Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Chaque fois que je repense à ce qui s'est passé, je cale toujours sur ce vieux proverbe : Ne regarde pas où tu es tombé, mais plutôt où tu as trébuché.
L'auteur que je ne connaissais pas a obtenu à l'automne dernier le Prix du Premier Roman étranger pour son dernier livre "Les patriotes", que je lirai sans doute un jour quand les médiathèques rouvriront leurs portes.
C'est donc en recherchant ce qu'elle avait écrit d'autres, que je suis tombée sur ce recueil de nouvelles parfait pour lire en vacances quand on veut juste lire un peu tous les soirs avant de s'endormir et durant cette période de confinement où parfois nous avons du mal à nous concentrer sur un livre trop long.
Maintenant, il voulait entrer dans la police . Bravo ! Pendant ce temps, elle était toujours serveuse, sa propre vie était en suspens depuis près de deux ans. Elle s'efforçait de ne pas lui en vouloir ; il essayait sans aucun doute de lui montrer qu'il "pensait à l'avenir". Mais un avenir avec Ryan, ce serait comme rester en Russie. Des types dans son genre, on en trouvait dans tous les coins de rue à Dolsk, qui juraient qu'à partir de lundi, ils allaient mener une vie irréprochable.
Les personnages de ce recueil ont presque tous voulu fuir leur pays d'origine, la Géorgie ou la Russie, pour s'exiler en Amérique, mais leur nouvelle vie ne correspond pas vraiment à leurs attentes. Il en est de même pour ceux qui sont restés là-bas qui regrettent de ne pas être partis.
Alors pour avancer dans la vie, tous s'accrochent à leurs rêves...
En fait je devrais dire "toutes" car ce sont essentiellement les personnages féminins que j'ai aimé dans ce recueil. Les hommes sont peu présents et leur vie n'est racontée qu'à travers le regard de leur compagne.
Ilona se retrouve dame de compagnie à son insu.
Maia est déçue par la venue de son fils Gogi qui ne comprend que tout ce qu'elle fait c'est pour lui mais qu'elle n'est pas riche pour autant et ne peut donc pas tout lui acheter et céder au moindre de ses caprices.
Victor veut faire la connaissance d'Alina parce qu'il a été dans sa jeunesse amoureux de sa mère, mais aucun lien ne peut pour autant exister entre eux.
Rachid est pris entre deux femmes, Asal et Goulia et les aiment toutes les deux.
Anya et Ryon s'aimaient mais il est devenu violent...
Quand Lev accueille sa nièce chez lui, il comprend qu'elle n'a fait de détour que pour lui soutirer de l'argent, pas pour le voir.
Lera se fait tout voler par son mari parce qu'elle lui faisait une confiance aveugle.
Larissa vient passer quelques jours chez sa tante, et profite pour revoir son ancienne amie. Elle a fui son amant américain qui l'a entraîné dans une affaire pas très claire. Pour elle qui est comptable, impossible pour autant de fuir la réalité de sa faute...
Quelle autre explication donner ? pensa-t-elle. Pouvait-elle dire qu'elle avait suivi en Amérique un homme qui n'était pas son mari ? Un homme dont l'épouse était sa meilleure amie et qui avait eu une liaison avec elle uniquement parce qu'il allait bientôt quitter le pays et croyait qu'elle y resterait ?
Chacune de ses huit nouvelles profondément humaines, est teintée de l'espoir d'une vie meilleure et de regrets pour ce, et ceux, qu'on a laissé là-bas. C'est ce qui fait toute la force de ces récits de vie.
Ces femmes sont prêtes à tout, même à s'unir avec un homme qu'elles n'aiment pas, pour obtenir leur carte de séjour. Elles acceptent n'importe quel boulot et travaillent souvent dans des conditions totalement inhumaines.
L'exil les oblige à vivre éternellement entre deux mondes, deux cultures, comme si elles-mêmes étaient des êtres doubles pour toujours.
J'ai trouvé que l'auteur avait beaucoup de talent, car c'est difficile d'écrire des nouvelles. Or elle arrive très vite en quelques mots et quelques phrases à nous faire entrer dans la vie de ses personnages, dans leur maison ou leur lieu de travail, à nous faire partager les moments de joie, les incidents, les drames...
Il faut dire que l'auteur sait de quoi elle parle puisque à l'âge de huit ans, elle a tout quitté pour émigrer aux Etats-Unis avec sa famille.
Elle nous décrit avec beaucoup de finesse et de sensibilité, mais aussi beaucoup de justesse, l'instant où tout a basculé dans leur vie, où les personnages ont compris que rien ne serait plus comme avant, qu'ils avaient été trompés parfois par ceux qu'ils aimaient le plus, mais où ils ont tenté tout de même de continuer à vivre et à espérer.
Ne vous attendez pas à une chute vertigineuse pour chacune de ces nouvelles, juste un élément parfois a changé, un espoir est apparu, ou bien la vie continue tout simplement, comme avant.
J'apprends en rédigeant ses lignes que ces nouvelles avant d'être réunies dans ce recueil, ont toutes été publiées dans le "New Yorker" et "The Atlantic Monthly".
Je me mis sur le dos. Les murs étaient drapés de gris. Les étagères et le bureau, apparaissaient comme des formes opaques entre de troubles rectangles de pénombre. Mon esprit, rendu fou à force de cogiter, était comme une porte voilée refusant de se fermer. Tu ne peux demander autant des gens, tout en attendant si peu d'eux, n'arrêtait-il pas de me dire...