Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Il est possible qu'elle (la souche) soit le siège d'une sorte de cerveau de l'arbre.
(...)
Alors, les plantes ont-elles un cerveau ? Sont-elles intelligentes ? Ce n'est rien de dire que le débat qui anime la communauté scientifique depuis des années est vif.
La graine qui tombe d'un arbre n'est jamais sûre que le vent ou un animal ne la transportera pas ailleurs. Et une fois qu'elle a germé, bien souvent dès le printemps suivant, les dés sont jetés : la jeune pousse est liée au microlopin de terre que le hasard lui a attribué et force lui est de s'en accommoder.
J'ai lu ce livre durant l'été dernier et il était vraiment temps que je vous le présente !
Peut-être l'avez vous lu, vous-aussi ?
Il a été acclamé par les médias et traduit dans le monde entier. Évidemment, le ressenti de chacun est forcément différent selon nos connaissances de base.
Je précise aussi que je ne l'ai pas lu dans sa version illustrée, qui est très belle et rend la lecture d'autant plus agréable.
L'auteur est un passionné. C'est un forestier. Il aime les arbres et la forêt. Il s'appuie sur les dernières connaissances scientifiques (pas toujours assez détaillées à mon goût mais je pense qu'on doit trouver des infos sur le net à partir des noms des chercheurs) pour nous démontrer que les arbres sont des êtres vivants, capables de communiquer entre eux, à leur façon bien entendu, et de s'adapter à une éventuelle agression : manque d'eau, de lumière, sol inadapté...
J'en étais persuadée au préalable et peut-être est-ce parce que je n'ai pas suivi le conseil à la mode, de prendre ce livre sous le bras et d'aller m'installer sous un arbre pour le lire que je n'ai pas été autant enthousiasmée par ses propos que d'autres lecteurs...quoique par moment, je l'admets, ce livre sait être très poétique.
Je sais aussi par expérience, qu'au cœur d'une forêt, nous sommes nombreux à avoir l'impression de nous ressourcer...
Le positif...
L'auteur sait très bien transmettre sa passion. Et je suis bien persuadée qu'au-delà de ses propos_ qui ne sont pas tous compréhensibles par les néophytes_ les nombreuses anecdotes qui étayent le récit, sont responsables en partie du succès de ce livre. L'auteur sait raconter et donc captiver son public.
Ce livre peut donner envie à des citadins, de découvrir la forêt et d'avoir envie d'aller s'y promener sans avoir peur de s'enfoncer sur les chemins. Il peut nous donner à nous, qui baladons déjà beaucoup dans la nature, l'occasion d'observer des phénomènes à côté desquels nous serions passés sans nous poser de questions.
L'auteur y fait aussi son mea culpa de forestier et c'est intéressant. Evidemment, on comprend bien que pour lui, gérer aujourd'hui une forêt, soit devenu à présent un acte différemment réfléchi...
Le chapitre sur l'importance du sol forestier est particulièrement enrichissant, car il est la clé de tout l'équilibre forestier et finalement la clé du maintien de la biodiversité.
Une poignée de terre forestière contient plus d'organismes vivants qu'il y a d'êtres humains sur terre. Une cuillère à café contient déjà à elle seule un kilomètre de filaments de champignons. Tous ces organismes ont une action sur le sol ; ils le modifient, l'amendent, lui donnent sa valeur pour les arbres.
Le négatif à mes yeux...
C'est essentiellement la vision beaucoup trop anthropocentrique de la forêt et des liens qui unissent les arbres entre eux. Cela m'a par moment considérablement gênée. Je comprends que l'auteur s'adressant plutôt à des néophytes ait besoin de sans cesse comparer ses propos à ce que l'on connaît déjà.
Mais je ne sais pas pourquoi, dès qu'on parle de vulgarisation scientifique, les professionnels ne savent pas exprimer leurs découvertes ou le résultat de leurs recherches autrement qu'avec des mots et des ressentis d'humains.
Où est la rigueur scientifique dans tout ça ?
Soit on est dans un ouvrage scientifique, et la rigueur doit primer, les mots difficiles éventuellement expliqués, soit on est dans une fiction et alors tout est permis !
Cet entre-deux ne me convient pas et je trouve même qu'il entraîne une certaine confusion dans les esprits. Je parle pour les adultes que nous sommes évidemment, pas pour un livre qui s'adresserait à des enfants, quoi que...
J'ai été vraiment surprise par sa façon d'exprimer certains événements.
D'après lui, les arbres perdent volontairement leurs feuilles pour que leurs branches ne soient pas cassées par la neige. Euh, je caricature un peu ! Ce ne serait pas plutôt parce qu'ils les perdent que cette espèce d'arbre a pu s'adapter à ce milieu-là !
Je trouve que souvent l'auteur raisonne ainsi "à l'envers" des théories de l'évolution. Bon, pour être honnête, il parle tout de même d'évolution en toute fin d'ouvrage.
Autre point négatif : Il y a beaucoup trop de répétitions et à mes yeux, diluer les infos n'était pas nécessaire. D'un autre côté, en écrivant ces lignes je pense que pour les néophytes, les répétitions peuvent permettre de mieux comprendre certains phénomènes, si elles ne lassent pas le lecteur avant.
J'ai trouvé aussi que l'auteur oubliait de nous dire en conclusion, ce qu'il faudrait faire pour préserver la forêt en-dehors de nos frontières et je trouve que cela aurait été très important de le faire même si le sujet principal de son livre n'était pas là. La moitié des forêts tropicales ont été en effet aujourd'hui défrichées. La forêt amazonienne est une forêt primaire qui ne se reconstituera jamais...
Il faut donc tenter de ne plus participer, même indirectement, à la destruction des forêts, même si elles sont loin de chez nous.
Ce livre est donc intéressant mais certains sujets auraient mérités d'être davantage développés, même en conclusion. L'auteur nous "vend du rêve à la mode", mais est bien trop éloigné de la réalité d'aujourd'hui.
C'est donc un beau voyage mais quand on médite un peu autour de ces arbres et des forêts, l’atterrissage est bien douloureux ...
Si nous voulons que les forêts jouent pleinement leur rôle dans la lutte contre le changement climatique, nous devons les laisser vieillir. Les principales associations de protection de la nature ne demandent pas autre chose.