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L'abbaye de Silvacane est une abbaye cistercienne fondée en 1144 par des moines venus de l'abbaye de Morimond. Elle a été bâtie dans un lieu isolé, nommé à l’époque Gontard, au milieu des marécages des bords de Durance, et des "forêts" de roseaux, où se trouvait déjà une petite chapelle qui dépendait de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille et qui avait été fondée avant le XIe siècle.
Le nom de Silvacane vient de "silva canna" ou "forêt de roseaux". Ce nom apparaît dès 1030 dans une donation faite aux moines.
Les moines remplacent le gué de Gontard par un bac pour franchir la rivière. Ils assèchent les marais, les mettent en culture et grâce aux nombreuses terres qui leur sont offertes par Raymond des Baux vers 1144, ils font prospérer l'abbaye. D'autres familles de seigneurs locaux (les Béranger en particulier), vont faire de multiples donations de terres cultivables ou de pâtures aux moines de l'abbaye.
L'abbatiale actuelle est construite en 1175 par Bertrand des Baux, le successeur de Raymond, qui désire agrandir les bâtiments. Les travaux s'achèveront vers 1230.
L'abbaye est alors en pleine expansion pendant tout le XIIIe et une partie du XIVe siècle.
Mais cela ne dure pas : les jalousies opposent les moines de Silvacane à ceux de la puissante abbaye de Montmajour, la guerre civile est partout provoquant des dégâts considérables au sein du monastère.
Les grandes gelées de 1364 anéantissent les récoltes d'olives et de vin, et marquent le début de son déclin. La Grande peste décime les habitants de la région et perturbe son économie. En 1440, les inondations de la Durance détruisent en partie les cultures et endommagent durablement le monastère. Enfin, les débuts de l'imprimerie enlèvent aux moines leur rôle important de copistes.
Silvacane est alors quasiment inhabitable et déserte...
L'abbaye est ensuite annexée à la cathédrale Saint-Sauveur d'Aix-en-Provence en 1445. Elle devient ensuite église paroissiale de La Roque-d'Anthéron en 1513. Puis elle sera occupée pendant les guerres de religion, alternativement par des catholiques et des protestants.
La Révolution va entraîner son abandon puis sa vente. Elle devient bien national et les bâtiments sont alors utilisés comme exploitation agricole. L'église sert de colombier, le réfectoire de grenier à foin, et la salle capitulaire d'écurie.
Son classement aux Monuments Historiques en 1840 et son rachat par l'état en 1846, vont permettre de la sauver et surtout de la restaurer...
Elle sera en particulier restaurée par Henri-Antoine Revoil, puis par Formigé (père ? ou fils ?), architectes aux Monuments Historiques.
De nombreuses fouilles entre 1952 et 1998, ont permis de mettre à jour des éléments oubliés que les visiteurs peuvent aujourd'hui admirer et que je vous montrerai au fil de mes articles, comme par exemple les salles annexes...
Aujourd'hui, l'abbaye se situe toujours dans un cadre bucolique, un lieu paisible et retiré des grands axes, bien que tout proche du village de La Roque-d'Anthéron.
Dès l'entrée, on peut admirer le bassin, un ancien canal, agréablement planté.
Depuis 2008, elle est devenue propriété de la municipalité. L'été vous pouvez venir y écouter de prestigieux concerts lors du Festival de Piano de la Roque-d'Anthéron, ainsi que du Festival International du Quatuor à cordes du Luberon.
En plus de ces concerts saisonniers, elle est tout au long de l'année, le siège d'animations de toutes sortes, comme par exemple des expositions de peinture, des journées thématiques et des conférences, comme ce spectacle au moment des Journées du Patrimoine.
L'abbaye de Silvacane fait partie des "trois soeurs provençales", donc des trois abbayes cisterciennes de Provence, avec l'abbaye de Sénanque dans le Vaucluse, et celle du Thoronet, dans le Var. Toutes trois témoignent de l'importance de l'ordre cistercien dans la région.
Voici l'abbatiale vue de l'extérieur. Elle est totalement bâtie en pierre de taille assemblées régulièrement et recouverte de tuiles qui ont remplacé au XIXe siècle le dallage d'origine en pierre.
Le clocher, de petite dimension, a une forme carrée sans toit et percé de baies géminées en plein cintre, séparées par une colonnette. D'en-bas on ne voit pas bien les détails...
La façade principale du XIIIe est formée de trois parties séparées par de larges contreforts.
L'abbaye de Silvacane nous offre une architecture romane, sobre, voire austère et dépouillée, en parfaite harmonie avec les préceptes de l'Ordre de Cîteaux.
Les grandes baies en plein cintre sont un bel exemple de cette architecture romane. Nous en avons trois sur la façade principale, juste au-dessus du portail. Au-dessus de ces baies, une rosace permet d'éclairer la nef.
Le portail est surmonté par une triple voussure. Je n'ai pas pu le prendre plus en détails car il y avait constamment du monde devant !
Les parties latérales de la façade sont chacune percées d'une porte et d'une fenêtre en plein cintre comme on peut le voir sur les photos générales.
Pour la visite, il faut, à partir du parking, emprunter un petit sentier qui nous mène à l'ancienne hôtellerie de l'abbaye. C'est là que le visiteur doit prendre ses billets...
Et voici pour les puristes le plan d'ensemble tel qu'il nous est présenté sur internet et pour les poètes, le même dans sa version artistique.
Et voici, pour terminer cette présentation générale, l'abbaye de Silvacane, vue sous les pinceaux de Chinou que je vous invite à aller visiter sur son blog si vous ne la connaissez pas encore...
J'ai été heureuse de redécouvrir ce lieu que je n'avais pas revisité depuis longtemps et cela, malgré la pluie et le temps gris qui a un peu gâché nos journées du patrimoine cette année, comme je vous l'ai déjà dit...
J'espère que je vous ai donné envie de découvrir cette abbaye plus en détails, ce que nous ferons prochainement, enfin comme d'habitude... si vous le voulez bien !