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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

Petit éloge de la lecture / Pef

Gallimard Folio, 2015

Gallimard Folio, 2015

Si tu as besoin de neige au printemps, ouvre un livre. Si tu as besoin de printemps au printemps, ouvre la fenêtre.

 

C'était en juin dernier déjà, rappelez-vous...juste quelques jours avant l'été qu'une merveilleuse aminaute m'avait fait une surprise énorme en m'offrant ce petit livre. Vous trouverez tous les détails racontés sur ce blog ICI.

Comme vous le devinez, j'ai pris tout mon temps pour le savourer et vous en parler.

 

La quatrième de couverture nous dit...

"Peut-on voyager à dos de baleine ?

Quel est le meilleur remède contre l'insomnie : la lecture parcours ou la lecture par coeur ?

Est-il possible qu'un rossignol de trois mètres de long offre un peu de lecture à notre oreille ?

Que retenir de notre passage dans une «biblioville» ?

Et que vient faire "L'Homme au casque d'or" de Rembrandt dans ce "Petit éloge de la lecture" ? 

De nos pieds jusqu'au ciel étoilé, tout est lecture. Pef nous entraîne dans un voyage sans autre destination que celle du plaisir de lire."

 

Comme vous le voyez, c'est tout un programme ! 

 

D'abord je voudrais préciser que ce petit essai sur la lecture n'est pas du tout un livre pour enfant (ou même ado) comme certaines personnes le présument mais un livre pour adulte et en particulier pour les adultes qui ont su garder leur âme d'enfant...

Rien ne vous empêche par contre d'en faire lire quelques  extraits choisis à votre ado ou bien d'en lire des passages aux plus jeunes. A vous de les sélectionner ! 

 

De plus, je tiens à préciser aussi, que ce n'est pas un essai pour vous convaincre de lire (bien que...) mais un essai qui vous en apprendra beaucoup sur l'auteur et ses rencontres littéraires, mais aussi sur vous-même et sur votre propre rencontre avec les livres et la lecture.

 

Ce que je vous promets, c'est qu'il vous fera rire, sourire ou rêver, qu'il  vous étonnera ou vous obligera à relire plusieurs fois la même phrase, en vous demandant si vous êtes brusquement devenus idiot(e)s _vu la chaleur de l'été cela pourrait arriver_ ou si c'est l'auteur qui vous embarque dans un ailleurs que vous ne maîtrisez plus...et qui vous oblige ainsi à lâcher prise et à vous laisser (em)porter.

 

Truffées d'anecdotes truculentes, il vous fera  surtout voyager avec quelques haltes par-ci par-là, de la poésie aux grand classiques, en passant par des auteurs jeunesse ou adulte, connus ou moins connus...Antonin Artaud, Jules Verne, Jérôme K. Jérôme, James Oliver Curwood, Charles Baudelaire, Umberto Eco, Franz Kafka se côtoient dans ces pages... ce qui ne manquera pas de vous donner envie de les noter_sur une très grande feuille de papier_ pour les (re)découvrir plus tard !

 

Le Pef que l'on connaît en lecture jeunesse, plein d'humour et de poésie, ressort au fil des pages, souvent au détour d'une phrase.

 

Rien à lire. Pas de graffito gribouillé par quelques traces de vie. Pas la moindre arabesque dessinée par un doigt ni d'hiéroglyphe à déchiffrer.
Rien. Les seuls mot en ma possession sont ceux écrits au dos de mon billet panoramique : le règlement des chemins de fer canadiens. Texte son signé, imprimé à des millions d'exemplaires, d'un prix variable, que personne d'autre que moi ne peut se vanter d'avoir lu dans son intégralité...
(...)
"Pour votre fortin, si vous n'avez pas de bille valable, nous vous conseillons de gueuler aux points d'habits. A bord votre régularisation peut tuer".

Content d'avoir tondu le règlement, décapité, amputé et détourné les mots extraits d'un pensum juridique...

 

On croise aussi sur sa route, les lectures qu'il a aimées mais pas que...car il ne nous parle pas uniquement de livres, il nous parle de lecture en général, de lecture vivante car intégrée dans notre vie de tous les jours, ce qui correspond exactement à ce que j'ai essayé de mettre en place avec tous les jeunes (et moins jeunes) que j'ai pu côtoyer dans mon métier.

 

Pef nous parle par exemple de "l'homme au casque d'or", une oeuvre bien connue de Rembrandt qu'il aime particulièrement à tel point qu'il a l'impression qu'elle lui appartient et a été peinte pour lui. 

 

L'homme peint par Rembrandt avait raison. Alexandrins ou pas, la lecture mène à l'amour.

 

Que ceux qui n'ont jamais pensé que tel poème, tel tableau ou tel roman avait été écrit uniquement pour eux, se lèvent ! 

 

Nous retrouvons aussi des lectures de notre enfance ou de notre adolescence et il nous donne envie de les relire car nous en avons oublié les détails, tant elles sont restées enfouies depuis tout ce temps en nous. 

Il nous invite à penser aux livres voyageurs que nous avons prêtés et qui ne sont jamais revenus et nous manquent parfois à présent.

 

Il sera là, ce livre qui ouvre la saison vacancière. Son titre : "Voyage à dos de baleine". En mon jeune âge, je me fiche bien de savoir qui en est l'auteur et, qui plus est, l'éditeur. Je le saisis et le feuillette boulimiquement. Les gravures qui l'illustrent sont autant d'incitations à la lecture. Elles surgissent en signe comblé de reconnaissance. Je n'ai encore aucune notion du nom de Jules Verne, de son univers de tour du monde ou de course à la Lune...

 

Mais il nous invite aussi à penser à d'autres modes de lecture...le ciel est un bel exemple pour qui sait prendre le temps de l'observer mais aussi les vieilles cartes postales comme celles que je viens de trouver dans une vieille boîte à chaussures au fin fond d'un des placards de ma mère...

Tout, absolument tout ce qui nous entoure, est propice à la lecture.

 

 

 

Marcher pieds nus. Sentir l'écorce terrestre. Lui laisser la chance de m'accorder par la caresse inépuisable des promenades une possible mais improbable réciproque. Les orteils en deux groupes de cinq éclaireurs, le premier précédant l'autre de peu, vite relayé par le second, font la course pas à pas, battant l'herbe rase devenue pampa, évitant de peu le marécage d'une flaque, la poussière, le sable ou les brûlures du goudron estival.
(...)
Fouler le sol a toujours été pour moi un jeu de parcours cartographié, la recherche de signes appropriés à une autre lecture, celle du paysage.

 

J'avais commencé à dresser la liste de toutes ces oeuvres lues durant ma jeunesse, ainsi que celles dont il nous propose la découverte lorsque je me suis aperçue qu'à la fin du livre, il y avait non seulement la liste des auteurs par ordre de leur apparition, mais aussi la liste complète des oeuvres citées ! 

 

C'est ainsi que j'ai découvert que dans sa grande bonté, Pef nous donnait en page 136, le conseil d'utilisation de son livre suivant ...

Prenez en main ce petit livre. Courbez-le comme un arbre sous le vent imaginaire né de votre pouce. Ventilées, ses pages prennent le grand galop. Votre œil abusé ne peut retenir le cheminement des mots mués en un nuage strié, dilués dans le blanc du papier et le noir des lettres. Le gris vous grise mais, au moindre arrêt, la lecture s'impose avec conviction et renaît la lenteur paisible d'un trésor à partager.

 

Moi-même je me permets aussi de vous donner un conseil : Ne lisez pas ce livre d'une traite, mais de manière discontinue et en papillonnant d'un chapitre à l'autre. Le ton est soutenu et les propos d'une telle densité qu'il ne peut se prêter aisément à une lecture continue : vous ne manqueriez pas d'y rechercher un fil directeur et comme dans un labyrinthe, vous vous y perdriez tout en vous éloignant des intentions de l'auteur...

 

C'est donc une lecture qui nous renvoie vers nos propres expériences de lecture et de lecteur et nous invite à nous y enfouir, mais aussi nous y perdre, comme on se perdrait dans nos souvenirs, pour mieux y porter un regard empli de poésie et de couleurs comme Pef le fait lui-même pour les siennes...histoire de ne pas oublier notre regard d'enfant. 

La lecture est eau, elle file entre les doigts de la mémoire...

 

Qui est Pef ?

 

Pierre Elie Ferrier, dit Pef, est né le 20 mai 1939. Il passe son enfance sous la bienveillance de sa mère, maîtresse d'école. Il a pratiqué les métiers les plus variés : journaliste, essayeur de voitures de course ou responsable de la vente de parfums pour dames.

À trente-huit ans et deux enfants, il dédie son premier livre, "Moi, ma grand-mère", à la sienne, qui se demande si son petit-fils sera sérieux un jour. En 1980, il invente le personnage du prince de Motordu.

Lorsqu'il veut raconter ses histoires, Pef utilise deux plumes : l'une écrit et l'autre dessine. La première dérape à la moindre occasion et la seconde la suit les yeux fermés. Sa femme Geneviève met en couleurs la plupart de ses livres.

Chaque matin du 36 du mois, c'est-à-dire tous les deux ou trois jours de son propre calendrier, Pef court sur les chemins de sa campagne, discute avec les alouettes et les crottes de lapin. Ses meilleurs amis sont le vent, les nuages et trois petites étoiles qu'il est le seul à connaître.

Pef a déjà signé plus de 150 ouvrages, graves, drôles, tendres ou désopilants...

"La belle lisse poire du prince de Motordu", publié en 1980, est son plus beau succès, vendu à plus d'un million d'exemplaires. Une fabuleuse reconnaissance qui l'amène à collaborer régulièrement avec des institutrices et des orthophonistes, à sa plus grande joie!

«Le prince de Motordu sera présent surtout par sa façon de parler. Il a inventé une langue, aux enfants de se l'approprier».

 

Pef a obtenu pour l'ensemble de son œuvre :

- le grand prix spécial Sorcières,

- le prix Humour Loisirs-Jeunes,

- le prix d'illustration de la ville de Bari (Italie).

 

(source : site Gallimard)

 

 

Pef à "La grande librairie", un phénomène à revoir si vous l'avez raté !

J'ai une chance : je dessine. Cela me donne une grande capacité à "photographier" les mots. Je vois tout de suite le parti que je peux en tirer. Parler en jeux de mots, c'est une gymnastique… pas une déficience mentale, hein!

.

Pef, interview dans "Ouest France"

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É
Bonjour Manou. J'ai lu le Prince de Motordu avec mes enfants mais je serais incapable de citer un de ses ouvrages... Il faudra que je lise ce livre. Bisous
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M
Dans ce livre, il parle surtout des livres qu'il a aimé en tant que lecteur et de sa façon pleine de poésie d'appréhender le monde...Bisous et belle soirée
D
Plein de réflexions à grapiller dans ce livre pour notre plus grand bonheur ! Et j'adore toujours les droits imprescriptibles du lecteur qu'il a trouvé !
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M
D'ailleurs tu vois moi aussi, puisque ses droits je les ai mis sur mon blog et je les ai toujours affiché (en grand) dans mon CDI, quand je travaillais...ce qui me donnait l'occasion d'expliquer ce qu'était "le droit au bovarysme" :) De plus j'insistais toujours sur le droit que l'on avait de "ne pas finir un livre", droit que je ne m'octroie moi-même que bien rarement mais j'y travaille !
N
Qui n'a pas été fasciné par cet auteur désopilant qui cache une grande pudeur. J'ai adoré "Le prince de Montordu" qui restera longtemps dans les annales. Gros bisous, ma chère Manou et merveilleux après-midi
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M
Qu'est-ce que j'ai pu raconté ses livres non seulement dans mon métier mais aussi à mes enfants...et maintenant on continue ! Comme Pour Roald Dahl, je crois que les histoires de Pef vont traverser les générations...Bises et bonne journée. Je viens te voir dès que possible.
M
Je note ce livre, étant donné que j'ai gardé mon âme d'enfant.... et que je lis beaucoup. La belle lisse poire du prince de Motordu était un des livres préférés de ma fille quand elle était petite....<br /> J'ai lu: En attendant Bojangles et j'ai beaucoup aimé.... sourires et larmes...<br /> Bisous<br /> Maryline
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M
Merci de ton témoignage...oui je savais qu'il te plairait car je vois bien que tu es quelqu'un de sensible et une grande lectrice à ton imagination débordante et à tes adorables petits personnages...J'ai d'ailleurs montré ton blog à ma petite fille ce week-end ! Bises
M
Une petite mais intense lecture ! C'est un livre que j'ai beaucoup aimé, d'une grande richesse et qui nous dit que "tout est lecture" . De plus, monsieur Pef est quelqu'un de très érudit sous des dehors passe-partout. Je crois qu'il se cache dans ses mots par pudeur... Bisous Manou
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M
Oui je suis bien d'accord avec toi je le trouve aussi très pudique ! C'est pour cela que j'ai tenu à mettre la video de son passage à "la grande librairie". Quant au principe que "tout est lecture" j'ai beaucoup travaillé là-dessus quand j'étais bibliothécaire et aussi lorsque je travaillais en lycée pro, afin de montrer aux jeunes tout ce qu'ils avaient lu d'une part dans la journée et tout ce qu'ils avaient aussi interprété même en regardant une video. Cela suffisait pour les rassurer et leur redonner confiance. Bisous Mimi et merci encore pour ce moment de ecture.
F
"Le Prince de Motordu" je l'ai offert à mon petit fils en livre "Pop-up" un bijou fragile mais on le lit ensemble. J'aime la citation , il y a toujours une bonne raison pour ouvrir un livre. Bonne journée
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M
"Le prince de Motordu" est hilarant et indémodable dès que les enfants comprennent les jeux de mots. Une façon de jouer ensemble avec notre langue qui a enchanté mes enfants comme maintenant mes petits enfants. A l'époque, lorsque j'étais bibliothécaire, il existait en livre géant et les enfants étaient fascinés par les illustrations et par l'histoire lorsque je le racontais. Bonne fin de journée et merci de tes gentils messages