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La Provence conserve dans sa campagne de nombreux vestiges romains. C'est le cas du village de Vernègues où je vous emmène une fois de plus pour visiter le site le plus romantique qui soit...enfin, je trouve !
Il existe beaucoup de vestiges romains sur le territoire français mais seulement trois temples qui ont été inscrits sur la première liste des monuments historiques en 1840, et qui sont encore en état aujourd'hui. ce que je viens d'apprendre avec surprise en faisant quelques recherches complémentaires sur internet.
Pourtant ce type de petits temples étaient très répandus dans l'empire romain.
Ces trois temples sont :
- Le temple d'Auguste et de Livi, situé à Vienne en plein centre ville et qui date du début du Ier siècle de notre ère.
- Le temple de Janus, situé à Autun en Saône et Loire, dans un quartier périphérique de la ville, datant lui aussi du Ier siècle de notre ère.
- Et le temple de Diane, situé à Vernègues, au coeur de la Provence dont je vais vous parler aujourd'hui et qui serait le plus ancien car daté du Ier siècle AVANT notre ère. On l'appelle aussi le temple de Château-Bas ou bien encore le Temple de Maison-Basse.
A noter : ce temple est situé dans une propriété privée, Château-Bas, aujourd'hui devenue une cave renommée.
L'accès au temple et aux chemins de randonnée est libre, mais il est absolument interdit de prévoir de pique-niquer sur les lieux bien que vous soyez en pleine campagne.
Toutefois lorsque je m'y suis rendue avec mon amie, nous avons bu le thé, bien installées au chaud sur les pierres du temple, chauffées au soleil, sans être du tout inquiétées. Si chacun respecte les lieux, les propriétaires sont très tolérants.
L'accès au temple se fait par un chemin qui contourne la demeure et la cave. Nous n'avons pas profité du grand parking, car nous avions décidé toutes les deux de nous rendre au temple à pied, à partir de la Chapelle Saint-Symphorien dont je vous ai déjà parlé.
L'entrée du chemin d'accès est marqué par la margelle monolithique d'un ancien puits antique que vous pouvez observer sur la photo ci-dessous. De l'autre côté du chemin la pierre est semble-t-il un contrepoids utilisé avec un pressoir et daterait de la même époque.
Un peu d'histoire pour les passionnés...
Le temple de Diane faisait partie d'une agglomération antique composée de bâtiments et de thermes. Il était dédié aux divinités protectrices de la source voisine, les nymphes déesses des eaux. Il est d'ailleurs tourné vers l'est, où cette source aujourd'hui tarie, se trouvait.
De nombreux vestiges sont disséminés ça et là dans la propriété de Château-Bas et ne sont visibles qu'au moment des Journées du Patrimoine ou en visitant le caveau.
Le temple se trouve miraculeusement bien conservé, bien qu'en ruines. Un seul mur est cependant toujours debout.
Il s'agit d'un temple corinthien tétrastyle, c'est à dire comportant deux rangées de colonnes, quatre en façades et deux à l'arrière, dont celle cannelée visible encore aujourd'hui et surmontée d'un chapiteau en feuilles d'acanthe.
J'ai appris (ce que j'ignorai) que le temple avait pu être daté entre autres grâce à ces feuilles d'acanthe et les dimensions des colonnes et des chapiteaux.
Derrière, devait se trouver la cella, la pièce réservée aux prêtres, encadrée de pilastres aux quatre coins. Un pilastre lisse qui était donc situé à l'angle de la partie close du temple et surmonté, lui aussi, d'un chapiteau carré à feuilles d'acanthe, est encore visible.
Les murs de soubassement du temple sont encore bien conservés...
Au XIème siècle, une petite chapelle dédiée à Saint-Césaire, est construite sur les lieux, accolée au mur oriental du temple.
Elle est typique de l'architecture romane provençale et a été consacrée par l'archevêque d'Arles en 1054.
Entièrement construite en pierres de taille locales, c'est-à-dire avec les pierres du temple, elle est couverte de dalles calcaires, soutenues par une corniche.
Le sol de la chapelle est 60 cm en-dessous du niveau du temple.
Des traces d'un escalier, encore existant au XVIème siècle et permettant de descendre dans la chapelle, ont été découvertes ainsi qu'une ouverture, pratiquée dans le mur latéral du temple, à l'époque mérovingienne ou carolingienne.
A l'origine cette ouverture était encadrée par deux colonnettes dont une, déplacée lors d'une rénovation, subsiste encore et est visible au-dessus de la chapelle. Elle ressemble étrangement à la colonne cannelée romaine, en miniature.
La porte actuelle s'ouvre côté nord contre le mur du temple. La nef de forme carrée est obscure et seule l'abside en cul-de-four est éclairée par deux fenêtres basses, situées au ras du sol et surmontées chacune d'un superbe arc monolithe.
La face ouest est percée de deux baies ouvertes dans le mur du temple. Par une des fenêtres basses j'ai pu observer à l'intérieur une statue.
L'intérieur ne se visite pas.
La face ouest de la chapelle accolée au mur est du temple de Diane et la statue cachée dans l'église
Sur le site Monumentum.fr qui recense l'ensemble des monuments historiques français, et que vous connaissez sans doute, j'ai découvert de multiples photos anciennes de ce temple de Diane avant la rénovation qui a permis au site de résister aux décennies.
Les photos n'étant pas toujours datées, je présume que certaines montrent les dégâts dû au tremblement de Terre de 1909. Toutes les photos sont de T. Valérian ou de Médéric Mieusement, un photographe. Elles ont été prises entre 1851 et 1914. Vous pouvez aller en voir d'autres sur le site.
Certains vestiges découverts lors de fouilles successives aux alentours sont visibles à l'intérieur du château dans une sorte de musée, que je ne suis pas allée visiter.
Je vous reparlerai dans les prochains jours de Château-Bas et de son histoire... si vous le voulez bien !
Une dernière remarque : Saint-Césaire s'écrit parfois Saint-Cézaire. Je n'ai pas réussi à savoir quelle était l'orthographe exacte de ce monument...