Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
En ce temps-là j'étais un être désaccordé. Tellement désaccordé que je ne savais plus quel jour on était, ni quel mois, quelle année ou l'année de quel mois...
Voilà un premier roman qui m'a complètement dérouté...
Je l'ai pris, posé, repris, reposé et finalement terminé en le lisant dans le plus complet désordre...
C'est si rare chez moi qui adore cet éditeur que je suis donc allée me balader sur le net avant d'écrire ma chronique ce que je ne fais jamais avant, mais parfois après, afin de ne pas me laisser influencer par l'avis des autres !
Tous les ingrédients pour une réussite était pourtant là :
- Un auteur haïtien qui écrit son premier roman mais n'en est pas pour autant à ses premiers écrits, car il est poète, et un poète reconnu.
- Un sujet bouleversant puisqu'il s'agit du tremblement de terre qui a eu lieu en Haïti le 12 janvier 2010 et a fait plus de 300 000 morts et autant de blessés, sans parler du traumatisme des survivants, de ceux qui ont tout perdu, des orphelins...
- Une histoire d'amour entre deux personnes de culture différente...
J'aime en principe les auteurs haïtiens même si parfois j'ai du mal, pendant les premières pages, à entrer dans leurs écrits à cause du vocabulaire, dont je ne comprends pas toujours le sens, mais je m'accroche...
L'histoire est simple.
Le roman débute avec Bernard, il vient de s'embarquer dans un avion pour rejoindre l'Italie. Amore, d'origine italienne, dont il est tombé amoureux et qui travaille pour une ONG l'accompagne ou l'attend (je n'ai pas bien compris mais là n'est pas l'important !).
Elle lui a sauvé la vie deux fois. La première en le sortant des décombres et la seconde en lui permettant de vivre leur merveilleuse histoire d'amour.
Sept ans après, elle lui a donné envie de partir vivre en Italie avec elle pour enfin, depuis tout ce temps, se reconstruire, tenter d'oublier le drame vécu dans son pays et peut-être fonder une famille.
La vie est là et elle est belle, quoi que le destin nous réserve...il nous faut rebondir, vivre pleinement et l'amour est là pour nous y aider !
Un beau sujet... vous ne trouvez pas ?
Le problème réside dans la construction du texte.
Dans de courts chapitres (qui pourraient parfois davantage s'apparenter à des paragraphes), l'auteur nous raconte le chaos, l'indicible, les morts et les vivants sortis des décombres...
Il donne la parole à plusieurs personnes.
Ainsi, le "je" peut exprimer aussi bien le ressenti de Bernard qui parle le plus souvent, mais aussi d'Amore, de Paloma, d'un aveugle, de Romain, d'un athée, d'un évangéliste, et de bien d'autres...
Tous ont quelque chose à nous raconter en tant que témoins des événements.
Entre deux chapitres, l'auteur expose des faits, l'arrivée des ONG, la disparition des oiseaux, l'explosion des prix de l'immobilier, l'aide internationale, ce qui lui donne l'occasion de critiquer au passage l'argent mal utilisé, les ONG qui tire la couverture à eux...
Se mêlent causes et conséquences, observations et ressentis et une petite musique qui virevolte comme le ferait un papillon...et dont je n'ai pas compris la symbolique.
Les différents chapitres dont les titres évocateurs sont écrits entre crochets sont à mon avis à lire totalement au feeling, dans le plus complet désordre. Original comme lecture, non ?
Il n'y aucun fil directeur dans le roman, aucune linéarité et l'ensemble est si déroutant...qu'il est impossible d'éprouver du plaisir à sa lecture.
La lecture seule de fragments d'écrits est arrivée à me toucher. La lecture linéaire m'a perdu, voire ennuyé, l'auteur passant d'un sujet à l'autre, d'une personne à l'autre dans le chaos le plus total.
Il doit donc se transformer en papillon pour glaner ici ou là, une info, un petit morceau de phrase, une image. Cela a été pour moi la seule et meilleure façon d'appréhender ce roman qui, finalement, n'en est pas un. Pas évident de lire dans le désordre, de se demander sans cesse, où on est, qui parle et avec qui, et de deviner ce qui se cache derrière les mots...
Ce que je n'ai pas aimé : la construction du roman. Son absence de fil conducteur, le méli-mélo des mots, des phrases, des chapitres... même si je suis bien consciente qu'il traduit bien le chaos qui a fait suite au séisme.
Ce que j'ai aimé : certains fragments de phrases où la langue poétique de l'auteur s'exprime pleinement...
Les bons poètes font-ils pour autant de bons romanciers ?
Et bien, c'est la question qui me taraude depuis que j'ai lu le dernier chapitre, le seul où finalement, les événements sont compréhensibles.
Autour de moi, j'écoutais se fracasser l'univers, ma ville recevait le coup en plein coeur, elle bondissait et voltigeait dans tous les sens....De la fumée partout. Des gémissements déchirant la nuit, des appels à l'aide, des cris d'au secours...De la poussière...