Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Près de la ville de Salon-de-Provence, se trouve un massif de collines, propice aux randonnées pédestres ou en VTT, le Tallagard (que l'on trouve aussi parfois écrit "Talagard" avec un seul "l"). Cette petite "montagne" offre aux promeneurs de nombreux vestiges et, en saison, elle leur permet de découvrir la flore de la région mais aussi de magnifiques paysages et de belles vues sur les environs...
Il y a quatre sentiers de randonnées balisés. Pendant les vacances de noël, nous avons découvert une partie du Sentier de la Pastorale, mais comme il y avait trop de mistral et qu'il faisait froid malgré le soleil, nous avons écourté la balade...à cause de nos pitchounets qui étaient avec nous. Nous y retournerons donc un jour de printemps pour profiter de la flore de la garrigue.
Sur des chemins bien balisés, de nombreux panneaux explicatifs permettent de mieux comprendre la vie de nos ancêtres. Bories et restanques nous font découvrir l'importance du pastoralisme et de l'agriculture sur cette petite montagne de Provence.
La montée à partir du parking se fait à l'abri des pins et des chênes. Au départ le chemin est balisé comme un sentier botanique et de nombreuses pancartes montrent les plantes caractéristiques de la garrigue ou celles qui ont été pendant longtemps utilisées pour les cultures...comme ici l'olivier.
Très vite en haut de la côte, nous découvrons un mur ancien, encore en bon état malgré quelques trouées. C'est le mur aux pierres percées.
Ce mur de pierre sèche servait à protéger la culture de la vigne. Il est entièrement bâti en molasse, une roche à la couleur caractéristique, très utilisée pour les constructions en pierre.
Tout le long du mur, des pierres plates percées sont insérées dans la construction à une certaine hauteur. Elles forment des saillies espacées. Elles permettaient de fixer des tuteurs, le long desquels les vignes pouvaient grimper.
Lorsqu'elles se trouvent isolées, ces pierres ont un usage différent. Près d'une construction, elles servaient à attacher l'âne ou le cheval, en pleine garrigue, à fermer un portail qui empêchait ainsi les bêtes de gambader librement dans les plantations.
J'avoue que je n'avais jamais vu ce genre de mur ! Pourtant je me suis souvent baladée sur le Tallagard lorsque j'étais enfant. Il est vrai qu'à l'époque, le Tallagard était nettement plus sauvage et que sans doute la végétation masquait ces vestiges, ou bien nous sommes passés à côté sans les voir...
De l'autre côté du mur, des plantations de jeunes cèdres commencent à prendre du volume.
Un peu plus haut sur le chemin, nous retrouvons d'anciennes calades et plusieurs bancaus (=terrasses, restanques) superposés. Ils ont été replantés en oliviers récemment.
En Provence, les calades se retrouvent aussi bien dans les villages qu'en campagne. Elles servent à tenir les sols en pente et à éviter leur érosion ce qui facilite le passage des hommes et des animaux. Les calades des campagnes sont faites avec des pierres grossièrement taillées. Je le rappelle ici, les pierres sont disposées sur chant.
Les bancaus, ou restanques permettaient de cultiver plus facilement les terrains en pente. De plus lors des pluies, l'eau au lieu de ruisseler, inondait les parcelles cultivées.
Ces terrasses de culture ont été exploitées jusqu'au XIXe siècle. Lors de l'essor démographique de la ville, il a bien fallu augmenter les surfaces cultivables. Oliviers, amandiers, vignes, arbres fruitiers, légumineuses étaient ainsi abondamment plantés sur ces sols secs.
Nous trouvons aussi à proximité des puits et abreuvoirs qui étaient utilisés pour les animaux.
Les puits sont construits en pierre sèche ce qui leur permet d'être directement en lien avec les nappes souterraines.
A noter que les puits ne sont quasiment plus alimentés de nos jours. Les sources ont été détournées et l'arrêt des cultures et du pastoralisme, a entraîné la repousse abondante de la végétation. Les racines des arbres pompent l'eau de la nappe qui s'assèche.
Sur les photos ci-dessous, le dernier puits présente à côté un abreuvoir directement creusé dans la roche en place...
Partout le sentier longe des murs en pierre sèche, et de temps en temps dans les murs des bancaus, on trouve des escaliers volants qui comme leur nom l'indique ne servaient pas à s'envoler, mais bien à franchir le mur pour passer plus rapidement à pied d'un bancau à l'autre évitant ainsi de piétiner certaines cultures.
Les escaliers sont formés d'une pierre plate plus longue, bien insérée dans le muret de pierre lors de la construction. Si une marche était cassée, elle ne pouvait pas être remplacée.
Enfin, sur le plateau, au sommet du rocher de l'Enclume, une table d'orientation nous permet d'avoir une vue aérienne sur la ville de Salon-de-Provence, sur le massif des Alpilles et jusqu'à Fos-sur mer en direction du sud.
Voilà notre balade terminée pour aujourd'hui et, comme d'habitude, si vous le voulez bien...nous continuerons la balade la semaine prochaine. En attendant, je vous montre le tracé de cette courte randonnée.