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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

La gloire de mon père / Marcel Pagnol

La gloire de mon père / Marcel Pagnol

On fête cette année en Provence les 120 ans de la naissance de Marcel Pagnol : c'est l'occasion de relire ses célèbres "Souvenirs d'enfance" et de partager ces lectures en famille.

Un pur délice à déguster sur la chaise longue en écoutant les cigales.

Ambiance impossible à décrire !

 

Écrit au milieu des années 50, alors que Marcel Pagnol s'était éloigné du théâtre, ce premier tome paru en 1957, a été aussitôt salué par les critiques.

 

Jean-Louis Chiabrando dans son essai intitulé "Ces acteurs qui ont fait Pagnol" explique comment Pagnol s'est retrouvé coincé par la femme d'un ami qui travaillait pour le Journal "Elle", à qui il avait promis d'écrire sur son enfance. Elle a bien fait de l'obliger à le faire et de publier les premiers chapitres dans son journal !

 

 

Dans "La gloire de mon père", Marcel Pagnol nous raconte les premiers souvenirs de sa toute petite enfance à Aubagne où son père a eu son premier poste d'instituteur et dont le petit Marcel ne gardera que peu de traces car, bien qu'il y soit né, il n'y a vécu que jusqu'à 3 ans.

 

Puis il nous décrit sa vie de petit écolier marseillais d'il y a un peu plus d'un siècle.

Lorsque son père était instituteur à Saint-Loup (maintenant un quartier de Marseille) leur appartement de fonction jouxtant la classe, sa mère le laissait souvent au milieu des autres écoliers, lorsqu'elle devait s'absenter.

Un jour, alors que son père écrit au tableau, il découvre, non sans fierté que le petit Marcel a appris à lire tout seul.

Mais sa mère pense qu'il va tomber malade et que son cerveau risque d'éclater et lui interdit l'entrée de la classe et la lecture jusqu'à ce qu'il ait 6 ans !

 

Puis son père est nommé à Marseille dans la plus grosse école communale...

 

L'auteur nous parle longuement de son cocon familial : de Joseph son père, son héros, instituteur profondément laïque ; de la timide Augustine, petite couturière toujours là pour lui et qu'il aime profondément ; de sa tante Rose, la soeur de sa mère qui l'aime de tout son coeur et le garde souvent ; puis de son oncle Jules.

On apprend comment Rose rencontra l'oncle Jules...

Les jeudis et parfois les dimanches, sa tante Rose l'emmènait au parc Borély (un grand parc bien connu des marseillais). Pour lui c'était une expédition et une aventure : le parc est grand, l'étang est rempli de canards.

Sa tante Rose y fait la connaissance du "directeur" ce qui permet à Marcel de bien s'amuser. Il s'avèrera que le directeur est en fait un vrai menteur, amoureux de la tante et qui deviendra l'oncle Jules (qui s'appelait en réalité Thomas mais je ne vais pas vous raconter pourquoi sa chère Rose l'a obligé à changer de nom lorsqu'elle l'a épousé...).

 

Il nous parle aussi de Paul et de leurs jeux, de la naissance de sa petite soeur Germaine dernière née de la famille...

 

Parce qu'Augustine est de santé fragile, l'oncle Jules et Joseph loue dans la campagne une maison au milieu de la garrigue, près du village de la Treille : la Bastide neuve, qui n'a de neuve que le nom mais de grandes chambres pour tous et une belle cheminée.

 

La recherche de meubles chez le brocanteur marseillais, leur rénovation, puis le déménagement le long des chemins de campagne donnent des chapitres à la fois drôles et émouvants. Le lecteur n'a aucun mal à imaginer la scène !

 

Ensuite bien sûr vient le récit des vacances passées là-bas, de la liberté, des senteurs de la garrigue et de la préparation de la première chasse à la bartavelle...qui fera la gloire de Joseph, son père (d'où le titre).

 

C'est une vraie, belle et authentique histoire d'enfance emplie de soleil, du chant des cigales et de ses mots en provençal qui ont bercé mon enfance sous le figuier du jardin...car cette enfance que Pagnol raconte est un peu celle de mes grands-parents.

 

 

 

Quelques phrases célèbres...

 

 "Je suis né dans la ville d'Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers"(p.11)

 

"Le plus remarquable, c'est que ces anticléricaux (= les instituteurs normaliens ndlr) avaient des âmes de missionnaires. Pour faire échec à "Monsieur le Curé", ils vivaient eux-même comme des saints et leur morale était aussi inflexible que celle des premiers puritains. M. l'inspecteur d'Académie était leur évêque, M. le Recteur, l'archevêque, et leur pape, c'était M. le ministre : on ne lui écrit que sur grand papier, avec des formules rituelles" (p. 20)

 

"Il était bien joli ce chemin de Provence. Il se promenait entre deux murailles de pierres cuites par le soleil, au bord desquelles se penchaient vers nous de larges feuilles de figuier, des buissons de clématites et des oliviers centenaires. Au pied des murs , une bordure d'herbes folles et de ronces, prouvait que le zèle du cantonnier était moins large que le chemin." (p.77)

 

"... j'avais compté sans la malice des choses.

Les chemins qu'on laisse derrière soi en profitent pour changer de visage. Le sentier qui partait sur la droite a changé d'idée : au retour, il s'en va vers la gauche...Il descendait par une pente douce : le voilà qui monte comme un remblai, et les arbres jouent aux quatre coins." (p. 183)

 

"Alors me revint en mémoire une phrase que mon père répétait souvent et qu'il m'avait fait copier plusieurs fois quand il me donnait des leçons d'écriture (cursive, ronde, bâtarde) : "Il n'est pas besoin d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer" (p.195)

 

"J'avais surpris mon cher surhomme en flagrant délit d'humanité : je sentis que je l'en aimais davantage" (p.217)

 

"Ce n’est pas de moi que je parle, mais de l’enfant que je ne suis plus."

1958 - Marcel Pagnol vous présente son livre "La Gloire de mon père"

Ce livre a fait l'objet d'un film d'Yves Robert  paru en 1990. Le scénariste réalisa en même temps l'adaptation de "la gloire de mon père" et du "Château de ma mère". les deux films sont sortis à quelques semaines d'écart.

 

Dans ces deux films :

- Joseph, le père de Marcel est interprété par Philippe Caubère.

- Augustine, sa mère, par Nathalie Roussel.

- Oncle Jules , par Didier Pain.

- La tante Rose, par Thérèse Liotard, rôle qui lui a valu le César de la meilleure actrice dans un second rôle.

- Marcel enfant est interprété par Julien Ciamara.

- Paul par Victorien Delamare.

- Le père de Lili des Bellons que Marcel rencontre au début du "Château de ma mère" mais que nous connaissons dès le premier tome, est interprété par Pierre Maguelon.

- Lili est interprété par Joris Molinas.

Des passages du texte de Pagnol sont prononcés en voix off par le comédien Jean-Pierre Darras.

 

En 1991, Vladimir Cosma a obtenu pour ce film le César de la meilleure musique et Agnès Négre, le César des meilleurs costumes.

Enfin, Philippe Uchan (qui joue le rôle de Bouzigue dans le "Château de ma mère") a obtenu  le César du meilleur espoir masculin.

 

La gloire de mon père / Marcel Pagnol

Comme le petit Marcel qui avait la passion des mots et les collectionnaient dans son petit carnet, laissons nous emporter par la magie de quelques mots appartenant au répertoire provençal...que d'ailleurs Pagnol, pour la plupart, explique dans le texte.

 

la larmeuse : c'est un petit lézard gris.

le pregadiou = la mante religieuse qu'on appelle aussi "prie-dieu".

le (la) pitchounet(te)= c'est le terme affectueux pour désigner le petit enfant.

la pile = c'est l'évier en pierre (parler typiquement marseillais).

la baouco = ce sont les herbes sauvages qui poussent dans la garrigue  et qui ont des tiges dures que seules les chèvres peuvent manger.

le pèbre d'aï = c'est le nom donné à une renouée sauvage inutilisable en cuisine. Pagnol parle je pense du "pebre d'âne" = la sarriette qui ressemble au thym par son utilisation culinaire.

le cabridan = sans doute Pagnol entendait ce nom-là quand ses parents parlaient du cabrian = le frelon. Comme tous les enfants ils transformaient certains mots.

Lire à ce sujet le chapitre p 114-116 où Pagnol retrace les vives discussions entre Jules et son père et où il est question des "radicots" et des "framassons"...

 

Enfin, vous trouverez une petite biographie de l'auteur sur mon blog ainsi que les titres de ses autres livres et de brefs résumés.

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