Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Ils étaient partis en chahutant dans l’escalier. […] J’avais appris qu’ils faisaient encore les pitres dans la voiture, au moment où le camion les avait percutés. Je m’étais dit qu’ils étaient morts en riant. Je m’étais dit que j’aurais voulu être avec eux.
Depuis un an que Diane a perdu son mari et Clara, sa petite fille âgée à peine de 6 ans dans un terrible accident de voiture, elle n'arrive pas à faire son deuil.
Mais peut-on un jour faire son deuil d'une telle perte...
Elle ne travaille plus et se laisse aller à tous points de vue ce qui ne manque pas d'inquiéter ses proches et Félix, son meilleur ami et associé, qui gère (mal) à sa place son café littéraire parisien, "Les gens heureux lisent et boivent du café".
D'ailleurs, Félix lui propose de faire un break et de quitter Paris et son appartement dans lequel elle n'a touché à rien...
Mais au lieu de partir avec lui, elle décide de louer un cottage en Irlande, pour une durée indéterminée, un pays où Colin, son mari, rêvait d'aller. Elle a décidé de s'en sortir toute seule et refuse l'aide de ses proches.
Mais où aller ?
Pour choisir, elle pose son index au hasard sur la carte d'Irlande et c'est le petit village côtier de Mulranny qui est tiré au sort.
Peut-être que de quitter tout ce qui lui rappelle sa vie d'avant va l'aider dans son deuil et adoucir sa peine ?
Mais arrivée là-bas, malgré la distance qui la sépare de Paris, l'accueil chaleureux du couple de propriétaire, les paysages fabuleux et la plage proche, c'est beaucoup plus difficile que prévu...elle passe par différents ressentis contradictoires, parfois euphorique, parfois au bord du gouffre, ou en colère contre la terre entière.
Elle va néanmoins faire la connaissance d'Edward, son ténébreux voisin et neveu des propriétaires, un photographe solitaire, meurtri aussi par la vie mais avec lequel elle va entretenir des relations houleuses, c'est le moins qu'on puisse dire...
Peu à peu cependant, leur relation va s'améliorer et ils vont finir par s'apprécier...mais il faudra du temps pour rétablir une certaine forme de confiance, du temps pour s'apprivoiser. Il y a encore trop d'incertitude, d'incompréhension, surtout lorqu'on a beaucoup souffert.
Le temps l'aidera-t-il à panser ses blessures ?
L'exil et la solitude seront-ils un remède à sa souffrance ?
J'avais tenu une semaine sans sortir du cottage...Il m'avait fallu tout ce temps pour ranger mes affaires. C'était difficile de me sentir chez moi, rien ne me rappelait ma vie d'avant. La nuit n'était pas éclairée par les lampadaires, ni animée par les bruits citadins. Lorsque le vent faiblissait, le silence en devenait oppressant...
Ce livre était depuis longtemps dans ma LAL car le titre m'attirait vraiment. Je n'avais lu aucune critique (ce que j'ai fait depuis) et donc, je m'attendais à une histoire davantage tournée vers les livres. Or de livres, ici il n'en est pas vraiment question, à part pour les mettre dans une valise et les emporter avec soi !
Le début est prometteur et touchant. Le lecteur ne peut qu'être attendri par cette jeune femme tout juste trentenaire qui a vu sa vie s'effondrer.
Les différentes étapes du deuil sont très bien décrites et l'auteur montre bien que chaque être humain meurtri est libre de s'en sortir comme il veut (et surtout comme il peut), car je pense qu'il n'y a pas une recette infaillible (on le saurait) pour se sortir d'un drame pareil.
C'est le cas de Diane. Elle choisit l'exil et la fuite loin de ses proches, tout simplement parce que, à quelque part, ils l'étouffent avec leur sollicitude, leurs regards et leurs conseils. C'est son droit.
C'est vrai que dans la première partie du roman,le lecteur ne peut qu'être touché par cette jeune femme, chanceuse parce qu'elle n'a pas besoin d'argent, mais à qui la vie n'a pas fait de cadeau.
A aucun moment pourtant, le lecteur ne se permet de la juger : quelle soit en colère, quelle fume et boive beaucoup trop, qu'elle rejette ses proches qui l'aiment, qu'elle n'ait pas pu mettre les pieds au cimetière depuis un an, ni ranger les affaires de sa petite fille...tout cela nous touche et nous paraît normal dans son cas.
J'ai cependant moins aimé la seconde partie car j'ai eu l'impression que Diane se transformait un peu trop vite en une autre personne, coléreuse et davantage extravertie. Il y a dans cette partie beaucoup trop de clichés et de maladresses...mais heureusement il y a aussi du positif, car là encore l'auteur nous montre que rien n'est simple et qu'il a des moments dans la vie où, lorsqu'on a un deuil à faire, ou bien c'est trop tôt ou bien trop tard...
A la fin du roman que je ne vous raconterai pas, Diane en tous les cas, commencera à panser ses plaies et découvrira où est sa véritable place.
C'est un roman qui a fait coulé beaucoup d'encre...et qui a reçu beaucoup d'hommage mais aussi beaucoup de critiques (que j'ai lu depuis évidemment).
Il est facile à lire car très court et plein de dialogues mais n'est pas pour autant un roman superficiel comme certains ont pu le dire.
Malgré la gravité du sujet de départ, c'est un roman plutôt léger c'est vrai, et étayé d'humour, ce qui peut surprendre mais aussi en faciliter la lecture par ceux qui n'aiment pas lire des histoires trop tristes.
Il ne s'agit pas d'angoisser les jeunes femmes d'aujourd'hui inutilement et pourtant je suis sûre qu'elles n'auront aucun mal à s'identifier à Diane.
Ce roman nous parle tout simplement d'une reconstruction, avec ses hauts et ses bas, ses tourments et ses joies même fugaces, passage obligé pour se sentir vivre et faire à nouveau confiance à l'avenir.
Un film est en préparation à partir de l'histoire de Diane et l'auteur a écrit une suite qui vient de paraître en juin dernier.
Je vous laisse donc vous faire votre propre opinion sur cette lecture.
Pour la petite histoire ce roman, d'abord publié à compte d'auteur, et diffusé uniquement par e-librairies a connu le succès grâce au bouche-à-oreille. Repris par Michel Lafon, c'est un véritable phénomène d'édition...
Je devais trouver une technique pour éviter de me faire tremper à chaque fois que je sortais prendre l'air. Aujourd'hui, je m'étais encore fait avoir. Première décision, renoncer au parapluie, totalement inutile, puisque j'en avais cassé quatre en quatre jours. Deuxième décision, ne plus me fier aux rayons du soleil;, qui disparaissaient aussi vite qu'ils arrivaient. Troisième et dernière décision, me préparer pour sortir lorsqu'il pleuvait, car le temps d'enfiler mes bottes, trois pulls, mon manteau et une écharpe, l'averse pouvait passer, et je réduirais ainsi le risque d'être mouillée.