Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Par manou
Si j'ai choisis ce roman rude et poétique à la fois pour débuter ce blog, c’est parce que depuis plusieurs semaines que j'ai terminé sa lecture, je pense encore à Ninioq, l'héroïne. Alors que depuis, d'autres personnages ont peuplé mes lectures, elle, elle est toujours là.
C'est si rare de faire une telle rencontre…
Dans le nord-est du Groenland, la tribu de Katingak est sur le point de rejoindre le camp d'été. ...
Ninioq, la plus âgée des femmes de la tribu sait que le temps est venu pour elle de faire ses adieux au monde des vivants en allant s’allonger sur la glace, comme le veut la tradition de son peuple.
Elle profite alors des joies que la vie lui apporte : l'arrivée d'une tribu ami, la famille, les préparatifs de départ pour le camp d'été et les récits de la tribu.
Cela ne l'empêche pas de méditer sur l'abondance des années passées et ses années de jeunesse. Maintenant, le renne a disparu et sur ses traces, beaucoup de tribus ont suivi. Même les animaux de mer "se tiennent loin des côtes"...ce qui a occasionné des années difficiles.
Mais ce printemps-là, malgré la glace qui s'est longtemps éternisée sur les côtes, la saison a bien commencé.
A la fin de l’été, comme après chaque saison de chasse et de pêche, il faut aller faire sécher le poisson et la viande sur la petite île de Neqe. C’est à elle que revient cette tâche difficile…Elle y voit l’occasion de se retirer un moment et de profiter de sa solitude pour réfléchir à sa vie, et sa fin qui approche. Mais Manik son petit-fils insiste pour l’accompagner.
Les jours s’écoulent tranquillement. Ninioq éprouve de la joie à s’occuper de son petit-fils préféré et à répondre à ses questions. Elle oublie l’angoisse terrible qui l’assaille sans raison. Jour après jour, elle lui apprend les gestes de la vie, tout ce qu'un chasseur doit savoir, comme par exemple, harponner un pèlerin des mers, ou se redresser lorsque sa pirogue chavire, et protéger ses réserves de viande des bêtes sauvages. Le soir elle lui raconte les récits des anciens qu’elle écoutait elle-même lors des veillées, comme les mémorables chasses à l’ours par exemple, et ainsi elle va peu à peu lui transmettre les traditions et les légendes de sa tribu.
Mais au fur et à mesure de l’avancée de la saison, elle comprend que les siens ne viendront pas les chercher comme promis avant la cueillette des myrtilles.
L’attente se charge d’angoisse.
Son peuple les a-t-il abandonnés ?
Sont-ils désormais seuls au monde ?
Est-il arrivé un malheur ? Il faut qu’elle sache…
Elle ne peut abandonner Manik, il a besoin de la tribu pour vivre. Lorsque la première tempête s'abat sur l'île, annonciatrice de l'hiver, elle décide de construire une embarcation et de faire la traversée pour rentrer au campement. Mais le camp a été dévasté par les hommes blancs.
Je trouve la fin magnifique.
C'est un roman qui se lit d'une traite. Le lecteur est comme témoin de cette vie si simple et si proche de la nature. Nous avons tant de choses à apprendre de ces peuples qui ont su vivre en respectant leur environnement, et en remerciant les animaux d'assurer leur survie. Ce n'est pas un roman triste mais plein de sagesse et de poésie.
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