Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Il y a des livres ainsi, qui viennent vers nous alors qu'on ne comptait pas les lire tout de suite et même peut-être jamais...C'est le cas de celui-ci !
Juste avant le confinement, alors que je me promenais tranquillement dans mon village, voilà que ce roman que je n'avais pas voulu lire lors de sa sortie vue le sujet et ce qui en avait été dit, m'attendait, gentiment posé sur la boîte à livres, tout neuf et encore emballé sous plastique ! Evidemment vous me connaissez à présent, je n'ai pas pu résister...
C'est ce que Papy dit toujours. Si tu commences à déformer les choses, tu risques de ne plus jamais pouvoir les reformer...et chaque jour qui passe te prive d'une partie de toi-même.
Julia (Turtle ou Croquette...) a 14 ans. Elle vit seule avec son père sur la côte nord de la Californie.
Depuis que sa mère est morte, celui-ci a établi des rituels bien précis, censés les rapprocher davantage mais qui en fait l'étouffent et l'angoissent. Elle n'aime pas aller à l'école et fuit toute personne, camarades de classe ou professeur (comme Anna par exemple), qui tentent de percer sa carapace et de chercher à la comprendre, espérant ainsi qu'elle s'épanche un peu plus sur ses problèmes. Elle, ce qu'elle veut avant tout...c'est passer inaperçue !
Son école à elle, c'est l'école de la vie, les longues balades en solitaire sur les plages ou le long des ruisseaux, dans les forêts ou dans les prairies avec pour toute compagnie, un pistolet avec lequel elle sait tirer, car son père le lui appris depuis qu'elle est toute petite.
À la maison tout est différent. Son père est machiavélique et a sur elle une emprise considérable. Il est violent, abusif mais très charmeur et énormément cultivé ce qui fait qu'elle ne peut s'empêcher de l'aimer et de le détester à la fois (c'est le bien connu syndrome de Stockholm).
Il a élevé sa fille dans cette maison isolée comme si elle devait demain être attaquée par un commando et qu'il leur faudrait survivre, l'obligeant à nettoyer son arme, à la remonter dans le noir tous les jours et à l'utiliser dans des conditions extrêmes et dangereuses.
La menace qui pèse en permanence sur Julia, devient de plus en plus difficile à gérer pour la jeune adolescente, car la violence est bien réelle : verbale, psychologique et physique et en plus, vous vous en doutez, il abuse d'elle. C'est un être toxique à tous les sens du terme...
Un jour alors qu'elle a fui son père, elle s'éloigne trop de chez elle, la nuit tombe et elle se perd dans la forêt. Elle y croise deux garçons encore plus perdus qu'elle, qu'elle va donc "sauver" en leur permettant de survivre jusqu'à la levée du jour. Un des deux est Jacob, l'autre Brett, le fils d'une amie de sa mère.
Cette amitié naissante va bouleverser la jeune fille qui décide de prendre de la distance avec sa vie de famille, et surtout avec son père, mais tout n'est pas si simple pour elle, et même si elle a appris au fil du temps à se protéger comme elle le peut, il faudra bien qu'un jour elle se libère du joug qui fait de sa vie un enfer...
Je le déteste pour quelque chose, quelque chose qu'il fait, il va trop loin et je le déteste, mais je me montre incertaine dans ma haine ; coupable, pleine de doutes et de haine envers moi-même, presque trop pour réussir à le lui reprocher ; ...
alors je franchis à nouveau les limites pour voir si j'ai raison de le détester ; je veux savoir.
C'est un roman poignant et douloureux entre le thriller et le récit réaliste, dont on ne peut décrire les détails sans entacher gravement le ressenti de celui qui ne l'a pas encore lu. Tout est question d'ambiance.
Il démarre assez lentement avec beaucoup de répétitions (les rituels dont je vous parlais au début). Peu à peu, le lecteur s'englue dans ce quotidien, oublierait presque de voir et de comprendre, ce qu'il y a à voir et à comprendre, comme l'ont fait la plupart des adultes qui ont pu un jour s'inquiéter pour Julia, y compris le grand-père aimant qui ne veut pas voir ce qui est sous ses yeux.
La solitude de cette toute jeune fille, sa façon de survivre à l'insoutenable, son combat pour s'en sortir lors de l'abandon de son père, un combat qui va l'amener à presque mourir de faim sans qu'elle puisse, par peur des représailles, accepter la main qu'on lui tend...tout dans ce roman est terriblement révoltant.
Je n'en dirai pas plus, juste que je ne suis pas prête d'oublier cette lecture...car c'est un livre fortement dérangeant ce qui explique que les avis de lecture lus ici ou là sur le net, soient énormément divers.
Ce roman a été le livre phénomène aux États-Unis en 2017. Il a reçu de très nombreux prix littéraires. Il est vrai qu'il est très américain, que les armes sont omniprésentes ce qui ne m'a pas particulièrement plu je le reconnais.
J'ai trouvé aussi que parfois c'était trop et que du coup, le roman perdait en crédibilité.
Je n'adhère donc pas en totalité à l'enthousiasme qui a suivi sa parution, mais je ne regrette pas non plus cette lecture, difficile mais qui a su me toucher sans être pour autant un coup de cœur.
A vous de vous faire votre propre opinion...si vous y arrivez.
En attendant, vous pouvez aller lire l'avis de Marion ci-dessous...qui m'avait convaincu de le lire un jour !
My absolute darling de Gabriel Tallent (2018) - blondes and littéraires
J'en parle tardivement car il a soulevé la toile lors de sa sortie : un roman qui ne laissera personne indifférent. Qui vous plaira sans doute tout en vous donnant envie de le laisser dans un coi...
http://blondes-and-litteraires.over-blog.com/2020/03/my-absolute-darling-gabriel-tallent.html
Et celui de Violette...qui m'avait fait hésiter !
My absolute darling de Gabriel Tallent - Le blog de Violette
Julia, surnommée Turtle, vit seule avec Martin, son père, dans une maison isolée dans la forêt. Martin est un homme intelligent, cultivé, fort et toutefois sauvage, fou, barbare, possessif ...
http://doucettement.over-blog.com/2018/12/my-absolute-darling-de-gabriel-tallent.html