Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Par manou
On m'avait prévenue : il ne fallait pas commencer par celui-là pour une première lecture d'Alain Mabanckou. Il valait mieux lire d'abord "Mémoires d'un porc épic" (Prix Renaudot 2006) ou encore "Cassé" (2005).
Mais bon, je veux toujours me faire ma propre opinion sur les choses sans tenir compte de l'avis des autres, alors lorsque j'ai trouvé "Petit Piment" sur la table des nouveautés de la Médiathèque : je n'ai pas pu résister.
L'histoire
"Petit Piment" est un jeune orphelin de Pointe Noire. Celui qu'on a baptisé "Tokumisa Nzambe po Mose yamoyindo abotami namboka ya Bakoko", ce qui signifie en lingala "Rendons grâce à Dieu, le Moïse noir est né sur la terre des ancêtres" mais que ses camarades d'orphelinat, appellent tout simplement Moïse, grandit à Loango, au Congo dans les années 60.
L'orphelinat, dirigé par Dieudonné Ngoulmoumako, est une institution catholique.
Petit Piment est malmené par ses camarades. Il subit comme les autres enfants l'autorité abusive du directeur et la violence des surveillants qui n'hésitent pas à battre les enfants au fouet.
Seul Papa Moupelo, le prêtre qui vient chaque semaine apprendre aux enfants des chants et des danses et, Sabine Niangui, qui les soigne quand ils sont malades apportent un peu de baume au coeur des enfants.
Petit Piment a tout de même un ami, c'est Bonaventure. Pour le défendre, il se fait deux ennemis parmi les grands en leur mettant du piment dans la nourriture ce qui va les rendre très très malades et qui vaudra à "Petit Piment" une certaine notoriété et son surnom. Ce sont les terribles et violents jumeaux Songi-Songi et Tala-Tala.
Mais le vent tourne Dieudonné Ngoulmoumako est un être corrompu. Il fait renvoyé papa Moupelo et laisse Sabine Niangui partir "à la retraite". Puis il se range du côté de la révolution socialiste et ne jure plus que par elle...De plus il compte bien appliquer les nouvelles règles en matière d'éducation des enfants et devient de plus en plus autoritaire. Les enfants souffrent.
Un jour, Petit Piment s'enfuit de l'orphelinat, avec l'aide des jumeaux dont il s'est fait des alliés, abandonnant Bonaventure qui ne veut pas se joindre à eux. Aidés par des gardiens qui se révoltent, les ados rejoignent Pointe-Noire.
Là-bas Petit Piment va d'abord découvrir les difficultés de la survie dans la rue et l'injustice sociale. Il s'adonne avec son clan à toutes sortes de petits larcins pour pouvoir survivre, manger et résister à la violence entre clans.
Il va trouver refuge chez Maman Fiat 500, une maquerelle qui supervise une maison close. Il va se sentir protégé dans cette petite communauté, entouré des "filles" souriantes et chaleureuses. Elle va s'occuper de lui comme une mère, lui trouver du travail, l'inciter à devenir autonome en lui confiant les clés de son petit cabanon où Petit Piment va s'installer...
Mais un jour le maire de Pointe-Noire décide, après avoir nettoyé les rues, de nettoyer les maisons closes de la ville. Lorsque Petit Piment revient "chez lui", la maison de Maman Fiat 500 a été rasée et rien ne reste plus de sa vie passée.
Petit Piment se retranche dans son petit cabanon, abandonne définitivement son travail sur le port et se laisse aller à la boisson... jusqu'à la folie.
Ce roman d'Alain Mabanckou est une véritable découverte pour moi.
Son style est très vivant et plein d'humour. Il nous immerge dès le premier chapitre au coeur de son pays, le Congo.
L'auteur nous décrit de façon très imagée toute une série de personnages hauts en couleur, les croyances de son pays et de nombreuses anecdotes amusantes...
Mais il nous donne à voir sans concession la corruption de son pays dans les années 60 et les divisions internes entre les différentes ethnies.
Alors que j'ai beaucoup aimé les 2/3 du roman, la fin m'a lassée.
La période très longue où "Petit Piment" tombe dans la folie puis les instants où il tente de se soigner, m'ont éloigné de lui.
Je me suis forcée à terminer ce roman dont le début m'avait enchanté...
La dédicace nous invite à comprendre le but de l'auteur en écrivant ce livre sur son pays :
"En hommage à ces errants de la Côte sauvage qui, pendant mon séjour à Pointe-Noire, me racontèrent quelques tranches de leur vie, et surtout à “Petit Piment” qui tenait à être un personnage de fiction parce qu’il en avait assez d’en être un dans la vie réelle..."
L'auteur s'est, certes, inspiré d'un enfant des rues, réellement rencontré lors de son séjour à Pointe-Noire... Néanmoins, l'histoire de cet enfant orphelin, délaissé par la société et obligé de se débrouiller seul, ou presque, a une portée universelle.
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