Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Le titre du roman donne le ton : il provient d'une expression américaine selon laquelle les cours de la bourse ne peuvent monter indéfiniment. Il faudra bien qu'un jour ils redescendent... Cet adage, d'après l'héroïne du roman qui enseigne l'économie à l'université, se vérifie toujours : "Il vient un moment où les prix cessent de monter et où les bulles finissent pas éclater".
Source citations sur la page Il apparaît que l'adage «Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel» se vérifie toujours - Dicocitations
Dans ce roman-récit de vie, présenté sous forme de journal, l'auteur raconte l'entrée dans la quarantaine de , déjà présente dans son dernier roman "Journal de Yaël Koppman" (que je n'ai pas lu).
Cela commence mal puisque Yann, son compagnon, lui annonce qu'il la quitte sans lui donner d'explications et qu'elle voit se mettre en place la garde alternée pour Simon, son petit garçon qu'elle ne verra donc plus tous les jours.
C'est difficile au début de rester mère quand on ne l'est que par intermittence. Elle se sent seule et incomprise. Elle s'enlise dans le farniente d'autant plus que ses cours n'ont lieu qu'au second semestre. Ses amies ont leurs propres soucis. Sa famille n'a jamais été un vrai soutien pour elle et le rejet de Yann lui fait revivre celui de sa propre mère.
Elle connaît les affres de la jalousie puisque Yann s'installe avec Laura, qu'elle-même lui a présenté. Elle se sent devenir voire et finalement elle décide de reprendre une thérapie.
Pour l'aider à aller mieux, son amie Clara lui conseille de mettre par écrit ses sentiments.
Écrire sera finalement SA thérapie...
"C'est quoi pour toi la quarantaine ?" demande-t-elle comme une obsession à ses amies. Chacune y va de ses conseils, de ses remarques, de ses angoisses...
Ce qui ne rassure pas Yaël, ne comble pas le vide de sa vie affective. Elle accepte des rencontres, ne s'engage pas pour autant, rencontre des hommes bien et d'autres beaucoup moins bien (surtout un !).
Elle nous livre ainsi son quotidien, son désarroi, ses questions, ses échanges avec ses amants, ses retrouvailles avec Simon, l'amitié que lui apporte sa petite voisine adolescente, souvent seule quand sa mère sort le soir : elle viendra d'ailleurs goûter et faire ses devoirs chez elle de plus en plus fréquemment.
Peu à peu Yaël se reconstruit, se regarde différemment et reprend confiance en elle...
Ce n'est pas un livre triste même si le début n'est pas très réjouissant, on sent que Yaël va s'en sortir, qu'elle prend du recul peu à peu, que son humour et sa lucidité l'aideront à ne pas sombrer.
Les malheurs qui touchent ses proches vont peu à peu l'aider à relativiser sa situation : elle a un bon job donc un bon salaire, un gamin adorable, un appartement à elle, donc personne ne la mettra dehors et de plus, elle a la santé et elle séduit encore.
Sa vie de femme n'est pas finie même si elle a quarante ans !
C'est un livre facile à lire, écrit avec justesse, bourré de références littéraires et musicales...
Cependant même si je l'ai lu avec plaisir, je ne suis pas arrivée à entrer totalement dans l'histoire, ni à m'identifier à l'héroïne, même si elle est très sympathique.
L'histoire met du temps à se mettre en place et l'état dépressif, bien compréhensif, dans lequel se retrouve Yaël m'a paru très long (ce qui est je vous l'accorde normal après une rupture).
J'ai eu envie de la secouer alors qu'elle ne pensait qu'à dormir et à se cloîtrer chez elle. J'ai plaint, Simon (quelle ambiance pesante pour lui !). Yaël pense à son fils mais jamais aux conséquences sur son fils : elle se force à sembler heureuse pour lui, mais ne parle que d'elle.
Je l'ai d'ailleurs trouvé très tournée sur son nombril comme, bien sûr, beaucoup de personnes le sont, lorsqu'elles vivent un deuil (et la rupture en est un).
De plus, cet ébranlement intime appelé "crise de la quarantaine" dont parle tout le roman n'est pas un passage obligé...
Je ne me souviens pas avoir vécu ce genre d'angoisse existentielle, de me dire "c'est maintenant ou jamais". Je ne dis pas (et ne nie pas) que ces crises quasi "obligatoires" dont on nous rabat les oreilles (celle de la trentaine, de la quarantaine, de la cinquantaine et maintenant de la soixantaine...) n'existent pas.
Je pense juste que ce n'est pas le passage à une décennie supérieure qui les induit mais plutôt les changements de vie : crises de couple ou crise d'adolescence d'un de nos enfants, changement de travail ou de statut social, naissance d'un enfant ou départ d'un grand, passage à la retraite, deuil d'un proche (ami ou parent)...
Ce sont ces événements-là qui obligent à se remettre en question, à réfléchir à ce que l'on veut vraiment faire de notre vie et à ce que nous voulons partager , recevoir ou donner...
Chacun a sa propre voie à vivre et ce que les uns auront bâti à 30 ans d'autres le feront plus tard ou jamais : il n'y a pas de performance obligatoire pour être heureux !
D'ailleurs les enfants eux-même ne grandissent-ils pas par à-coup ?
Ils extériorisent un temps, puis deviennent plus calmes, ou plus bavards, plus questionneurs ou plus "physiques" et ainsi de suite jusqu'à la crise d'adolescence... qui est nécessaire mais qui reste tout de même une "invention" de la société moderne. Est-ce une crise cette envie de l'adolescent de vivre sa vie ? Cette sensibilité exacerbée par la découverte des sens, de l'amour et de l'autre ? Est-ce une crise le fait de se démarquer de ses parents, de ne pas forcément vouloir suivre leur voie ou croire ce qu'ils nous disent sans les remettre en question...
C'est ça tout simplement grandir, quitter l'enfance et se préparer à devenir adulte.
L'adulte lui-même ne peut évoluer et se remettre en question que par paliers.
C'est forcément un événement extérieur (ou intérieur comme une maladie par exemple) qui va déclencher la prise de conscience et non pas son âge (ni la décennie) mais selon son âge bien sûr, le questionnement ne sera pas le même.
On peut très bien gérer ces doutes et ces remises en question sans forcément se sentir "en crise". L'important pour l'être humain, c'est de "grandir", intellectuellement et/ou spirituellement selon chacun et d'atteindre le plus près possible notre idéal de vie et cela peut arriver à n'importe quel âge, même après 40 ans, 60 ans ou plus !