Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

Le dit du loriot / Su Tong

Seuil, 2016 Traduit par François Sastourné

Seuil, 2016 Traduit par François Sastourné

La veille de la fête du Travail, un peu de couleurs égayèrent la grisaille ordinaire de la rue. Les quelques fleurs ici et là de chaque côté s'ouvraient, les balisiers rouges et les amarantes crêtes de coq embellissaient les murs, et les rosiers de Chine, bien que fichés dans de vieilles bassines ou d'anciennes marmites, luttaient vaillamment, déployant des pétales jaune pâle ou roses. Le ciel était d'un bleu éclatant, comme s'il avait été peint. La brise était douce au visage...

Dans un petit village de la Chine des années 80, trois adolescents, Baorun, Liu Sheng et Princesse se rencontrent.

Princesse, est une petite orpheline qui a été recueillie par le jardinier de l'hôpital psychiatrique. 

Liu Sheng est un séducteur qui a un certain pouvoir sur les deux autres car sa famille a acquis une relative prospérité.

Baorun vit dans la pauvreté avec ses parents et Grand-père. 

Mais voilà que Grand-père commence à perdre la tête (il "perd son âme") et se met à creuser des trous partout au pied des arbres, à la recherche d'une lampe qui contiendrait d'après ses dires un véritable trésor, c'est-à-dire deux os ayant appartenu à ses ancêtres qu'il lui faut honorer d'urgence, s'il veut retrouver sa raison.  

 

Les parents de Baorun décident de le placer à l'asile, où il commet tant de bêtises que la famille décide de mettre en place une surveillance étroite. 

C'est finalement Baorun qui s'en charge. Il devient un expert dans l'art d'attacher son grand-père sans lui faire mal, pour éviter qu'il ne s'enfuit de l'asile d'une part, mais aussi de creuser partout ce qui l'épuise, et coûte très cher à la famille qui doit à chaque fois payer les dégâts ainsi occasionnés. 

Ses deux amis viennent lui prêter mains fortes.

Les trois jeunes gens se disputent en permanence. Princesse est l'objet de toutes les attentions des garçons qui sont tous deux tombés amoureux de cette jeune fille coléreuse et injuste.

Ils vont saborder par leur maladresse toutes leurs chances...

Mais un soir tout bascule car les garçons commettent l'irréparable : ils violentent la jeune fille. Un des deux devra payer...ce sera Baorun. 

Nous les retrouverons dix ans plus tard !

Liu Sheng devait faire profil bas, et la blessure de sa vie n'était pas complètement cicatrisée. Baorun le hantait encore, il lui apparaissait à tout moment, de jour comme de nuit. Un matin, alors qu'il passait à vélo sous le pont de la voie ferrée, un train passa au-dessus de lui, à grand fracas ; une ombre noire s'en échappa et vola vers lui, frôla son épaule et s'accrocha au cadre de son vélo. Il se ressaisit et regarda, c'était une boucle de corde de nylon, verte, du diamètre qu'il fallait pour y passer la tête...

 

C'est un roman que j'ai trouvé très difficile à aborder et dans lequel j'ai mis beaucoup de temps à entrer. La mise en place m'a paru longue, bien qu'on comprenne rapidement les liens qui unissent les personnages entre eux.

L'auteur situe son histoire dans les années 80, une période où la société chinoise est en pleine évolution puisque la Chine est en en route vers le capitalisme. 

Il y a un mélange d'humour qui vire parfois au loufoque (surtout autour de la folie du grand-père), d'une certaine poésie que l'on retrouve chez les auteurs chinois et d'une dureté de propos qui peut choquer.

Le roman est divisé en trois parties, chacune mettant à l'honneur un des personnages mais les autres sont tout de même présents.

 

La condition de la femme est mise en avant, mais aussi la vie quotidienne de cette génération de jeunes qui vivent pour la première fois dans l'espoir d'une vie meilleure mais qui perdent peu à peu leurs repères et les valeurs ancestrales transmises depuis des générations. En fait, c'est une génération sacrifiée ou presque, car aucune amélioration de leur condition de vie n'est possible dans l'immédiat. 

 

J'ai trouvé ce roman très long à lire, trop tortueux bien que très réaliste et je me suis souvent perdue dans sa lecture, tant il y a de digressions et de scènes qui n'apportent rien à l'histoire elle-même, ni à l'ambiance. Aucun des personnages ne m'a paru réellement sympathique, à part le grand-père qui reste finalement le plus humain de l'histoire.

J'ai cependant aimé les descriptions de la vie quotidienne dans la petite rue des Cédrèles, un quartier qui conserve encore les traditions ancestrales, un véritable refuge pour les différents personnages.

 

En fait, quand j'ai appris que l'auteur écrivait plutôt des nouvelles, cela ne m'a pas étonné car ce long roman aurait pu être, sans problèmes, découpé en différentes histoires ...

 

C'est donc une lecture à réserver à celles et ceux qui aiment la littérature chinoise et veulent connaître un peu mieux l'auteur de "Epouses et concubines". 

"Le dit du loriot", dont le titre a été précédemment traduit, avant la traduction du livre en français par "Chronique du moineau jaune", a  été récompensé en 2015, par le prix littéraire le plus prestigieux de Chine...le prix Mao Dun.

 

Si vous voulez en savoir plus sur l'auteur, je vous mets le lien vers sa biographie. 

 

Ses larmes coulaient sur les mains de Baorun. Il en essuya soudain une sur la corde, qui l'absorba en silence. Les liens avaient été noués par un expert en la matière, simples et coulants, traçant des lignes géométriques ; tant qu'elle ne bougeait pas, ce n'était pas trop inconfortable. Elle se fit obéissante, peut-être par intelligence, peut-être par désespoir. Ils arrivèrent à l'asile...La camionnette s'arrêta devant le château d'eau. Baorun relâcha sa prise, la dévisagea, écrasa une larme au coin de son œil, un si joli visage, il est tout enflé maintenant, dit-il. Pourquoi pleurer ? Tu me dois dix ans, dix ans de liberté...

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
F
Je suis le traducteur de ce roman, merci de votre papier.<br /> Vous indiquez à la fin que "son précédent roman, Chronique du moineau jaune", a eu le prix Mao Dun.<br /> Il s'agit en fait du même, le "moineau jaune" n'étant autre que le loriot... Mme Duzan a traduit le titre ainsi, avant que le livre ne soit lui même traduit. <br /> Bonne lecture à ceux qui aiment.
Répondre
M
Oh merci beaucoup de venir jusqu'ici pour corriger cette erreur ! J'ai trouvé bizarre en effet que deux de ses livres parlent d'oiseau mais j'ai pensé à une sorte de suite et je comptais rechercher ce deuxième titre. Donc s'il s'agit du même ! Voilà un mystère éclairci grâce à vous et que je vais corriger immédiatement. <br /> J'en profite pour vous dire que votre travail de traduction est remarquable car, même si j'ai eu du mal comme je le dis à entrer dans l'histoire, car je suis toujours sincère dans mes chroniques, j'ai beaucoup apprécié l'ambiance et la vie de cette petite communauté de la rue des Cédrèles. <br /> Merci encore et au plaisir de vous retrouver lors de la lecture d'une de vos prochaines traductions.
B
Oui, ce n'est pas toujours facile de comprendre la littérature chinoise si abrupte parfois..mais pour moi elle est plus facile que la littérature japonaise que je trouve vraiment hermétique mais je ne suis pas objective:0 Je crois qu'il y a de bons et mauvais écrivains partout, pour ne rien te cacher j'aime beaucoup et surtout la littérature américaine (comme quoi..)...et je n'aime pas non plus les descriptions interminables. Bises et belle journee.
Répondre
M
Je persévère car j'aime bien découvrir des auteurs étrangers. Une autre façon de voyager à défaut de faire comme toi ! Bises
M
Quand j'ai du mal à entrer dans un livre, je n'arrive pas à persévérer
Répondre
M
Celui-là est difficile mais je voulais lire un livre de cet auteur que l'on connaît bien grâce à ses romans adaptés au cinéma comme "Épouses et concubines" par exemple. Comme quoi je crois que je préfère les films pour une fois d'habitude c'est l'inverse.
C
J'ai aimé les films tirés de ce style de roman, alors oui, pourquoi pas lire ce livre ?<br /> Belle journée.
Répondre
M
C'est ce qui m'a tenté car moi aussi j'ai aimé les films, mais je n'avais jamais lu de romans de l'auteur pour autant ! Te voilà revenue de ton escapade en CC... en pleine forme j'espère ? Belle journée
R
Tu as l'art et la manière de commenter tes lecture <br /> Cela dit celui -ci n'est pas trop pour moi <br /> Belle soirée je te souhaite <br /> Et bonne lecture
Répondre
M
Merci c'est gentil ! Je signale qu'il est difficile tant au niveau du sujet que du style pour justement que chacun soit prévenu et fasse son choix. Comme il vient de sortir et que j'ai eu la chance de l'emprunter à la médiathèque autant ne pas l'offrir ou l'acheter pour soi s'il ne convient pas ! Bises et une belle journée
É
Bonsoir Manou. D'après ce que tu en dis je ne crois pas que cette histoire et ces personnages me plairaient. Bisous
Répondre
M
Il y a tant à lire ! Et si peu de temps à consacrer à la lecture quotidienne qu'il faut bien faire des choix. Bisous et une bonne journée
C
Pas pour moi non plus ce livre ! Mais je m'aperçois qu'il y a une certaine cohérence entre toi et Mimi ... elle le Japon, toi la Chine, vous vous êtes données le mot ma parole ...?!!!<br /> Belle soirée, bisous !<br /> Cathy
Répondre
M
Non je t'assure nous n'avons pas communiqué du tout sur ce coup-là mais je constate que cela nous arrive d'être sur la même longueur d'ondes... Bisous et une belle journée
D
Eh bien, je pense que je vais passer mon tour pour ce roman. En même temps, vu ma pile à lire, ce n'est pas très dérangeant ;-)<br /> Bonne soirée !
Répondre
M
Tu ne peux pas être partout et t'occuper des élèves, des projets et de ta famille (et aussi de toi !!). Quand je travaillais encore, je lisais des romans plus légers pour me distraire sauf parfois en vacances mais sans jamais me forcer. Il y a tant à lire ! Bonne soirée
N
Bien, l'empire du soleil levant est dans votre champs de vision à toutes les deux aujourd'hui ( toi et Mimi) mais je ne sais si cela me conviendrait comme lecture. Surtout en ce moment, d'autant plus que ma liste s'allonge, s'allonge, les journées sont trop courtes chez moi. Je t'embrasse, ma doucette.
Répondre
M
On n'a pourtant pas du tout communiqué sur la question...un pur hasard, comme souvent avec Mimi ! Celui qu'elle a présenté m'a l'air bien plus abordable que le mien car c'est un policier ! Le mien est davantage une roman social... Moi aussi je manque de temps pour faire tout ce que je voudrais alors j'imagine sans peine que toi c'est pire. Bisous et une bonne soirée
M
Merci de nous avoir présenté ce livre d'un auteur que je n'ai jamais lu...Il semble difficile à aborder mais si je le trouve à la bibliothèque j'y jetterais un œil ;-)<br /> J'ai lu quelques écrivains japonais: Les années douces de Kawakami Hiromi; que j'ai beaucoup aimé, La ballade de l'impossible de Haruki Murakami et Tsubaki d'Aki Shimazaki que j'ai appréciés!<br /> Bonne soirée!<br /> Bisous<br /> Maryline
Répondre
M
C'est vrai que je suis plus tentée par des auteurs japonais que chinois que je trouve plus abordable et j'ai découvert les coréens au printemps dernier avec grand plaisir. <br /> Tu me donneras ton avis ! bonne soirée
M
Si je n'entre pas très vite dans un ouvrage j'arrête, je n'insiste plus... d'autant que mes yeux se fatiguent !<br /> Oui nous avons adoré tous ces villages perchés du Vaucluse, certains même en septembre étaient pris d'assaut au niveau du parking alors trop de montée à effectuer pour y accéder, mais nous en avons revisité avec grand plaisir, comme Bonnieux ou Lourmarin...
Répondre
M
Tu étais tout prêt de chez moi alors si tu es venue jusqu'à Lourmarin ! j'aime en particulier aller au marché le vendredi matin car c'est toujours très animé...mais je le fais de temps en temps seulement pour apprécier vraiment la balade. Tu as bien raison de te balader hors saison, cela permet d'avoir moins chaud et moins de monde quand même...<br /> Quant à la lecture, ne te fatigue pas les yeux il vaut mieux que tu lises en gros caractère ou que tu écoutes des livres audio. Bonne soirée
L
J'arrive à l'instant de chez Mimi, qui elle aussi, présente un livre qui se passe en Asie (à Tokio)<br /> et je lui disais que je ne lisais pas les romans d'Asiatique, je n'arrivais à me projeter dans l'histoire tant ils sont différents de nous, de moi.<br /> J'avais lu (il y a très longtemps) un livre qui se passait en Asie et je n'avais pas aimé,<br /> j'étais peut être trop jeune pour comprendre.<br /> Et bien tout cela pour te dire que je suis décidée de remédier à ce manque.<br /> Je note donc ton livre sur ma longue liste.<br /> Je viens de finir "l'amie prodigieuse" j'ai adoré et je suis tellement entrée dans les personnages que je n'arrive pas à en sortir.<br /> Jeudi je vais en ville et je prendrai la suite.<br /> Passe une belle semaine<br /> Je t'embrasse très fort.<br /> Maryse
Répondre
M
Super alors je regarde ton article dès que je rentre parce que cet après-midi je vais chez une copine...Nous avions prévu une balade mais je crois que vue la pluie ce sera thé et papotage :) Bises
L
Merci de ton conseil pour l'auteur "Ma Jian"<br /> c'est très gentil.<br /> Pour en revenir à l'amie prodigieuse, moi aussi je me suis souvent reconnue.<br /> Je n'étais pourtant pas non plus dans un quartier Napolitain.<br /> Je suis en train d'écrire un épisode de la vie "en ce temps"<br /> je ne sais pas quand je le finirai car en ce moment nous avons des travaux chez nous.<br /> heureusement j'ai 2 messages de programmés dont un va paraître dans l'après midi.<br /> Bisous<br /> Maryse
M
Cela me fait plaisir que tu aies aimé l'amie prodigieuse. Les personnages et leur vie sont très proches de ce que l'on a connu durant notre enfance même si je n'ai pas vécu dans un quartier pauvre napolitain au milieu de la mafia :) <br /> Ce roman chinois n'est peut-être pas le premier par lequel tu dois commencer. Il est assez dur ! Il faut peut-être mieux que tu lises Ma Jian par exemple qui est un auteur plus abordable et très poétique. <br /> Bisous Maryse et un bel après-midi (ici chez nous il pleut des cordes à l'instant)
C
Merci Manou, mais je crois que je le trouverais trop difficile à lire (émotivement et autres). Bises et bonne semaine !
Répondre
M
Ce n'est pas trop le moment en effet que tu lises cette histoire, bien que le grand-père soit un des personnages parmi les plus sympathiques du roman. Bises et une belle journée
M
J'ai lu quelques romans chinois et c'est vrai que j'ai, parfois, bien du mal, avec l'écriture souvent crue de leur auteur ainsi que les relations inter-generationnelles. C'est tellement étrange ! Alors, ce n'est peut-être pas un livre que je lirai immédiatement mais à l'occasion pour continuer mon apprentissage de cette littérature. Merci Manou !
Répondre
M
C'est ce que j'ai voulu faire aussi. J'aime bien changer d'auteurs et d'ambiance...une façon de voyager en terres inconnues et qui risquent de le rester ! Bises et bonne journée
D
un roman que je ne vais pas lire, merci pour ton ressenti<br /> très belle journée, bises<br /> danièle
Répondre
M
Je comprends mais tu me connais maintenant un peu plus, je ne peux pas m'en empêcher par simple curiosité ! Bises et une superbe journée