Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Aujourd'hui, pour bien commencer la semaine, en faisant un peu de sport, nous allons repartir en Haute-Loire pour nous rendre sur la commune d'Allègre, où nous sommes allés cet été, et monter au sommet du Mont Bar, le volcan le plus emblématique du département, afin de découvrir le site.
C'est encore un lieu visité par George Sand en son temps. Il faut croire que j'ai marché dans ses traces l'été dernier, en plus sans le faire exprès !
Le Mont Bar est un ancien volcan, unique en France, et même en Europe, car c'est le seul volcan de type strombolien qui abrite à son sommet, dans son cratère, une tourbière. Il domine de ses 1150 mètres d'altitude le village médiéval d'Allègre que nous visiterons prochainement, qui lui-même, est bâti au pied d'un second volcan, le mont Baury.
Ce cratère s'est formé lors d'une éruption datant de plus de 790 000 ans, ce volcan est donc tout jeune (car les plus vieux volcans d'auvergne ont 13 millions d'années). Large de 500 mètres et profond de 40 mètres, il abritait autrefois un lac, encore présent il y a 8000 ans, qui s'est comblé peu à peu grâce à l'accumulation de végétation pour devenir une tourbière. La tourbière est classée et protégée, et fait partie des zones Natura 2000. Elle est labellisée Espace naturel sensible.
Normalement, un volcan de type strombolien abrite dans son cratère des amas de roches qui sont des fragments de laves solidifiées. L'eau s'écoule naturellement entre les blocs et le cratère se trouve drainé. Mais dans le cas du volcan du Mont Bar, les roches se sont altérées suffisamment pour former un fond argileux permettant de bloquer le drainage naturel. D'où la formation de la tourbière qui aujourd'hui atteint les 3.60 m de profondeur.
En 1821, les hommes ont creusé un drain pour la transformer en pâturage. Aujourd'hui abandonné, et plus du tout entretenu, le drain ne permet plus l'écoulement de l'eau et la tourbière se réactive.
La randonnée n'est pas difficile, il y a juste 160 mètres de dénivelé, mais sur une courte distance donc ça monte fort.
Je vous montre un aperçu du paysage que nous avons admiré, juste avant de pénétrer dans la forêt, puis d'arriver au bord du cratère.
De là, il faut redescendre un peu pour atteindre la tourbière, ensuite pour en faire le tour, le chemin est à plat.
Les recherches qui ont été faites dans la tourbe ont permis de retracer l'histoire du lieu. On sait ainsi que 7 000 ans avant J.C., les bords du cratère étaient déjà plantés de noisetiers et de hêtres comme aujourd'hui.
Au cœur de la tourbière, poussent des plantes hydrophiles, typiques des zones humides, comme des sphaignes, qui participent activement à la vie de la tourbière car leur base se décompose dans l'eau très lentement, formant la tourbe, les potentilles des marais (encore appelées comarets), ou encore les carex. On y trouve aussi des plantes carnivores, comme des droseras.
Voilà la tourbière, telle que le promeneur la découvre en suivant le chemin qui en fait le tour. Il est impossible de passer les barrières comme vous vous en doutez, pour voir les plantes de plus près.
En s'approchant, on peut entrevoir quelques plantes mais de cette saison, plus rien n'était en fleur. Sur ma troisième photo, très "zoomée", vous pouvez voir des linaigrettes (encore appelées "herbes à coton"). Ce sont des plantes dont les graines sont pourvues de soies ayant l'aspect de coton.
Sur ma dernière photo, vous voyez que la tourbière est active. La zone noire c'est de la tourbe !
Vous voyez aussi sur mes photos que peu à peu la tourbière est envahie par des arbres comme des saules, des pins ou des bouleaux.
En plein été, il y avait peu de monde sur les chemins, et le pique-nique a été agréable. L'idéal est de rester dans la forêt et de s'installer dans un lieu un peu éloigné de l'eau donc des...moustiques, car le site est infesté par ses adorables volatiles et il vaut mieux prévoir un produit répulsif efficace et des vêtements couvrants.
La forêt est très jolie tout autour. Il y a quelques hêtres toujours présents, mais aussi des épicéas et des sapins blancs.
La forêt est habitée par de nombreux animaux et d'une grande richesse au point de vue de la biodiversité. Le pic noir, bien présent sur le site, est visiblement passé par là. On voit les traces de son activité sur ces arbres !
De nombreux panneaux explicatifs permettent de rendre la balade instructive.
Tout le long du parcours, les enfants ne seront pas en reste : des questions leur sont posées et les réponses données au poste suivant, ce qui constitue un jeu amusant pour petits et grands à part que nous, comme d'habitude, nous avons pris le chemin à l'envers (!), aucune flèche au départ ne nous indiquant le "bon" sens à suivre.
Tant pis, les enfants ont eu les réponses avant les questions !
Enfin, je ne peux vous parler de ce site sans vous parler du trésor...
En 1821, alors que les ouvriers creusaient le petit canal dont je vous ai parlé plus haut, visant à assécher la tourbière, un d'entre eux découvre une poterie gallo-romaine contenant 33 monnaies, un collier, deux bracelets et un lingot, le tout en or !
On peut admirer une partie du trésor au Musée Crozatier du Puy en Velay, enfin ce qui n'a pas été vendu par le découvreur (!). Au départ 9 monnaies de Marc Aurèle à Dioclétien, avaient été déposées au musée...après une histoire mouvementée, il en reste 7 aujourd'hui (voir le lien détaillé pour les passionnés ICI)
Une légende raconte même que du temps des romains des joutes nautiques avaient lieu sur le lac.
George Sand en parle dans son roman "Jean de la Roche", encore un que je dois relire. Elle venait souvent en ce lieu pour collecter des plantes et réaliser un herbier. Je n'ai eu aucun mal, en me promenant dans cette forêt, à l'imaginer venant se ressourcer au milieu des fleurs et des oiseaux...
La redescente s'effectue par un chemin très caillouteux, pente parfaite pour les VTTistes, mais ensuite le chemin emprunte une partie du tracé qui fait le tour du Mont Bar, et nous profitons d'une jolie vue sur le village, que je vous ferai visiter la prochaine fois, enfin, comme d'habitude...si vous le voulez bien !