Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Quand la vie devient art...non...quand l'art devient la vie...
Le tome 2 se terminait mal et laissait présager une suite pas du tout conforme à ce que j'imaginais. Nous sommes en 1874, toujours à Montparnasse et nous retrouvons nos quatre héroïnes.
Garance peint toujours mais s'interroge beaucoup sur sa peinture.
Veut-elle continuer à peindre des natures mortes...à utiliser ces tons neutres et finalement trop tristes ?
Elle va découvrir par hasard le courant impressionniste. Sa peinture va alors prendre un nouveau tournant, tout à fait inattendu. La jeune artiste va se passionner pour un nouveau sujet qui risque de faire parler d'elle...mais pourra-t-elle pour autant montrer aux autres ses nouvelles œuvres ?
Amélie n'arrive plus à écrire et se sent de plus en plus mal dans sa peau : elle ne se reconnaît plus et, en plus, elle a pris du poids et a perdu le goût de vivre.
Comment se remettre de l'humiliation qu'elle a subi ? Arrivera-t-elle à affronter la réalité et à aller dire ses quatre vérités, à cet odieux Gaston Blanchart, qui l'a humilié en lui volant son histoire ?
Elise se rapproche enfin de son père et ne voudrait plus du tout que sa vie soit différente. Elle revient vivre avec les filles (enfin c'est ce que j'ai compris !) pour être plus près de lui. Chante-t-elle encore ? Nous ne le saurons pas dans ce tome...
Quant à Rose-Aymée, dont l'histoire est au centre de la seconde partie de cet opus, elle va être obligée d'affronter son passé, car être modèle à cette époque, cela voulait dire beaucoup d'autres choses sous-entendues...
Et même si ses amies sont surprises de ce qu'elles apprennent sur elle, et qu'elles auraient aimé apprendre directement, rien ne change quant à leur amitié et les jeunes femmes vont se serrer les coudes.
Un vent de révolte souffle lorsqu'elles font connaissance avec un groupe de féministes affirmées, les jupes noires, dont la "meneuse" n'est autre qu'une ancienne amie de Rose-Aymée qui, comme elle, a rejeté son passé.
Amélie en verra sa vie bouleversée et elle ne sera pas la seule...
Comme si on n'existait qu'au moyen de ce qu'on montre...Merde !
C'est pas ça qui est important...c'est ce qu'on fait librement, sans contrainte, c'est ce qui compte !
Même si, bien sûr, cette BD n'est que pure fiction, elle nous rappelle que les mouvements féministes sont nés à la fin du XIXe siècle. Des femmes, dont on ne parle presque jamais, se sont battues pour notre liberté d'aujourd'hui. Elles venaient de différents milieux...Ne les oublions pas !
Voici une BD résolument moderne et réaliste dans laquelle les héroïnes s'affirment et se révoltent. Nous retrouvons de belles planches colorées, et une jolie fresque féminine et toujours aussi intimiste et sensuelle...qui ne plaira pas à tout le monde, je le sais bien, mais que j'ai trouvé agréable à découvrir.
Ce que j'ai dit, sur les précédents tomes, est toujours vrai : les couleurs, le dynamisme, les sentiments de nos héroïnes, tout est là pour une lecture plaisante, qui se "regarde" comme un tableau vivant mais, peut-on dire cela d'une lecture ?!
L'auteur a voulu nous montrer que l'histoire de ces jeunes femmes était intemporelle. Derrière leur vie quotidienne et leurs déboires amoureux, elles, qui ont une vie bien plus difficile que la nôtre et se heurtent sans cesse au pouvoir des hommes, ne désirent qu'une chose, être reconnues pour ce qu'elles font et... être libres.
Prendre le pouvoir...
les femmes n'en sont pas là...
elles en sont encore à se débattre avec elles-mêmes...
à se définir, à demander qu'on reconnaisse leur existence...
Olympe de Gouges ! Eugénie Niboyet ! Flora Tristan ! Claire Démar ! Toutes ces femmes qui ont donné leur vie, leurs forces pour la cause des autres femmes ! Elles se sont battues contre l'esclavage, ont posé les fondements d'une société nouvelle où les femmes ne seront plus considérées comme des animaux uniquement nécessaires à la reproduction...
N'est-ce pas merveilleusement inspirant ?
Bien sûr, mais...