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Poursuivons ce mois de mars en douceur, en découvrant un animal peu connu, pourtant symbole de la Provence, la chèvre du Rove (Capra aégagnus Prisca). 90 % des effectifs de cette race sont en effet élevés en région PACA, bien qu'elle fasse partie des races dites "à petits effectifs".
Son terroir d'origine qui lui a donné son nom, est la petite localité du Rove, un petit village d'un peu plus de 5 000 habitants (les rovenains), situé à l'Ouest de Marseille.
Selon "l'Histoire ou la légende locale, la race descendrait de chèvres venues de Mésopotamie, d'Anatolie et de Grèce. Ces animaux auraient été importés par des Phéniciens dont le bateau aurait coulé le long du littoral rovenain. Les chèvres qu'il transportait auraient ensuite rejoint la côte à la nage avant d'être adoptées par les bergers locaux.
Une variante suggère que les Phéniciens auraient amené cette chèvre au port de Marseille durant leur commerce avec la ville, et que celle-ci aurait ensuite gagné le Rove dont les bergers en auraient acquis quelques spécimens". Source Wikipedia
La brousse du Rove, fabriquée avec le lait de ces chèvres, est très renommée. Elle était le principal revenu des habitants du Rove. Elle est vendue aujourd'hui essentiellement sur certains marchés du pourtour méditerranéen. Le lait, moins abondant en quantité, par rapport celui produit par la race alpine par exemple, a des qualités nutritionnelles exceptionnelles. Il entre aussi dans la fabrication de certains fromages AOC comme le chèvre de Banon ou certains picodons, entre autres.
La Chèvre du Rove ne passe pas inaperçue grâce à ses longues cornes torsadées, en forme de lyre. Celles de certains boucs peuvent atteindre 1m20 d'envergure !
Les chèvres peuvent avoir une robe de différentes couleurs.
"Elles peuvent être rouges ou noires (ces couleurs sont dominantes dans les troupeaux), mais il y a aussi des " blaù" (grise cendre), des "cardalines" (rouges moucheté de blanc), des "sardines" (rouge mêlé de gris), des "boucabelles" (noire avec feu aux oreilles, sous les yeux, le museau et l'extrémité des pattes), des "Tchaîsses" (noire devant, rouge derrière), et d'autres combinaisons possibles."
Au XIXe siècle et durant une grande partie du XXe, quelques chèvres du Rove étaient souvent intégrées dans les troupeaux de mouton, et j'en ai vu souvent durant mon enfance. Elles conduisaient le troupeau et aidaient à nourrir les petits agneaux orphelins et le berger durant l'estive. C'était la chèvre la plus commune de mon département et sur tout le pourtour méditerranéen.
Son élevage a été abandonné parce qu'elle ne fournissait que peu de lait quotidien, et qu'elle était considérée comme néfaste à la nature car plutôt vorace, mais aussi à cause de la brucellose.
Aujourd'hui, on considère que c'est une chèvre qui est bien adaptée aux collines, à la garrigue à chêne kermès quasi infranchissable, qu'elle défriche naturellement permettant ainsi de prévenir les feux de forêts. Malgré cela, c'est encore rare aujourd'hui d'en voir un troupeau entier.
C'est une chèvre rustique donc qui se contente de ce qu'elle trouve sur place et peut donc se nourrir de presque rien. Elle supporte les écarts de température et la sècheresse de l'été caractéristique depuis toujours de la région sud-est. Elle trace son chemin dans des lieux très difficiles d'accès.
Elle mange certes beaucoup d'arbrisseaux mais peut aussi se dresser pour manger dans les arbres.
La difficulté pour les éleveurs par rapport à d'autres chèvres, c'est que la Rove ne peut se passer d'un parcours quotidien dans la nature, alors que les autres races peuvent être élevées en intérieur.
C'est donc une chèvre qui a failli disparaître jusqu'à ce qu'une association locale se batte pour la réhabiliter. C'est l'Association de défense des caprins du Rove (voir ICI), créée à la fin des années 70. Mais il faudra attendre 1990 pour que le Ministère de l'Agriculture se décide à la reconnaitre officiellement.
Rien ne vaut une petite vidéo pour voir ces jolies chèvres en action. N'oubliez pas de mettre le son si vous voulez entendre leurs sonnailles (et aussi le vent !).
Voilà mon article du jour est terminé, j'espère qu'il vous a intéressé.
Si vous voulez en apprendre davantage sur l'intelligence des chèvres, je vous invite à aller lire l'article de Pascale sur son site ICI.