Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Dans la famille de Mei, les filles ne peuvent pas poursuivre des études. Seul son frère a pu aller à l'Université. Pourtant l'institutrice a essayé de parler à ses parents.
Il a donc fallu que Mei, comme la plupart des jeunes filles des campagnes, se rende à la ville, dans l'espoir de trouver un travail et d'envoyer de l'argent à sa famille.
Finalement, elle travaille dans une usine de textiles où elle mange et dort avec ses compagnes d'atelier.
A chaque nouvelle commande, c'est le stress car il faut travailler sans relâche pour parvenir à finaliser les chemises, pantalons, ou autres vêtements pour les occidentaux. Parfois le temps de repas est raccourci et il faut travailler la nuit.
Le patron lance de nouveaux slogans en forme d'horoscope, pour stimuler l'ardeur des "petites mains"
Elle rêve à une autre vie...à l'amour. Elle a toujours été différente des autres filles et a du mal à accepter ses conditions de vie actuelles.
Sa grand-mère lui a appris à lire et à aimer les livres. Elle lui a d'ailleurs confié un roman que Mei lit et relit sans cesse et qu'elle raconte à ses camarades de dortoir le soir, quand elle n’est pas trop fatiguée.
Un jour, parce qu'elle a participé à une rebellion, et qu'elle a répondu au contremaître, elle est sévèrement punie par le directeur de l'usine : elle ne reçoit pas sa paie du mois.
Sans paie, pas de voyage possible pour fêter le jour de l'an avec sa famille, ni de cadeaux à apporter aux siens qu'elle n'a pas revu depuis deux ans.
Alors elle reste seule au dortoir pour quatre longs jours.
Mais Cheng, le nouveau contremaître qui est orphelin est resté aussi : il a été chargé de surveiller l'usine. Les deux jeunes gens se rapprochent...apprivoisent leur liberté nouvelle, se promènent dans les rues et s'ennivrent d'amour pour quelques heures volées au système.
Mais est-il possible de poursuivre une telle relation sans se mettre en danger et perdre son emploi ? Est-il possible d'échapper à son destin ?
Mon avis
C'est un roman révoltant qui met en parallèle les rêves d'une jeune chinoise et les besoins de la mondialisation qui l'oblige, à 17 ans à peine, à dormir sur son lieu de travail, manger debout et sans plaisir et travailler à des cadences inhumaines sous le contrôle ininterrompu d'un contremaître qui ne tolère aucun débordement.
Mei est une jeune fille fougueuse, rêveuse et débordante de vie. Elle nous décrit ses premiers émois, ses doutes et ses espoirs.
Le lecteur est conquis et se prend à vouloir même la protéger...Et si Cheng la manipulait, profitait de son statut de contremaître, de la faiblesse et de la naïveté de Mei.
C'est une très belle histoire, à la fois cruelle, pleine de sensibilité et réaliste, très bien écrite. Les phrases sont courtes et très poétiques. Les passages parlant de l'amour et de la sensualité sont très beaux et capteront l'attention des ados.
L'auteur est connue, car spécialiste de la littérature jeunesse. Elle a écrit de nombreux ouvrages de référence, mais c'est son premier roman.
La couverture de l'édition d'origine chez Buchet-Chastel est magnifique : Il s'agit du tableau intitulé "Female Nude", un tableau de Lin Feng-mien, un des plus grand peintres contemporains chinois, comme l'indique la 4ème de couverture.
Ce roman est désormais disponible en poche depuis l'automne dernier (je ne connais pas l'auteur de l'illustration de couverture de cette édition que vous pouvez voir ci-dessous).
Je conseille sa lecture à tous les ados mais aussi aux adultes...et je conseille aux enseignants de français de le faire connaître à leurs élèves dès la 4°, car, à mon avis, ce roman ne manquera pas de susciter de nombreux débats.