Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Yukio me serra doucement contre sa poitrine et posa son menton sur ma tête. je pouvais entendre les palpitations de son coeur. C'était le moment où je pouvais oublier tout ce qui se passait autour de nous : la guerre, le travail à l'usine, la solitude. Je ne pensais qu'à nous.
Yukiko, une survivante de Nagasaki, a toujours refusé de parler à sa fille Namiko et à son petit-fils, de sa jeunesse, de sa famille et de Nagasaki où elle habitait en juin 1945. Mais peu de temps avant sa mort, elle accepte enfin de répondre aux questions du jeune adolescent.
Elle laisse aussi chez son notaire, une longue lettre à Namiko, que celle-ci ne découvre qu'à sa mort.
Dans cette lettre, en forme d'aveu, Yukiko raconte ce qu'elle a vécu durant ses années de jeunesse qui ont précédé la guerre, et les conséquences de certains événements familiaux, tenus secrets.
Elle a en effet été poussée à commettre un crime, celui de son propre père, tandis que deux bombes atomiques étaient lancées par les américains sur le Japon, à seulement quelques jours d'intervalle.
Yukiko, sans l'avoir prévu, avait commis LE crime parfait, mais ce crime, bien que resté impuni, la poursuivra toute sa vie...
Une fois, dans la rue, je vis des prisonniers de guerre. Ils marchaient, attachés les uns aux autres par une corde. Quelques-uns sifflaient et un soldat japonais les grondait. La candeur de leur expression me laissait croire qu'ils avaient entre dix-huit et vingt ans...
L'un d'entre eux dit en anglais à un autre prisonnier : "Qui veut la guerre ? Tu sais, je veux simplement rentrer dans mon pays où mes parents et ma fiancée m'attendent".
...
La gorge serrée, je regardais ces jeunes soldats s'éloigner. Les mots"ma fiancée" me firent pleurer.
-Grand-mère, pourquoi les Américains ont-ils envoyé deux bombes atomiques sur le Japon ?
- Parce qu'ils n'en avaient que deux à ce moment-là, dit-elle franchement.
Je regardai ma mère. Il me semblait qu'elle blaguait, mais son visage était sérieux...
Voilà une histoire de famille poignante et intense, sur fond de guerre et de bombe atomique. Un court roman qui est le premier opus d'une pentalogie intitulée "Le poids des secrets" que je compte bien poursuivre durant l'été, si je le peux...
Le thème central est l'égoïsme et les mensonges d'un homme _ le grand-père de Namiko_ et l'amour impossible entre deux adolescents, dont Yukiko, qui ne connaissent rien du lien secret qui les unit.
Avec un ton toujours juste et pudique, l'auteur aborde les thèmes douloureux du deuil, du poids des traditions dans les familles, des conditions de travail, et des relations de couple dans le Japon de la première moitié du XXe siècle.
Tout cela en parallèle des drames de la grande Histoire...
J'ai beaucoup aimé !
Ce roman a obtenu le Prix Hervé-Foulon-Un livre à relire en 2021.
Je n'étais pas capable de continuer à regarder son visage. Je me disais : "Mon frère...Tu es mon frère. Tu ne le sais pas ?"
Il me dit :
- Tu ne m'aimes plus ?
- Si. Mais je ne peux plus te rencontrer.
- Pourquoi ? Qu'est-ce qui t'est arrivé ? Dis-moi, s'il te plaît.
- Ne me demande pas pourquoi, je t'en prie !
Je le quittait en courant.
- Je t'attendrais toujours ! cria-t-il derrière moi.
Ce furent les derniers mots de Yukio...
Là, dans le noir, je sanglotais longtemps sans pouvoir m'arrêter...