Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Encore un auteur que je ne connaissais pas et que je viens de découvrir dans les rayons d'une bibliothèque.
Julia Deck est née en 1974. Son père est artiste plasticien, sa mère, d'origine britannique est traductrice. Elle a fait des études de lettres et de nombreux boulots dans l'édition en particulier pendant son année passée à New York. Depuis 2005 elle se consacre à l'écriture après avoir été chargée de communication dans plusieurs groupes (dont Nestlé, Total...).
Dans son nouveau roman "Le triangle d'hiver", l'auteur met en scène une jeune femme fantasque et fabulatrice, incapable de s'insérer dans la société et qui n'a surtout pas envie de travailler mais a d'autres solutions pour s'en sortir malgré tout.
Celle que le narrateur appellera "Mademoiselle" ou "elle" et dont on ne saura rien, celle qui se fera appeler Bérénice Beaurivage, est une trentenaire solitaire, à la recherche d'elle-même qui vit de petits boulots (elle a été vendeuse) jusqu'à ce qu'insatisfaite, elle décide d'en changer à nouveau sous n'importe quel prétexte.
Le roman démarre sur un dialogue très réaliste et non dénué d'humour avec la conseillère du Pôle emploi !
Bérénice Beaurivage... Ce nom d'emprunt lui a plu tout de suite, il correspond à ce qu'elle rêve d'être et l'incite à se faire passer pour une romancière comme l'actrice qu'elle a vu jouer dans un certain film (Il s'agit d'Arielle Dombasle dans le film intitulé "L'arbre, le maire et la médiathèque" d'Eric Rohmer).
Et de plus, les romancières "ignorent les réveils à l'aube pour emprunter d'épouvantables transports en commun" ! Bérénice aussi, ça tombe bien...
Elle fait du farniente un art véritable. Mais pragmatique, il faut bien manger et se vêtir, elle n'hésite pas à user de ses charmes ou à effectuer de menus larcins pour survivre.
Sa véritable errance commence lorsqu'elle se fait renvoyer du . De port en port, où elle regarde passer les bateaux, de rencontre en rencontre, elle va passer le temps, jusqu'à ce que celui qu'elle nommera l'Inspecteur _ qui inspecte vraiment les paquebots mais se trouve bien entouré, et surveillé de près, par une certaine rousse, Blandine Lenoir _ tombe sous son charme.
Son métier consiste à superviser, contrôler, vérifier...toutes choses qu'il sait très bien faire dans son travail mais qu'il va oublier de mettre en pratique dans sa vie privée...Le pauvre est amoureux et conquis par leurs premiers ébats. Il est par nature protecteur, il a de l'argent et devient son amant. Il pensait profiter d'un amour de passage valorisant, pensez-vous... avec une romancière ! Le voilà pris au piège...
Elle plonge avec délice dans sa nouvelle vie, se promène pour passer le temps, lui ment avec affront, se perd dans ses mensonges. Mais Blandine veille...et veut la confondre.
Bérénice s'accroche à lui, le suit à Marseille mais le doute s'insinue dans le couple. Elle est mutique sur son passé et sur ses écrits qu'elle ne veut pas lui montrer (caprice d'écrivain ou mensonge ? se demande-t-il). Il fait des recherches sur internet et ne la trouve pas. "Tu n'existes pas" lui dit-il un jour. Il commence à comprendre que Bérénice le mène en bateau !
Pourtant, elle le suivra jusqu'à Paris où elle tentera de se faire invisible dans son appartement trop petit.
Mais entre les deux femmes il lui faudra bientôt choisir et la fin du roman qui nous fait revenir dans la ville du Havre, point de départ de l'histoire, ne referme pas vraiment le triangle...Mais chut je ne vous direz rien de la chute.
Ce que j'en pense
Car le triangle d'hiver, c'est à la fois le triangle amoureux formé par Bérénice, Blandine et l'Inspecteur, le triangle entre trois lieux (Le Havre, Saint-Nazaire et Marseille via Paris), le triangle entre trois étoiles (parmi les plus brillantes du ciel d'hiver), Sirius, Betelgeuse et Procyon qui donneront leur nom à un bateau.
Ce roman fait partie de la première sélection de treize romans français du Prix Femina 2014.