Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Mes fraudeurs de parents aimaient viscéralement l'argent.
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L'argent est le Tout ; le condensé de tout ce qui s'achète dans un monde où tout est à vendre. Il est la réponse à toutes les questions. il est la langue d'avant Babel qui réunit tous les hommes.
Ils avaient tout perdu, y compris leur pays. Il ne restait plus rien de la Tunisie française de mon père, rien non plus de la Vienne juive de ma mère. Personne avec qui parler le pataouète ou le yiddish. Pas même les morts dans un cimetière.
En la couvant des yeux avec fierté, mon père...disait d'elle qu'elle était comme une oeuvre d'art : très belle, mais d'une valeur d'usage absolument nulle.
- Collectionneuse de feux d'artifice ! Mais comment tu veux collectionner une chose pareille ?
- Dans ma tête. Je voyagerai autour du monde pour les voir.
- Tu es la première collectionneuse de feux d'artifices que je rencontre ! Enchantée.
Là, elle a hélé un photographe de ses amis afin qu'il immortalise ce moment inédit. Elle a fait tirer deux photos. Une pour moi et une pour elle.
Patience Portefeux travaille comme traductrice judiciaire. Elle passe ses journées à traduire de l'arabe en français les conversations des petits ou gros malfrats mis sur écoute et participe souvent aussi à leur interrogatoire.
Devenue veuve jeune, elle a élevée seule et sans argent ses deux filles, adultes aujourd'hui. A 53 ans elle voit sa vie et ses désirs réduits à néant, n'ayant comme loisirs que de s'occuper de sa mère placée en EPHAD, une mère égoïste et dépensière qui en plus ne l'a jamais aimé.
Elle sait aussi que le Ministère qui l'emploie la paie au black depuis des années et donc qu'elle n'aura aucune retraite et ne laissera rien à ses filles...
Pourtant son enfance ne l'avait pas préparé à cette vie-là. Son père était dans les affaires et leur offrait une belle vie et de belles vacances même s'il n'était jamais là. Et elle dans ses robes à smocks de petite fille modèle n'en perdait pas une miette de ce qui se passait autour d'elle...
Un jour, elle se prend d'affection pour une famille de trafiquants marocains, parce qu'elle trouve le garçon travailleur et sérieux. Lorsqu'elle découvre que c'est en plus le fils d'une des employées de l'établissement où réside sa mère, elle n'hésite pas un instant à enfreindre la loi et à la prévenir que celui-ci va être arrêté. Il sort de l'autoroute et planque la drogue. Il n'en fallait pas plus pour que Patience franchisse la ligne rouge...elle devient la Daronne, assurant ainsi un avenir à toute sa famille et enterrant à jamais ses inquiétudes pour l'avenir.
Je trouve que ce roman considéré comme un polar sort vraiment des sentiers battus...
Le style de l'auteur, concis et percutant, empli d'humour et de réflexions sur le fonctionnement de notre société, est une découverte pour moi qui n'avait encore jamais rien lu d'elle.
Dans ses pages, elle traite avec réalisme du trafic de drogue mais avec autant d'ironie et de réalisme, du fonctionnement des EPHAD par exemple, tant au point de vue des personnels que des conséquences de leur coût exorbitant, pour les familles.
Les personnages sont tous attachants parce que l'auteur a une façon bien à elle de nous les décrire et de nous montrer aussi bien leur force que leur faiblesse.
Un roman court (172 pages à peine) que j'ai aimé pour son côté "politiquement incorrect". Et oui de temps en temps cela fait du bien !
L'auteur est avocate pénaliste. Elle est également scénariste, ce qui ne m'étonne guère vu le rythme particulier donné à ce roman qui a obtenu en 2017 le Prix du Polar européen et le Grand Prix de Littérature Policière.
Je me fis la remarque qu'on ne se souvient jamais de ce qu'on pensait enfant des événements dont on a été témoin ; à peine se les représente-t-on, comme s'il s'agissait d'une fiction ou d'histoires qui sont arrivés à une autre personne.
La directrice les nomme "les résidents", jouant ainsi avec un certain humour sur l'incertitude orthographique de ce mot. "Résident" avec un "e" comme citoyen d'une résidence et non un "a" comme des personnes qui habitent quelque part...et qui peuvent en repartir quand elles le veulent.