Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
L'abbaye Notre-Dame de Pébrac appelée aussi sur certains sites l'abbaye Sainte-Marie de Pébrac, est une abbaye romane comme je vous l'ai déjà dit lors de la visite du village ICI. L'église et la basse-cour de l'abbaye sont libres d'accès, ainsi que le jardin botanique, mais les bâtiments conventuels ne sont pas accessibles car actuellement privés. On ne peut les voir que de l'extérieur.
Un peu d'histoire pour compléter celle déjà racontée dans mon premier article. Comme précédemment vous pouvez sauter mes explications (en noir).
Je rappelle que l'abbaye était auparavant un monastère, bâti en 1062 par Pierre de Chavanon, alors archiprêtre de Langeac. Une vingtaine de prieurés y sont déjà rattachés lorsque son fondateur meurt, en 1080. C'est le pape Urbain II qui décide ensuite, en 1097, d'ériger en abbaye ce monastère.
Mais la prospérité attire les convoitises et certains abbés n'hésitent pas à remplacer des personnes compétentes par des membres de leur famille, dilapidant le patrimoine. A la fin du XIVe siècle, le monastère a perdu de sa superbe, et se retrouve très délabré.
C'est grâce à l'intervention de trois abbés appartenant à la famille de Flaghac, entre 1438 et 1525, que l'église sera totalement reconstruite avec des voûtes gothiques ainsi que le logis abbatial et la tour sud-ouest (ou tour de Labistor). Les logements conventuels sont agrandis. Au XVI° siècle, trois chapelles sont bâties dont une au fond du cimetière. L'abbaye prend alors l'aspect qu'elle a aujourd'hui.
Au XVII°, c'est au tour des autres bâtiments dont l'aile sud de subir des transformations sous l'impulsion de Jean de Langhac, premier titulaire du siège abbatial, nommé désormais par le roi.
Les bâtiments conventuels et l'église encadrent le cloître qui, comme les bâtiments, ne se visite pas. Ces bâtiments contiennent pourtant de remarquables vestiges : cheminées, boiseries, plafonds à la française, décors de stucs mais qui auraient bien besoin d'une restauration.
L'abbé Olier entre 1625 et 1642 laisse sa marque. Nous en avons déjà parlé précédemment. En 1649, l'abbaye de Pébrac est unie à la Congrégation des chanoines réguliers de Sainte-Geneviève qui va assurer sa direction jusqu'à la Révolution Française. Les Génovéfains vont à nouveau la remanier : le cloître est démoli remplacé par une simple cour centrale, l'aile ouest reconstruite, de nombreuses baies nouvelles voient le jour et l'église se retrouve avec un portail classique et une nouvelle porte au sud. Les travaux s'achèvent en 1713.
Mais la Révolution Française pointe son nez et l'abbaye est vendue comme bien national. Les religieux quittent alors Pébrac. Elle sera confiée ensuite à la congrégation de Saint-Joseph. Les bâtiments seront utilisés tour à tour comme institution ou école religieuses, presbytère.
L'ensemble de l'abbaye comprenant l'église abbatiale et les bâtiments conventuels, y compris le portail d'entrée sur la cour ouest et les caves voûtées percées de meurtrières datant du XI°, est classé depuis le 8 mars 2001. Depuis 1974, la restauration de l'église a permis son ouverture au public.
A noter : il s'agit d'une des trois principales abbayes du département avec La Chaise-Dieu et Lavoûte-Chilhac que j'espère vous faire visiter un jour.
Nous allons à présent entrer librement dans la basse-cour par le petit porche vouté en plein cintre datant du XVII°.
De cette basse-cour, nous avons une vue intéressante sur les logements abbatiaux situés à l'ouest qui sont actuellement privés. On accédait aux salles et à la bibliothèque construite au XV° siècle par un escalier.
La tour nord-ouest carrée est accolée à l'église abbatiale.
Avec l'aile ouest et la tour sud-ouest, les bâtiments forment un ensemble assez imposant percé de portes et d'ouvertures toutes d'époques différentes.
Voici quelques-unes des ouvertures de l'aile ouest.
Les fenêtres à accolade, aujourd'hui obstruées, datent du XV° et de la reconstruction des abbés Flaghac. Les autres fenêtres sont plus récentes (XVII° et XVIIIe).
Cette porte d'entrée ancienne avec arc en accolade a été conservée lors des derniers remaniements. Je n'ai pas trouvé de date mais il me semble qu'on peut la rapprocher des fenêtres ci-dessus.
Cette porte plus récente et plus simple est devenue la porte d'entrée dans l'abbaye à partir XVIIe siècle. En dessous comme cela est visible sur mes premières photos, se trouvait un accès à l'antichambre des cuisines et du réfectoire.
La tour sud-ouest, appelée aussi la tour de Labistor, n'est pas réellement une tour de défense. Elle a été bâtie pour attester de la richesse de l'abbaye. Vous remarquerez ses nombreuses fissures.
L'aile sud était réservée avec l'aile est aux bâtiments conventuels.
C'est celle que l'on voit le plus fréquemment en photos sur internet. C'est là que se situaient le réfectoire et les salles communes. L'aile sud accueille à présent un salon et une cuisine rattachés au jardin de l'abbaye et appartient si j'ai bien compris à la municipalité. Impossible de la visiter car les étages sont en très mauvais état. Elle possède une belle cave voûtée.
La façade présente des ouvertures toutes identiques à l'inverse de celle de l'aile ouest. Elles datent toutes du XVIIe siècle.
L'aile est est inaccessible et fermée. C'est une propriété privée. Elle était réservée aux moines. C'est là que se trouvaient leurs cellules.
Enfin, les bâtiments de la basse-cour situés à l'ouest auraient été construits au XVIIIe siècle par Jean-Jacques Olier, fondateur de l'ordre des prêtres de St-Sulpice et co-fondateur comme je vous l'ai expliqué dans mon dernier article de la ville canadienne de Montréal. Il tenta de remonter l'abbaye qu'il avait reçu en commende, et dont il jouissait des maigres bénéfices, mais sans résultat.
Ce sont les anciens bâtiments d'exploitation de l'abbaye où se trouvaient les greniers à blé, les granges où étaient stockés le foin, les cuves à vin...étables et écuries.
Aujourd'hui, nous avons donc découvert l'abbaye de l'extérieur, et la semaine prochaine nous visiterons l'église qui occupe tout le côté Nord de l'abbaye. Mais avant, en fin de semaine, nous grimperons le petit escalier à côté de la tour sud-ouest pour aller découvrir le jardin, enfin, comme d'habitude...si vous le voulez bien !