Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Pawana signifie baleine en langue nattick indienne. Ce superbe roman est illustré par Georges Lemoine.
L'auteur s'inspire de l'histoire vrai du capitaine de baleinier, Charles Melville Scammon, qui le premier découvrit, au Mexique, le passage qui menait à une lagune où les baleines venaient mettre au monde leurs petits, protégées par les mâles qui, de leur corps, empêchaient requins et autres prédateurs d'y entrer.
La découverte fait le tour du monde et c'est alors un massacre !
Lorsqu'il réalise l'erreur qu'il a commise, il se consacre alors à la sauvegarde des baleines. De nouveau, elles peuvent revenir dans ce lieu mythique pour mettre au monde leurs petits...
L'auteur nous conte une histoire à deux voix, deux points de vue sur le même événement...
D'abord il y a la voix de John, originaire de Nantucket, un haut lieu indien de pêche à la baleine. Engagé à dix-huit ans comme mousse sur Le Léonore, le baleinier du capitaine Scammon, il participe à la première expédition et assiste à la découverte du passage...
Il se souvient de ce premier voyage : le paysage était magnifique, les baleines étaient si nombreuses qu'elles formaient une ombre noire sur la mer. Il se souvient aussi d'Araceli, jeune indienne exploitée par les prostituées du coin, avec qui il avait eu une brève histoire d'amour et qui a été assassinée par Emilio, leur chef.
La voix du capitaine, différente se souvient de ce 1er janvier 1856. Ce jour-là une étrange lueur brillait dans les yeux de son jeune mousse... Quelques jours plus tard les marins découvraient le passage et tuaient leurs premières baleines, une dizaine à peine.
Lorsqu'il revient trois ans plus tard sur le Sag Harbor, un autre baleinier de Nantucket, John ne reconnaît plus rien. C'est un massacre, tous les baleiniers de la planète se retrouvent à l'entrée de la lagune, la bloquent et exterminent les Cétacés... Des requins achèvent la tuerie en s'attaquant aux baleines blessées...
Il n'oubliera jamais l'odeur du sang, la couleur rouge de la lagune et les cris effrayées des baleines blessées tentant de protéger leurs petits à peine nés.
Pourquoi faut-il tuer ce qu'on aime ? se demande le mousse...
Comment peut-on oser aimer ce qu'on a tué ? s'interroge le capitaine à la fin de sa vie...
Avec le siècle qui s'achève un nouveau monde commence qui ne sera plus jamais comme avant. Ce qui a été perdu l'est pour toujours et pour toutes les générations futures.
C'est avec nostalgie et mélancolie que l'auteur constate que l'homme est devenu le prédateur de la nature.
D'une écriture sensible et très poétique, ce court roman nous invite à nous interroger sur la nécessité de protéger la nature, sans cesse détruite par la cupidité des hommes.
L'auteur, prix Nobel de Littérature a écrit ce livre en 1988 pour le théâtre.
Il pousse là un cri de révolte contre le massacre des baleines. Pour lui les baleines sont un symbole de liberté, de beauté et de force de vie qui s'oppose à un monde de cruauté, d'injustice et de violence, notre monde !
A lire dès 12 ans...
Ce roman est conseillé par le Ministère de l'Education Nationale sur les listes "Lectures pour les collégiens" niveau 5°.