Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Au fil des années, les astronomes s'étaient plus ou moins accommodés de la structure de notre système solaire. La plupart de ses caractéristiques ayant une explication plausible, tous partaient du principe que les autres systèmes devaient lui ressembler...
Voici un livre documentaire que je n'aurais peut-être jamais lu s'il ne m'avait pas été attribué lors de la dernière Masse Critique "non fiction" de Babelio. Bien entendu, je l'avais demandé mais en pensant surtout à mon mari qui est très intéressé par l'astronomie.
L'auteur, Reto U. Schneider est journaliste scientifique. Nombre de ses articles ont obtenu des distinctions et un de ses livres a été élu "livre scientifique de l'année.
C'est dire comme il est doué pour nous parler de sciences et mettre à notre portée des notions compliquées et tout cela avec humour.
Sommes-nous donc seuls, ou existe-t-il d'autres mondes peuplés d'êtres intelligents ? "Y-a-t-il un autre monde où des créatures bedonnantes s'abreuvent de bières devant la télévision ?" interrogeait le "Spiegel" peu après l'annonce de la découverte.
Ce livre raconte l'histoire de la découverte de la première planète externe à notre système solaire, une exoplanète donc, nommée 51Pegasi b, en orbite autour d'une étoile semblable au soleil bien que située à 51 années-lumière. Mais au-delà de la prouesse technique qui a eu lieu il y a plus de 20 ans, il s'attache à nous montrer le quotidien de ces chercheurs passionnés, leurs longues nuits d'observation, leurs calculs fastidieux et précis, la remise en question constante des acquis de leur recherche, leurs intuitions aussi parfois, tout ce qui fait qu'un chercheur ne peut en aucun cas être certain de ce qu'il va découvrir et le planifier à l'avance.
Depuis plus de 500 ans, du temps de Copernic déjà, les astronomes ont cherché à comprendre notre système solaire. Plus récemment, ils ont recherché des planètes en orbite autour d'une autre étoile que notre soleil. Certains ont cherché pendant des décennies en vain, d'autres ont cru toucher au but et avoir fait des découvertes majeures, pour se rétracter ensuite, d'autres enfin les ont faites dans le plus grand secret...avant de les divulguer.
C'est ainsi que la science avance et que les homme progressent.
Michel Mayor de l'Observatoire de Genève (découvrez sa biographie ICI) et Didier Queloz (sa biographie ICI) ont été les premiers à découvrir une exoplanète en 1995 donc, alors que tant d'autres touchaient au but ou avaient pris les bonnes mesures, mais n'avaient pas encore eu le temps d'étudier de près leurs données. Ils ont été enfin couronnés par le Prix Nobel en 2019 et méritaient bien que leur travail, mais aussi celui de leurs confrères entrés dans la course, soit mis en valeur.
A cette époque, Didier Queloz effectue sa thèse de doctorat à l'Observatoire de Genève, une thèse dirigée par Michel Mayor. Il effectue des mesures pour perfectionner sa pratique. C'est de l'Observatoire astronomique de Haute-Provence situé près de Manosque que la découverte a été faite. C'est un observatoire dont le télescope est de taille modeste (193 cm de diamètre) par rapport à d'autres dans le monde, mais de grande qualité. Ils utilisent alors pour leurs mesures, un instrument appelé Elodie. Cet instrument a été spécialement conçu pour mesurer la vitesse radiale des étoiles, c'est-à-dire leur vitesse par rapport à la Terre. Cette méthode n'était pas utilisée par les autres chercheurs dans le monde. Elle sera ensuite très répandue après leur trouvaille.
Les chercheurs observent très vite que la vitesse de déplacement de "51 Pegasi" n'est pas constante, ce qui tendrait à prouver qu'elle subit une force extérieure, une attraction donc qui pourrait être celle d'une planète en orbite. Or les deux chercheurs à cette époque ne s'intéressaient pas de près aux planètes, ni aux exoplanètes. Leurs recherches portaient sur les "naines brunes", des corps célestes plus légers que les étoiles mais plus lourds que les planètes. Ils pensent même que le matériel utilisé est défectueux...
C'est amusant de voir comment des découvertes majeures peuvent avoir lieu par hasard, si je puis dire, sans préméditation de la part des chercheurs. L'auteur suit le cheminement de leurs pensées, de leurs doutes, c'est très intéressant de les voir hésiter, mesurer à nouveau avant d'oser annoncer l'incroyable découverte au monde scientifique qui les entoure.
Le livre reprend les différentes théories qui ont permis l'évolution des idées en matière d'astronomie. Il cite les grands hommes qui ont fait avancer la science, et s'arrête un temps sur leur parcours parfois atypique.
Il nous parle aussi de tous ceux qui ont participé à la recherche autour de ces exoplanètes, sans jamais avoir pu prouver leur existence. Ils avaient le plus souvent toutes les clés en main, mais n'ont pas envisagé le problème sous le même angle que Michel Mayor et Didier Queloz, ni effectué les mêmes mesures.
Le livre documentaire est plaisant à découvrir même si je n'ai pas tout compris je vous rassure, il m'a donné envie d'en savoir plus. Il est étayé de nombreux encarts explicatifs (sur le spectre lumineux, le calcul des distances, notre système solaire par exemple...), de photos noir et blanc montrant l'intérieur des observatoires, les chercheurs en action, de tableaux (un en particulier explique les différences entre planètes, étoiles et naines brunes...) et quelques photos couleurs.
Enfin une chronologie des découvertes en astronomie permet en fin d'ouvrage de repérer les évènements incontournables et bien entendu de replacer les hommes dans ces découvertes.
A savoir : Plus de 4000 exoplanètes sont désormais recensées ! Il était temps que ces premiers chercheurs soient récompensés par un Prix Nobel, plus de 20 ans après pour leur découverte.
Pour terminer, je vous propose de visionner une courte vidéo (d'autres existent, nombreuses sur leurs travaux) qui résume parfaitement bien l'état des recherches aujourd'hui.