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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

Sauf les fleurs de Nicolas Clément

Sauf les fleurs de Nicolas Clément

Marthe écrit son histoire dans un carnet, pour expliquer à  son petit frère Léonce son parcours personnel et le pourquoi de ses actes. Elle veut laisser une trace, coûte que coûte, de leur famille, pour lui, pour ne pas oublier et que la famille continue à exister. « J’écris cette histoire pour oublier que nous n’existons plus » dira Marthe au début du récit. Elle écrit depuis un lieu que le lecteur découvrira à la fin de l'histoire...

 

L'histoire, en six épisodes, commence avec la vie à ferme (Marthe a douze ans). Les animaux, les plaisirs du travail en famille, la tendresse de la mère n'arrivent pas à compenser la violence du père, mutique, aux poings toujours prêts à s'abattre sur la mère et sur les enfants. Marthe fait tout ce qu'elle peut pour protéger sa mère et son petit frère. L'amour qu'elle leur porte est immense...

 

Il y a aussi l'école où, malgré les moqueries de ses camarades de classe, elle adore aller. Grâce à son institutrice Mlle Nathalie, elle découvre aussi le plaisir d'apprendre et, en particulier, le plaisir de lire. Pour l'imiter elle rêve de lire un jour le livre que sa maîtresse lit à la récréation :  un livre du tragique grec Éschyle.  Cet auteur nourrit ses rêves et forge son avenir : elle apprendra, elle en est sûre, à traduire cet auteur classique et enseignera à des enfants ! L'auteur d'Orestie ne la lâchera plus et va l'aider à grandir.

 

Puis plus tard, il y aura l'amour de Florent, un jeune musicien qui l'emmène à Baltimore où elle va commencer ses études (de grec). Malgré toutes ses hésitations, ses doutes et l'éloignement de son petit frère, ils trouveront un petit nid (grâce aux recommandations de Mlle Nathalie), et du travail pour vivre correctement. Elle semble se reconstruire. Mais l'amour et l'éloignement ne suffisent pas...

 

Un jour, elle doit retourner à la ferme. La violence qu'elle avait enfouie en elle, ressurgit et comme un animal, elle ne réfléchira plus, ne maîtrisera plus rien et entrera dans la tragédie à son tour. On n'échappe pas si facilement à sa propre histoire...

 

Elle avait essayé de fleurir, donc de se construire, malgré tout ce qu'elle avait vécu de douloureux (et le lecteur y a cru). Il ne restera que les fleurs fragiles et éphémères, comme les mots brefs et concis (tant ils ont du mal à sortir)  avec lesquels elle nous raconte son histoire.  Les phrases et les associations d'idée qui lui viennent pour décrire sa brève existence, sont bouleversantes, même s'il faut quelquefois les relire plusieurs fois pour en saisir le sens.

 

Un premier roman puissant,  un récit très court de 75 pages, une véritable petite pépite qui marquera le lecteur tant les mots ont à dire. Mais c'est finalement une histoire qui ne se résume pas et ne se raconte pas car ce qui prime, c'est l'atmosphère, la poésie et l'inventivité  de l'écriture.

Un auteur à suivre absolument !

Il est vivement conseillé par certaines analyses critiques sur le net de lire l'Orestie d'Éschyle pour entrer dans la tragédie et mieux comprendre les intentions de l'auteur.

Mais pour un lecteur est ce obligatoire de comprendre les intentions de l'auteur pour aimer ses livres ? J'ai toujours été contre le décorticage obligatoire des écrits que nous proposaient, nos enseignants de français, lorsqu'à l'adolescence, mon envie de lire était immense. Ils avaient tendance à me détourner de certaines lectures au lieu de m'inviter à entrer dans les textes par le plaisir des mots...

 

Dans la catégorie premier roman j'avais beaucoup aimé à l'époque le récit d'Antoine Mouton "Au Nord tes parents" que j'avais lu dans le cadre du Prix littéraire des Apprentis et lycéens de la région PACA (et qui avait été primé par les jeunes en  2005). Une écriture originale, sans ponctuation et un texte émouvant et déchirant...sur le thème de la maladie et de la mort. Je m'en souviens encore.

 

Sauf les fleurs fait, par ailleurs, partie de la sélection du prochain Festival du premier roman de Chambéry, qui a lieu du 22 au 25 mai.

Source : article Nicolas Clément : des livres pour se hisser | Place Gre'netPlace Gre'net de PlaceGrenet
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