avec beaucoup de plaisir que je l'ai découverte lors de ma balade dans la région avec Mimi et Nell. En effet, depuis le temps que j'en entendais parler, je ne l'avais jamais vu... en vrai.
J'ai même trouvé émouvant de la découvrir, pour tout vous dire, car c'est la plus ancienne faculté de médecine du monde occidental encore en activité !
On ne peut parler de Montpellier sans parler de l'histoire de la médecine et vice versa. (Entre nous, l'histoire de la Botanique est également liée à la ville mais ce sera pour une autre fois...)
La faculté a été créée en 1220.
Un peu d'histoire
En 1180, Guilhem VIII, seigneur de Montpellier signe un édit stipulant que quiconque, quelle que soit sa religion ou son origine, a désormais le droit de venir enseigner la médecine dans sa ville. De nombreux maîtres et étudiants viennent alors s'y installer. Il n'y a pas à l'époque de locaux proprement dit, le maître se chargeant lui-même d'héberger ses étudiants.
Puis les premiers regroupements ont lieu dans l'ancienne école de pharmacie.
François Rabelais, Guillaume Rondelet, Arnaud de Villeneuve qui fût le premier a parler d'hygiène, Jean-Antoine Chaptal, Gui de Chauliac, le père de la chirurgie médicale, Pierre-Joseph Barthez, médecin de Louis XVI et de Napoléon Ier et encyclopédiste, F. G. de Lapeyronie, le célèbre chirurgien du roi, et bien d'autres illustres médecins, vont s'y succéder...
A l'entrée de la faculté, deux statues de bronze accueillent les visiteurs. Elles ont été inaugurées le 15 novembre 1864.
La première représente François Gigot de Lapeyronie (1678-1747), la seconde, Paul-Joseph Barthez (1734-1806).
Le fait que les deux statues se retrouvent réunies ici, n'est pas anodin et symbolise l'union de deux disciplines fondamentales, la chirurgie et la médecine.
François Gigot de Lapeyronie était un homme généreux et discret. Il était le chirurgien attitré de Louis XV, mais il restait proche du peuple.
Son château de Marigny a été transformé en hôpital.
Puis il donne une grande partie de sa fortune à la ville de Montpellier pour faire construire un amphithéâtre d'anatomie, le collège royal Saint-Côme. Le majestueux bâtiment, construit entre 1751 et 1757, fait partie des plus beaux monuments de la ville.
En 1794, l'école de chirurgie de la ville est réunie par décret avec celle de médecine, et le bâtiment est abandonné. Il est occupé aujourd'hui par la Chambre de Commerce.
Je vous montre donc ci-dessous, un aperçu du bâtiment...
Autres détails sur les façades (regardez le caducée sur la grille en fer forgée du balcon), plus la cour intérieure
Paul-Joseph Barthez va révolutionner la vision de l'être vivant et donc de la médecine.
Je tente de résumer...Il pense que l'homme est constitué d'un état matériel, d'une âme et d'un principe vital. Il considère en particulier que l'être humain fait partie du milieu ambiant, et qu'il interagit avec lui de façon constante. Il introduit donc la notion de physiologie.
C'est le "vitalisme de Montpellier".
En plus de ses idées, qui ont fait évoluer la médecine, il léguera son immense bibliothèque à la faculté de la ville.
Revenons à notre bâtiment, ancienne faculté de médecine.
Au dessus des deux statues de ces deux grands maîtres qui ont marqué le siècle des Lumières, le fronton présente une belle sculpture, constituée de deux lions entre lesquels se trouve gravé le caducée, emblème de la médecine...mais un seul serpent est entouré autour du manche d'une sorte de "pilon" ce qui ne ressemble pas du tout au caducée habituel.
Je n'ai trouvé aucun renseignement sur la présence de ces lions sur le fronton, ni sur cette dernière particularité.
Si vous avez des infos, je suis preneuse...
A droite de l'entrée, se trouve un joli cadran solaire...avec une devise écrite en grec : H TEXNH MAKPH qui signifie "L'art est long".
Pour ceux qui veulent en savoir plus...
La faculté s'installe dans les locaux historiques tels qu'on peut les voir aujourd'hui à la fin du XVIIIe siècle, après la Révolution, à l'emplacement de l'ancien palais épiscopal. Ce palais était un ancien monastère bénédictin (Saint-Benoît). Il avait été fondé au XIVe siècle. Comme je vous l'ai déjà dit la chapelle de ce monastère est aujourd'hui devenue la Cathédrale Saint-Pierre.
Depuis le printemps 2017, de nouveaux bâtiments ont été construits à une vingtaine minutes du centre ville, à côté du centre hospitalier Arnaud de Villeneuve, et les 3600 étudiants, de même qu'une partie des services administratifs, y ont fait leur dernière rentrée.
Il reste à l'intérieur des locaux de l'ancienne faculté, qui ne se visite qu'en groupe organisé avec l'office du tourisme, un escalier monumental de l'époque et quelques prestigieuses salles.
Les appartements privés de l'Évêque sont devenus l'école de santé et, l'ancienne chapelle, la salle des Actes, où des générations d'étudiants ont soutenu leur thèse.
Pour la petite histoire, dans la grande, si Rabelais a bien soutenu sa thèse avec brio dans ces locaux, Nostradamus, qui est bien connu en Provence, et en particulier dans la région de Salon-de-Provence, a été renvoyé de la faculté alors qu'il n'était qu'un élève, pour cause de... désobéissance !
J'adorerai en particulier aller visiter la bibliothèque (ça vous étonne ?). Elle abrite des incunables et des anciens ouvrages de médecine...dans l'ancien cloître. L'endroit doit être magnifique.
Le conservatoire d'anatomie, quant à lui, possède une collection classée monument historique qui est sans nul doute à découvrir elle-aussi, comme j'en suis certaine, le jardin des Plantes qui fait partie lui-aussi de la faculté.
Mais ce sera peut-être pour une prochaine visite qui sait ?
En face de la faculté de médecine, de l'autre côté de la rue, se trouve l'Institut Bouisson-Bertrand.
Fondé en 1895 par la faculté de médecine de Montpellier, l'institut est spécialisé dans la prévention des maladies infectieuses et engagé dans de nombreuses actions humanitaires à l'étranger, notamment en Afrique.
A bientôt...pour la poursuite de nos visites dans la région, enfin, si vous le voulez bien !