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Pour continuer à rêver en ce début d'année, je vous propose de visiter avec moi l'abbaye cistercienne de Valcroissant, appelée aussi Notre-Dame de Valcroissant, qui se trouve dans une petite vallée à 5 kilomètres environ de la ville de Die, au pied du Vercors et en particulier de la montagne de Glandasse.
C'est là, au XIIe siècle, au coeur du pays diois et de ce qui devait devenir des centaines d'années plus tard, le Parc Régional du Vercors, que des moines en provenance de l'abbaye de Bonnevaux (située en Isère mais aujourd'hui disparue), s'installent pour fonder l'abbaye de Valcroissant.
Un peu d'histoire...
Il semble que cette abbaye connut une certaine notoriété jusqu'au XIVe siècle. Elle a en tous les cas, joué un rôle important dans la vie religieuse de Die.
Pourtant, pendant des années, les moines vivent là dans une grande pauvreté. Ils deviennent de moins en moins nombreux et les terres cultivables arides, ne leur permettent pas de vivre correctement de leur travail.
Déjà menacée durant la Guerre de Cent ans par les Routiers, l'abbaye est totalement pillée au XVe siècle. Elle sera saccagée et ruinée au moment des guerres de religions puis abandonnée par les moines. C'est à cette date que le cloître est détruit...et que l'abbaye devient une simple ferme.
L'abbaye devient ensuite à la Révolution française, une propriété privée.
En 1893, elle est rachetée par Jules Dautheville, un pasteur réformé de Die qui s'y installe avec sa femme Pauline. Ils désirent y installer un orphelinat protestant mais sa mort prématurée ne permet pas au projet d'aboutir.
Vers 1950, l'abbaye est rachetée par le philosophe Marcel Légaut, tombé amoureux du lieu. C'est son fils, Rémi qui organise maintenant avec sa femme et l'association des Amis de Valcroissant, les visites guidées, ainsi que les nombreuses animations culturelles, en particulier des concerts, qui emplissent ce lieu magique tout au long de l'année et permettent de le partager avec des amoureux de la nature.
En parallèle, le couple exploite la ferme, spécialisée dans l'agriculture et l'élevage, mais aussi dans le tourisme vert. Un gîte rural et un gîte d'étape collectif accueillent les touristes et randonneurs en saison.
En parallèle, le couple mène à bien les travaux de rénovation, grâce au soutien de l’association.
L'abbaye est classée Monument historique depuis 1971.
La visiter est un privilège rare...car vous vous en doutez, les propriétaires actuels sont très occupés et il faut être sur place à des heures bien précises.
Mais se rendre sur les lieux est déjà une belle découverte.
Il nous faut un instant quitter la civilisation et pénétrer dans une vallée étroite par une petite route sinueuse qui monte vers la montagne. De là partent de nombreux chemins de randonnée...
Puis, laissant derrière nous, les premiers troupeaux et vergers, on arrive au bout de la vallée qui s'élargit pour nous laisser admirer les belles falaises du Glandasse...
Au pied de la montagne, au milieu des bois et des champs, on aperçoit les bâtiments de l'abbaye, dont je vous montrerai plus en détails l'architecture très bientôt.
L'abbaye n'a pas été construite dans cette vallée isolée, par hasard. Il y avait déjà des bâtiments à cet endroit dont les fondations remonteraient au Ier siècle de notre ère.
Die, la ville la plus proche était une ancienne évêché. Mais l'isolement était nécessaire à l'installation des moines. Ils ont sans nul doute été séduits par la beauté du site, resté encore aujourd'hui sauvage.
La vallée est traversée par un cours d'eau toujours actif, sans cesse alimenté par de nombreux affluents qui descendent de la montagne.
Le torrent de Valcroissant était déjà connu dans l'Antiquité. A cette époque, l'eau du torrent, était acheminée grâce à un aqueduc jusqu'à la ville gallo-romaine de Die.
L'abbaye est aujourd'hui toujours alimentée en eau par ce torrent.
On trouve à proximité des pierres permettant de bâtir sans problèmes. Elles ont été utilisées pour la construction des bâtiments.
En fait il est reconnu que les moines s'installèrent dans les bâtiments déjà présents durant les travaux de construction de l'abbaye et que la construction a débuté par l'église, puis elle s'est poursuivie par les bâtiments conventuels, et enfin on ferma le cloître en bâtissant le chauffoir, la cuisine et le réfectoire des moines, ainsi que les bâtiments annexes...
[source : "L'abbaye cistercienne Notre Dame de Valcroissant" par Serge Durand, 1997]
Pendant des années, les moines ont exploité les bois alentours, ne tirant que de maigres ressources de la vallée, dont les terres arides et très pauvres ne permettent toujours aujourd'hui que de faire paître quelques troupeaux, d'exploiter la forêt ou de cultiver noyers, céréales et vignes...
L'isolement, le site grandiose et sauvage, la présence d'eau en abondance, de bois et de pierres de construction, ont fait de ce lieu un emplacement idéal pour l'implantation d'un monastère cistercien.
Alors... prêts pour la suite de la visite ?