Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
C'est pour moi une relecture.
A l'occasion d'un travail avec des élèves, je me suis replongée dans ce roman autobiographique avec plaisir.
Le style est clair et simple. L'auteur est sincère et dévoile ses sentiments sans pudeur aucune, tant l'amour qu'il porte à sa mère est pour lui important et immense. L'auteur a écrit ce roman en 1954, quelques mois après la mort de sa mère.
Ce roman peut se lire dès la classe de 3° et pourra être relu plus tard au lycée ou à l'âge adulte.
Quel que soit l'âge auquel la mère disparaît, le fils qu'il soit enfant ou adulte est orphelin. En effet, il ne sera jamais plus le fils d'une mère.
L'auteur nous confie ses souvenirs d'enfance avec sa mère, Diane, petite maman fragile, juive et pauvre, mais non moins aimante avec qui il a eu une relation fusionnelle, et qui a vécu uniquement pour lui et par lui, jusqu'à sa mort qui le laisse seul, abandonné et démuni.
En lui écrivant ce dernier hommage, il entend bien se faire pardonner ses erreurs, les larmes qu'elle a versées alors qu'il la grondait parce qu'elle avait osé appeler à 3 heures du matin chez des amis car elle s'inquiétait d'un éventuel accident, les moments où elle l'a attendu plusieurs heures dans le parc alors qu'il avait 20 ans et passait du bon temps avec une jeunette blonde, ceux où il a été injuste et bien d'autres.
Il relate aussi les moments heureux de son enfance : les goûters et gâteaux préparés avec amour, les maladies d'enfant, l'attente de son arrivée derrière la porte, le départ à la fenêtre, les rites du soir, ce qu'elle lui disait lorsqu'il avait peur, et toutes ces petites choses de la vie quotidienne, souvent anodines, dont on se souvient quand adulte, on a la nostalgie de notre enfance.
Le décalage entre l'éducation et les valeurs transmises par la mère et la vie moderne en occident donne lieu à des situations très touchantes...
A travers l'hommage à sa mère c'est un hommage à toutes les mères que l'auteur veut nous livrer...car toutes les mères sont des saintes à leur façon et ont pour vertu, souvent méconnue, la patience et l'amour inconditionnel qu'elles donnent à leur fils car, ne nous trompons pas, il s'agit bien ici de la relation mère-fils...
C'est la raison pour laquelle les filles se reconnaîtront dans certains passages, mais pas dans cette relation fusionnelle qu'une mère n'a presque jamais avec sa fille.
Enfin en tant que lecteur (lectrice) on peut penser qu'il a quelque peu été étouffé par la sienne, d'autres mères, dans d'autres lieux et d'autres temps sont différentes. Toutes les mères ont leur propre façon d'exprimer leur amour maternel.
La littérature nous donne d'ailleurs d'autres exemples de mères distantes, froides, qui semblent n'avoir jamais été atteintes par l'amour maternel.
Le point négatif de ce roman, c'est le ton pessimiste de l'auteur et le fait qu'il parle de mort à chaque ligne...il s'en rend compte d'ailleurs.
Cela rend la lecture de ce livre difficile pour les plus jeunes ados et nécessite une discussion autour de ce livre.
Car la vie est là et même orphelin, il faut bien continuer à vivre, ce que l'auteur a fait d'ailleurs !
Le deuxième point négatif est aussi le côté moralisateur. L'auteur incite les fils (et uniquement les fils !) à prendre soin de leur mère de leur vivant et à les aimer davantage.
Lisez-le car c'est une œuvre dont on a beaucoup parlé, et "pleurer sa mère, c'est pleurer son enfance"...