Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Continuons la visite rapide du bourg du Brignon en entrant comme je vous l'ai promis dans le cimetière attenant à l'église Saint-Martin dont je vous ai parlé ICI.
Le vieux cimetière, désaffecté depuis 1920, a été totalement réhabité et, en souvenir de celui qui coupait l'herbe des lieux pour nourrir son cheval, il porte désormais le nom de l'abbé Aulanier.
Cet abbé est une célébrité locale. En effet, cet enfant du pays qui est devenu curé de la paroisse de 1636 à 1691, a marqué la vie de ses ouailles. Il a tenu un journal quotidien dans lequel il racontait en détails la vie des habitants, ses voyages et les différents fléaux qui touchaient la petite communauté.
Vous vous en doutez, son témoignage est précieux non seulement pour ceux qui veulent connaitre la vie dans les campagnes en ce temps-là, mais surtout, pour les historiens qui étudient minutieusement ses écrits pour en apprendre davantage sur la vie dans une commune rurale d'Auvergne au 17e siècle.
Le journal intitulé "Moi, Hugues Aulanier: journal de l'abbé Aulanier, curé du Brignon..." a été publié en 6 volumes et un septième devrait voir le jour...
C'est dire les détails intéressants qu'il doit contenir !
En 1920, au moment de la construction d'un nouveau cimetière plus grand, de nombreuses familles du village ont fait transférer leurs proches dans le nouveau lieu.
Mais les tombes qui sont restées sur place, ont une importance pour le village car elles racontent l'histoire des habitants qui pour la plupart n'ont plus de famille. Une quarantaine de noms ont pu être identifiés, le plus souvent cachés sous la végétation. C'est Daniel Veysseyre et les bénévoles de l’association des Gardes aux vallées, qu’il préside, qui ont réalisé le remarquable travail d’identification de ces tombes et la remise en état de l'ensemble des sépultures. Certaines étaient recouvertes de lichen et de mousse, d'autres ensevelies sous la terre et très dégradées. Les croix qui ont été remises en place ne correspondent pas forcément à celles des sépultures d'origine mais tout a été fait, lors de la rénovation, pour respecter ceux qui pourraient encore s'y trouver enterrés.
Alors qu'il n'était qu'une friche, ce cimetière est désormais devenu un lieu de promenade paisible, et aussi un lieu de méditation, face au superbe paysage altiligérien qu'il domine.
Vous remarquerez au passage le mur d'enceinte, entièrement construit en pierre volcanique, tout comme l'église.
L'artiste local Pierre Rousseau a réalisé des "Grands témoins", sortes de totems bâtis en basalte et en verre. Sur le verre, le promeneur découvre des textes rédigés par Jérôme Bay. Ils décrivent le paysage, les montagnes, les gorges de la Loire toutes proches, ainsi que l'histoire de l'église et celle de l'abbé.
Le sculpteur a inséré à l'intérieur de chacun des cinq totems des pastilles de cuivre en hommage au géologue et historien altiligérien Jean-Noël Borget, aujourd'hui disparu. Il était l'auteur d'un guide important pour la région intitulé "Guide des roches et minéraux de Haute-Loire", paru en 2004.
Les croix ainsi que les pierres tombales du cimetière sont en roche volcanique. Le basalte est omniprésent sur tout le plateau et les anciens l'utilisaient pour toutes leurs constructions. Il s'agit toutefois d'un basalte bulleux plus léger et de couleur plus claire que celui que je vois habituellement.
Le basalte a également servi de socle pour les croix métalliques.
Les croix métalliques
Dans le cimetière, on peut aussi découvrir une mystérieuse pierre sculptée qui se trouvait à l'origine à l'intérieur de l'église.
Sur la pierre basaltique aux bords irréguliers, on peut voir un personnage couché, revêtu d'une chasuble et portant un pallium (sorte d'écharpe blanche en principe portée sur la chasuble). Ses mains sont jointes et sa tête est recouverte d'un capuchon. Il tient en ses mains un bâton. Personne ne sait de qui il s'agit, un moine, un prieur, un évêque ?
Certains historiens pensent qu'il pourrait s'agir d'une pierre gravée à l'effigie d'un prieur, André Séjalon, datant du 15e siècle.
En suivant ce lien ICI, on découvre la même dalle funéraire avant sa rénovation. La photo doit dater de son recensement en tant qu'objet classé (en 1916) alors qu'elle se trouvait encore à l'intérieur de l'église. La photo appartient à la Médiathèque du patrimoine et de la photographie. Il y aurait 6 autres objets classés dans l'église que j'espère bien découvrir un jour.
Et c'est avec cette croix très ancienne (la plus ancienne du cimetière peut-être ?) que se termine mon article du jour. J'espère que ce lieu unique vous a plu.
Prochainement, nous resterons sur la commune pour nous rendre au petit hameau des Salles afin de découvrir une exposition, enfin comme d'habitude...si vous le voulez bien !