Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
C'est un très beau roman qui relate les multiples facettes de la relation mère -fils et qui nous parle d'amour mais aussi de haine, de violence, de mensonges...
Car si certaines mères sont capables de faire appel au Comité des Mères de Soldats pour sauver leur fils, ou de corrompre un médecin pour obtenir le fameux certificat qui permettra à leur fils de ne pas partir à la guerre, d'autres sont capables de renier leur progéniture...
Les pères sont morts, absents pour cause de travail ou bien silencieux. Ils ont eux aussi beaucoup de choses à cacher et ferment les yeux. Ou bien ils sont carrément partis à l'étranger, abandonnant leur famille. Les jeunes sont en manque d'amour et le recherche, là où il se trouve, même au milieu des décombres de la guerre, et avec un partenaire inconnu. Et cet amour est d'autant plus beau et fort...
L'histoire est difficile à résumer car il s'agit de plusieurs histoires qui se recoupent sur fond de guerre en Tchétchénie.
Le roman commence à Saint-Pétersbourg, à la veille des commémorations du tricentenaire (2003). Deux femmes se retrouvent par hasard après plusieurs années de séparation. Elles ne se sont pas revues depuis l'école.
La première Ioulia, n'a jamais eu d'enfants mais veut aider une famille avec qui elle habite. La seconde Marina travaille au Comité des Mères de Soldats. Elle est bouleversée car elle vient d'apprendre la mort au combat dans les montagnes au sud de Grozny, d'un jeune qu'elle aurait pu sauver quelques mois auparavant. [Le lecteur ne découvrira qui c'est qu'à la fin du roman].
Un flash-back nous ramène dans le temps. On découvre ainsi la vie de trois jeunes gens et de leurs mères.
D'abord Rouslan, un jeune Tchétchène qui vit dans un camp de réfugié ingouche avec sa grand-mère, Zainap, qui sait qu'elle va bientôt mourir. Anna, la mère de Rouslan les a abandonné alors qu'il n'était qu'un bébé de deux mois. Son père est mort. Zainap l'a élevé et aimé mais ne veut pas le livrer à la guerre : elle est prête à payer pour ça. Elle a peur qu'il fasse partie des prochains convois pour Grozny. Ce qu'elle veut avant de mourir c'est retourner seule à Grozny et lui permettre de rejoindre Saint-Pétersbourg pour y retrouver sa mère.
C'est ensuite Anna que le lecteur découvre. Anna qui a une nouvelle famille et deux fils mais qui n'a jamais rien dit de son passé. Et un de ses fils, Maxime est un voyou, violent et prêt à tout, même à tuer... Il traine avec une bande de skinheads. A cause de lui, son père, pour le couvrir et le sauver va perdre son travail. Sa mère le défend et n'imagine même pas ce qu'il fait lorsqu'il sort le soir et ne revient pas à la maison. Lorsqu'elle reçoit l'enveloppe, postée d'un camp de réfugiés, la vie d'Anna bascule, le passé la rattrape...et le drame est en marche.
Enfin, le lecteur fait la connaissance d'Andreï envoyé de force à l'armée par son beau-père Nicolaï, qui ne l'a jamais aimé. Sa mère Olga vit avec Evguénia, sa petite soeur, à Vladivostock. Son père vit au Brésil et il ne l'a pas revu depuis plus de 10 ans.
Il subit les mauvais traitements de l’armée russe qui l'oblige à se prostituer. Un soir, alors qu'il vient de toucher son dû, il se fait voler son argent par un voleur...c'est Rouslan (mais ça on le saura plus tard).
Seul et sans argent, il fait appel au Comité des Mères de Soldats qui appelle sa mère et organise son départ pour le Brésil, pendant qu'il se cache. Mais il étouffe et ne peut rester enfermé. Il est obnubilé par le voleur et le recherche...Lorsqu'il le retrouve, un amour fort et passionnel va naître entre les deux jeunes hommes en manque d'amour.
Voilà je n'en dirai pas plus sur ce roman magnifique tellement réaliste qu'il ressemble à une histoire vraie et qu'il faut absolument lire. Je ne connaissais pas cet auteur et n'avait jamais rien lu de lui... et je ne regrette pas de l'avoir fait.