Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
C'était toujours à ce moment, au petit matin, qu'il se sentait le plus vulnérable. Il pensa qu'il était un policier de trente-sept ans, qu'il essayait de mener une vie digne. Rien de remarquable, rien qui sorte de l'ordinaire. Mais c'était quoi l'ordinaire ?
"- Ces yougoslaves, dit-il. Il y en a de plus en plus.
- On devrait les renvoyer chez eux, répond son père. Ils n'ont rien à venir chercher en Suède. On a déjà assez à faire avec les Finlandais. Sans parler des gitans. Il faudrait les exterminer."
Stefan se rappelait l'échange mot à mot. Ce n'était pas une reconstruction. Son père avait dit cela et le vendeur n'avait pas réagi à la dernière phrase, "il faudrait les exterminer"...Il n'avait pas réagi.
En empruntant ce Mankell à la médiathèque, je pensais enfin faire connaissance avec le commissaire Wallander depuis que j'en entends parler ici ou là ! Et bien non, dans ce polar d'Henning Mankell c'est un policier plus jeune qui mène l'enquête : Stephan Lindman... Ma rencontre avec Wallander attendra donc encore un peu !
Stephan Lindman ne sait plus où il en est : il apprend quasiment en même temps qu'il a un grave cancer de la langue à l'issue incertaine, et que son ancien collègue de travail à la retraite, Herbert Molin, a été sauvagement assassiné.
Pour en savoir plus, mais surtout parce qu'il est mort de trouille et ne sait comment tromper son angoisse en attendant le rendez-vous fatidique de son premier traitement, il décide de partir à l'autre bout du pays, dans le nord, là où Molin s'était établi, pour tenter d'en apprendre davantage sur cette triste histoire.
Il n'a pas le droit de participer officiellement à l'enquête car ce n'est pas son secteur et en plus il est en congé maladie, mais tout de suite le courant passe avec Giuseppe, un des enquêteurs locaux et tous deux vont collaborer efficacement.
Dans la maison isolée dans la forêt, les enquêteurs ont découvert que le tueur a esquissé des pas de tango avec sa victime : les traces de sang laissées par cette danse macabre, imprègnent le parquet. C'est leur seule piste...
Pourtant Herbert Molin avait tout du retraité tranquille. Il passait son temps à faire des puzzles et à écouter de la musique, et c'est vrai, il possédait une poupée grandeur nature avec laquelle il passait des soirées à danser. Mais était-ce un crime ?
Peu de temps après, la mort frappe à nouveau sauvagement : l'unique voisin, vivant à presque dix kilomètres est à son tour assassiné...
Qu'ont-ils en commun ?
Ce polar suédois est tout ce que j'aime, un mélange d'histoire et de suspense.
Les enquêteurs sont sympathiques mais leur présence est discrète même si le lecteur entre dans leur vie privée.
L'intrigue est bien ficelée...
C'est vrai qu'on découvre assez facilement certains éléments, mais il nous manque tout de même les détails de l'affaire et le suspense est maintenu jusqu'au bout. Il faudra donc bien attendre la fin du roman, pour comprendre le fin mot de l'histoire !
Herbert Morin n'a rien à perdre et n'hésite pas à prendre des risques pour arriver à ses fins. Mais s'il arrive à découvrir la véritable identité de son ex-collègue, à dévoiler ses actions passées, il va aussi mettre le doigt sur des secrets concernant sa propre famille, qu'il aurait préféré ignorer...
Un des grands plaisirs de cette lecture est que lecteur plonge dans la campagne suédoise, dans ces petits villages perdus mais si chaleureux. Mais il découvre avec horreur que même là-bas, l'idéologie nazi a fait des ravages pendant la dernière guerre mondiale et continue aujourd'hui, son inexorable poussée.
Un polar que j'ai lu avec grand plaisir malgré le sujet sordide.
Vous pouvez lire ci-dessous l'avis de Yves qui est un grand fan d'Henning Mankell
Le retour du professeur de danse - Le blog de Yv
Le retour du professeur de danse , Henning Mankell, Seuil, 2006 Début de l'hiver dans le nord de la Suède, Herbert Molin, policier à la retraite, retiré dans cette région est sauvagement tortu...
et prendre connaissance de l'article de Laramicelle qui elle-aussi ne s'en lasse pas...
Je croyais que c'était fini. Toutes ces atrocités. Mais les idées formées dans le cerveau tordu de Hitler sont encore là. Elles sont pris d'autres noms, mais ce sont les mêmes.Par exemple, l'idée qu'il est tout à fait possible d'exterminer un peuple entier si on le juge utile. Avec les nouvelles techniques, les groupes qui propagent ces idées, n'ont aucun mal à communiquer entre eux.