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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

Tchinguiz Aïtmatov (Petite biographie de l'auteur)

Tchinguiz Aïtmatov (Petite biographie de l'auteur)

Tchinguiz Aïtmatov (en russe : Чингиз Айтматов) est un écrivain kirghiz et soviétique considéré comme un des représentants parmi les plus prestigieux de la littérature soviétique.

 

 

De la jeunesse à l'âge adulte

 

Né le 10 décembre 1928 à Sheker (dans la province de Talas), en Union soviétique, où sa famille vit depuis sept générations, il est moitié Kirghize par son père et Tatar, par sa mère. Ses parents travaillent tous deux comme fonctionnaires.

 

En 1937, alors qu'il a à peine 9 ans, le père de Tchinguiz, Torokul, figure politique de premier plan, est accusé de "nationalisme bourgeois". Il est arrêté puis porté disparu.

Sa famille ne sait pas où il est : il a été fusillé comme "ennemi du peuple" lors des purges staliniennes.

 

On découvrira bien plus tard en 1991, grâce au témoignage d'une habitante de Chon Tash dont le père s'est confié sur son lit de mort, les corps de 137 hommes, tous responsables politiques, scientifiques et intellectuels, enterrés dans une fosse commune...tous victimes des purges staliniennes. 

 

Petit-fils de nomades, Tchinguiz va être élevé par sa grand-mère paternelle. Il intègre ainsi la vie et les traditions de la famille kirghize.

Sa grand -mère l'emmène avec elle à toutes les fêtes, aux mariages mais aussi aux enterrements.

Elle lui fait écouter des conteurs, des bardes et des chanteurs traditionnels sans savoir qu'un jour, son petit-fils deviendra un grand écrivain et décrira dans ses romans les légendes et les traditions kirghiz de son enfance.

 

Le jeune Tchinguiz travaille pendant toute la seconde guerre mondiale, dans les champs.

Dès 1943, il est chargé, en tant qu'assistant du secrétaire du soviet local, d'apporter aux familles de son village, les lettres annonçant la mort de leur proche au combat. Il restera assistant jusqu'en 1952.

 

Il occupe de nombreux emplois (peseur de coton, éleveur de bétail, batteur de blé, berger, collecteur d'impôts...) ce qui lui donne beaucoup d'expériences au contact des gens ordinaires, expérience dont il se servira dans ses oeuvres et qui ajoutera à la crédibilité de ses personnages.

 

En 1946, il étudit à l'école vétérinaire de Djamboul puis commence des études à l'Institut agricole, de Bichkek (anciennement nommée Frounze), capitale de l'actuel Kirghizstan.

 

En 1951, il se marie avec Keres Shamshobev, qui est médecin, avec qui il aura trois fils et une fille (puis le couple se séparera).

 

En 1952, il travaille à la ferme expérimentale de l'Institut de recherches scientifiques de Kirghizie où il devient spécialiste de l'élevage du bétail. Il y restera jusqu'en 1966.

 

Les débuts de la carrière littéraire

 

 

C'est cette année-là, en 1952, que commence réellement sa carrière littéraire. Ces écrits (romans ou nouvelles) racontent la vie simple et difficile de son village dans la jeune république socialiste.

 

Tchinguiz Aïtmatov va tout d'abord traduire des auteurs russes en kirghiz, quelques années à peine après qu’un alphabet ait été composé pour transcrire la langue de son peuple.

J'ai oublié de dire qu'il est bilingue !

 

Puis il va se mettre à écrire, directement dans sa langue maternelle. Il écrit en premier "Ak Jann" qui sera publié en 1954. Puis il écrit deux histoires courtes en russe : "Le journal de Boy Dzinio" et "Ashim", peu connues.

 

En 1956, il entre à l'Institut de littérature Maxime-Gorki de Moscou où il fait un stage et étudie la littérature jusqu'en 1958, année où il publie "Djamilia", son oeuvre la plus connue, qui le propulse au rang des grands écrivains.

Cette oeuvre sera très critiquée par ses ennemis. Elle sera jugée immorale. En effet, non seulement il était immoral pour une jeune femme de tomber amoureuse de quelqu'un d'autre, pendant que son mari se battait en Allemagne nazie, mais il était immoral d'en faire l'éloge...

 

 

Durant les huit années suivantes, il travaille comme journaliste, pour "la Pavda", la publication officielle du parti communiste qui sera dissoute en 1991 à l'arrivée au pouvoir de Boris Eltsine.

[Un autre journal portant le même nom, qui existe toujours aujourd'hui, sera ensuite créé : c'est actuellement le principal journal d'opposition à Poutine].

 

En 1959,  Tchinguiz Aïtmatov rejoint le Parti communiste.

 

En 1963, il reçoit le "prix Lénine de Littérature " pour son recueil de nouvelles intitulé : "Nouvelles des montagnes et des steppes".

A l'intérieur du recueil sont incluses les nouvelles : "Mon petit peuplier au fichu rouge" ; "L"oeil du chameau" ;  " le champ maternel" ainsi que, (je n'ai pas pu le vérifier ?)  "Djamilia" et "le premier maître"...

 

L'année suivante Tchinguiz Aïtmatov devient le premier secrétaire puis le président de l'Union Cinématographique de la Kirghizie. Il le restera jusqu'en 1985.

 

En 1965, Andrei Konchalovsky, jeune étudiant à l'Institut du cinéma de l'URSS, porte au cinéma "Le Premier Maître", film sélectionné au festival de Venise de 1965.

 

 

 

Ensuite Tchinguiz Aïtmatov se met à écrire uniquement en langue russe.


Il publie "Adieu Goulsary" qui obtient le Prix d'Etat de Littérature en 1966 et sera porté à l'écran par Sergueï Ouroussevski, en 1968. C'est la plus longue nouvelle de l'auteur écrite directement en russe.

Le Prix d'Etat, créé par Staline en 1939, s'appelait auparavant le "Prix Staline". Il récompensa au départ les opposants aux dictatures, puis les mérites exceptionnels dans le domaine culturel, scientifique, et littéraire...

 

A partir de 1967, Tchinguiz Aïtmatov devient membre du Conseil exécutif de l'Union des écrivains soviétiques.

 

Son livre, "Djamilia", est porté à l'écran par la réalisatrice russe Irina Poplavskaïa en 1969.

 

L'année suivante Tchinguiz Aïtmatov écrit "Il fut un blanc navire" (publié en 1972) qui sera adapté au cinéma par Bolotbek Chamchiev. Le film de 35 minutes sera présenté au Festival de Cannes en 1975. Il recevra de nombreuses distinctions dont le Grand Prix cinématographique de l'URSS à Bichkek en 1976, puis le Grand Prix du Festival international de Trente en 1977 et le Laceno d'argent au Festival International d'Avellino en 1977.
 

Tchinguiz Aïtmatov écrit ensuite "La Pomme rouge", puis en 1973, "L'Ascension du Mont Fuji". Tous deux seront portés à l'écran par les studios de cinéma Kirghizfilms en 1975 pour le premier et 1988 pour le second.

 

En 1978, Tchinguiz Aïtmatov reçoit le titre de Héros du travail socialiste, distinction récompensant l'ensemble de ses travaux.

 

La reconnaissance

 

 

Dans les années 1980, il est l'un des écrivains les plus reconnus d'Union soviétique. Il écrit de nombreux romans comme "Une Journée plus longue qu'un siècle" dans lequel il aborde le difficile thème de la répression et de la réhabilitation des dissidents, le rapport entre modernité et tradition, la préservation de l'environnement.

 

En 1981, il se remarie avec Maria Urmatov. La maison familiale est située à Bichkek, au Kirghizistan mais le calendrier exige qu'il vive une partie de l'année ailleurs.

 

Dans "Les Rêves de la louve" (le titre russe se traduit "Le Billot"), il évoque le trafic de drogue, le sacrifice de soi, l'existence de victimes expiatoires, le substrat religieux de la culture, thèmes tous tabous...

 

En 1983, il devient à nouveau lauréat du Prix d'Etat pour "Une Journée plus longue qu'un siècle".

 

Puis, de 1985 à sa mort, il sera président de l'Union des écrivains kirghiz.

 

Lui à qui on avait reproché son "pacifisme" va prendre une position très claire par rapport au stalinisme.

 

En mai 1987, il publie un violent réquisitoire contre Staline, dénonçant le mythe.

 

 

Il fait bâtir à Chon Tash, une petite commune près de Bichkek, la capitale du pays, un mémorial, "Ayat Beyit" (le cimetière de nos pères), dédié aux victimes du stalinisme, c'est là que son propre père est enterré aux côtés d'autres victimes des "purges staliniennes". Il sera d'ailleurs enterré lui aussi au même endroit.

 

Si vous voulez en savoir plus, rendez-vous sur le site où se trouve l'article "The secret of Chon Tash". Vous apprendrez comment les corps des 137 victimes de la Grande Purge stalinienne de 1938, parmi lesquelles le père de l'auteur, ont pu être mis à jour en 1991...

 

Portrait de l'auteur situé au mémorial  "Ayat Beyit" près de Bichkek où il est enterré aux côtés de son père

Portrait de l'auteur situé au mémorial "Ayat Beyit" près de Bichkek où il est enterré aux côtés de son père

Il devient rédacteur en chef de la "Revue Littéraire des Affaires étrangères de Moscou" à partir de 1988.

 

En 1989, il est à nouveau lauréat du Prix l'Etat pour le recueil  "Pie Chien courant le long du rivage".

 

L'engagement en politique

 

 

En 1990, il devient conseiller de Mikhaïl Gorbatchev qui vient d'arriver au pouvoir.

 

Dès l'indépendance du Kirghizstan en 1991, il devient un personnage dominant sur la scène politique. Il se rend en Europe et devient ambassadeur soviétique au Luxembourg, où il demeure jusqu'en 1994.

 

En 1994, il obtient le Prix autrichien de littérature européenne, prix international décerné chaque année en Autriche, à un écrivain européen.

 

De 2000 à 2008, il est ambassadeur de son pays, en résidence à Bruxelles, auprès de la Belgique, de la France, du Luxembourg et des Pays-Bas.

 

Il a été élu à l'Académie européenne des Sciences, des Arts et des Lettres à Paris. Cette académie, fondée en 1979, réunit les représentants de 33 académies nationales d'Europe, dont plusieurs sont des lauréats de Prix Nobel. Elle constitue une communauté d'experts de haut niveau. Son rôle est de soutenir la collaboration entre les nations dans le domaine de l'enseignement, des sciences et des arts...

 

Victime d'un malaise en Russie lors d'un tournage d'une adaptation cinématographique d'un de ses romans ("Une journée plus longue qu'un siècle"), il meurt à 79 ans dans un hôpital de Nuremberg (en Allemagne) le 10 juin 2008.

Il venait de déposer sa candidature pour le Prix Nobel de Littérature.

Le 14 juin, jour de son enterrement est décrété jour de deuil national par le président kirghize, Kourmanbek Bakiev.

 

 

L'hommage au grand écrivain

 

 

Après sa mort, le New York Times lui a rendu un fervant hommage en disant de lui qu'il était : "Un écrivain communiste dont les romans et pièces de théâtre avant l'effondrement de l'Union soviétique a donné une voix au peuple de la République soviétique de kirghize à distance".

 

Tchinguiz Aitmatov, dont les oeuvres ont été traduites dans le monde entier en plus de 170 langues différentes et vendus à plus de 60 millions d'exemplaires, a en effet largement contribué à faire connaître son peuple et ses coutumes

Ses oeuvres mettent en scène la vie quotidienne du peuple et des gens simples dans l'Asie centrale de l'époque soviétique, certes, mais nous questionnent aussi sur le sens de la vie, le destin de l'homme, l'obligation, à un moment donné de la vie, de faire des choix.

 

De nombreux ouvrages font référence à un mythe, un conte, une légende de son pays. Les animaux (chevaux, chameaux, loups, ... ) et la nature dans son ensemble sont prépondérants dans son oeuvre et apparaissent comme indispensables à la vie.

 

Même ses détracteurs qui soutiennent qu'il a été tout simplement au service du système communiste, ont reconnu la qualité de ses romans et sont respectueux des multiples distinctions dont il a été honnoré.

 

 

Petite bibliographie

 

 

 

(non exhaustive car de nombreux écrits n'ont jamais été traduits en français)

 

 

 

 

"Djamilia",(trad. Ana Dimitrieva, préf. Louis Aragon),
Paris, Gallimard, coll. "Folio" (n°3897),‎ 2010 (1re éd. 1958), 125 p. (
ISBN 978-2-07-042620-1)

 

 

"Nouvelles des montagnes et des steppes", 1963

 

"Mon petit peuplier" (1964)

 

"Le Premier Maître", 1964

1923 en Asie Centrale Sovietique. Diouchen, ancien soldat de l'Armée rouge s'installe dans un petit village dont il devient l'instituteur. Il explique sa mission, éduquer et apprendre à lire.  Mais personne ne veut l'aider. Il parvient à monter son école et les premières journées de classe sont difficiles. Il commet de nombreuses maladresses mais néanmoins les enfants continuent de venir presque tous les jours... Parmi eux deux élèves : Souvan, un garçon éveillé et intéressé par les études et Altynaï, une jeune fille convoitée par un seigneur local...
 

 

 

"Adieu Goulsary", 1968, éd. du Rocher, 2012

Tanabay est un fier Kazakh héros de guerre et loyal communiste qui fait pression en prenant une position comme un berger dans une ferme collective à l'ère stalinienne après la Seconde Guerre mondiale. La fierté et la joie de le collectif est un bel étalon nommé Gulsary. Après Gulsary gagne une course, le nouveau commissaire du collectif revendique le cheval bien-aimé et entêté, qui conduit à une bataille d'un testament. Tanabay et Gulsary sont tous deux punis et séparés de leur refus de se plier aux règles de l'ère stalinienne.

 

 

 

"Il fut un blanc navire", 1970 ; réédition Libretto, 2012.

À la limite du monde habité, dans les hautes montagnes de Kirghizie, un petit garçon vit seul parmi une poignée d'adultes où le seul être qui l'aime et le protège est son grand-père que nul ne respecte en dépit de son étrange sagesse. Le monde des grandes personnes demeure difficile, irrationnel et injuste. Contre lui, l'enfant se construit deux refuges en forme de légendes : l'une est un antique conte kirghiz, l'autre, entièrement de son cru, est l'histoire d'un blanc navire qu'il voit, du haut de sa montagne, traverser un lac lointain et sur lequel, un jour, il retrouvera son père...

 

 

"Souris bleue, donne-moi de l'eau" suivi de "Sultanmourat" . Récits, éd. Temps actuels, 1978 (épuisé mais peut se trouver d'occasion).

 

 

"Une journée plus longue qu'un siècle", traduit aussi parfois "LE JOUR DURE PLUS QUE CENT ANS" éd. Temps actuels, 1983 (épuisé mais peut se trouver encore d'occasion). Ce roman a été traduit dans le monde entier (y compris en chinois) et a obtenu en 1982 le Prix du meilleur livre étranger en Italie.

 

 

 

 

 

 

"Les Rêves de la louve", éd. Messidor collection Romans, 1987 (épuisé mais peut se trouver encore d'occasion).

 

 

 

"L'Oiseau migrateur face à face", 1989

 

"Povesti", 1998

 

"Le Petit nuage de Gengis Khan", Ed Globe 2001 (épuisé mais peut se trouver encore d'occasion).

 

"Tuer, ne pas tuer", Editions des Syrtes, 2005

 

Tchinguiz Aïtmatov (Petite biographie de l'auteur)

 

"Le Léopard des neiges", éd Le temps des cerises, 2008 (Indisponible)

Dernier roman de l'auteur...

 

Et peut-être, un inédit qui sera publié à titre posthume, roman inachevé et annoté retrouvé par sa famille, intitulé "La terre et la flûte".

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