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Le mur des abeilles de Cornillon-Confoux (appelé aussi mur à abeilles, brusc ou buc en Provence) est un lieu très pittoresque de balade...
En effet, en plein cœur de la pinède, se trouve un des plus importants apiers de la région ("apié" en provençal) et le deuxième de France, le plus grand mur à abeilles étant celui de Tessy-sur-Vire dans la Manche.
Le mot "apié" vient du latin "Apicio", qui signifie rucher, vous l'aurez compris !
On appelle aussi ces murs, des murs à logettes.
Ces murs sont présents dans toute la France...mais c'est cependant en Provence que ces murs sont les plus nombreux et les mieux conservés. Peut-être tout simplement parce que leur usage a été davantage prolongé dans le temps ou parce que situés, plus loin des habitations ?
Long de 60 mètres, celui de Cornillon comprend 53 alvéoles, mais en comprenait plus de 200, réparties sur tout le coteau, lors de sa construction. Cette quantité impressionnante d'alvéoles prouve que la région pratiquait déjà une activité commerciale intense autour du miel.
Presque tous les apiers de la région dateraient du XVIIIe siècle et ont été utilisés comme celui de Cornillon jusqu'à la fin du XIXe siècle. Cependant aucune date n'est visible sur celui de Cornillon. On pense que, durant les guerres napoléoniennes, suite au blocus exercé en mer par la flotte anglaise (vers 1806), la pénurie de sucre en provenance des Antilles, a favorisé le développement de l'apiculture dans la région, une apiculture qui existait déjà depuis longtemps, mais davantage à l'échelle familiale.
Bon nombre d'apiers ont continué à être construits au début du XIXe siècle un peu partout en France.
Le plus vieil apier de Provence serait celui de Salon-de-Provence dont je vous parlerai un jour prochain...
En Provence, les apiers étaient construits en pierres sèches et disposés de façon à ce que le soleil protège de ses rayons, les ruches en paille (en bois ou en liège parfois) qui étaient placées bien à l'abri des intempéries dans des alvéoles et bénéficiaient ainsi de la chaleur emmagasinée par les pierres.
Le plus souvent, ils étaient intégrés à un mur. Le mur de Cornillon est lui-même intégré à une restanque. Parfois les murs peuvent être intégrés au mur d'une maison ou bien encore d'un enclos.
Voici une vue prise par dessus le mur...qui vous montre la restanque mais aussi les pierres plates de protection.
Il ne faut pas oublier que le froid arrive chez nous avec le Mistral et donc ces ruches se trouvaient bien à l'abri, car le mur est exposé sud- sud est.
Chaque alvéole est recouverte d'un seul linteau en pierre de taille.
Puis, au-dessus, une ou deux rangées de pierres plates taillées, permettaient de consolider l'ensemble et de protéger les ruches des intempéries.
Le fond des alvéoles, constitué par le mur de la restanque est doublé d'une grande pierre plate verticale que vous pouvez voir sur mes photos.
Les séparations entre deux alvéoles sont très variées et peuvent être en pierres bâties, ou formées d'une seule pierre taillée, épaisse et positionnée verticalement et même en tuiles parfois ce qui n'est pas le cas à Cornillon.
La base de chaque alvéole est légèrement inclinée vers l'avant pour faciliter l'écoulement des eaux et située à une trentaine de centimètre du sol, isolant encore davantage la ruche de l'humidité et du froid.
Une seule des alvéoles du rucher de Cornillon présente une cavité rectangulaire pour laquelle je n'ai trouvé aucune explication. Peut-être est-ce tout simplement une pierre récupérée à proximité de la construction ?
Aujourd'hui, les apiculteurs posent souvent leurs ruches sur des palettes : c'est à la fois pour faciliter leur manipulation, mais aussi pour éviter que les herbes en poussant, ne gênent le vol des abeilles qui ne cessent d'entrer et de sortir de la ruche. Il suffit de passer un peu de temps à observer leur va-et-vient pour comprendre pourquoi cette précaution est prise...
Le plus souvent en Provence, les ruches étaient de simples paious (ou palhous). Elles étaient construites en effet, en paille de seigle tressée et avaient une hauteur d'une cinquantaine de centimètres, pour une largeur à la base de soixante environ et trente centimètres de profondeur. Elles étaient ainsi parfaitement calées contre les parois des alvéoles du mur.
Dans les périodes plus récentes, elles ont ensuite été construites en bois avec tout simplement quelques planches astucieusement assemblées.
J'espère que cette courte balade vous a plu !
Pour la prochaine balade, nous grimperons par le chemin des bories pour visiter quelques jolies cabanes en pierres sèches.
Enfin, si vous le voulez bien...