Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Une cocotte Irone, fonte émaillée intérieur et extérieur, couleur rouge, vingt-huit centimètres, utilisable sur tous les feux dont induction et au four, répartition homogène et progressive de la chaleur, lavable au lave-vaisselle, garantie à vie.
...disons-le tout net, les enfants ne brûlent pas de devenir comptable. Ils déclarent, avec un aplomb magnifique, non, non, moi je serai pompier, danseuse étoile, footballeur, maîtresse d'école, président de la République, ce genre de choses. Mais comptable, non.
Tout d'abord je tiens à remercier les éditions Albin Michel, et Babelio, qui m'ont fait confiance et permis de découvrir ce roman en avant-première dans le cadre d'une Masse critique exceptionnelle. Je les remercie de leur confiance.
C'est donc un roman que je n'ai pas choisi et que je n'aurais sans doute pas emprunté spontanément en médiathèque (vue la couverture !), mais que j'ai accepté de bon coeur de recevoir et de lire.
L'histoire commence au mois de janvier...
Eugène, comptable depuis 19 ans décide de commander par internet une cocotte en fonte rouge pour mitonner de bons petits plats.
Sa vie n'est pas trépidante et il se sent souvent seul, aussi attend-il la réception de sa cocotte avec impatience.
Parfois il se rend dans un bar proche de chez lui ou traîne un peu sur internet et il rêve en lisant les commentaires des autres...
En se promenant au bord de la mer à Saint Jean-de-Luz, où il habite, il se prend à imaginer qu'il est quelqu'un d'autre. Il trouve que botaniste est un métier qui fait davantage rêver les femmes...que comptable alors il se met à se documenter sur les plantes, la protection de l'environnement et la nature en général.
Pour se distraire le soir, il regarde la télé et en particulier cette émission de télé-réalité qui fait la une des médias, "Senior Stories" dans laquelle vous l'avez deviné, ce sont des seniors qui tiennent le public, surpris mais conquis, en haleine.
Désespérant que la cocotte arrive un jour, il se décide à faire une réclamation auprès du service après-vente qui se trouve en Normandie. La réponse arrive sous forme d'une lettre-type dans laquelle, on lui demande encore de patienter...à cause du temps. Or le mauvais temps n'a duré que deux jours et il attend sa cocotte depuis des semaines.
Le transporteur, contacté, nous informe que les conditions météorologiques de ces derniers temps ont pu entraîner un certain retard.
Au fil de ses réclamations, il noue une relation avec Lucia, l'employé du service clientèle des cocottes Irone. Celle-ci finit par lui en faire expédier une autre...
La cocotte arrive enfin à la fin du mois d'avril mais tous deux vont continuer à communiquer et à échanger sur leurs régions respectives et sur leurs vies.
C'est alors que Lucia décide de répondre favorablement à l'invitation d'Eugène qui lui propose de venir chez lui déguster un plat mijoté avec la fameuse cocotte.
Mais, alors qu'elle a traversé la France pour venir le rejoindre, que leur rencontre est à la hauteur de leur attente, et que tout va pour le mieux, la terre se met subitement à vibrer, le temps semble s'arrêter un bref instant puis de plus en plus souvent, et l'air se raréfier : la planète montre des signes de faiblesse...
Les habitants s'affolent, et ne parlent plus que de ça. Ils renoncent à se rendre à leur travail, paralysant peu à peu tout le pays.
Seuls les seniors de l'émission de télé-réalité vont être capable de ne pas céder à la panique et de continuer à diffuser conseils et points de vue à l'antenne, tandis que les politiques disparaissent les uns après les autres de la circulation...et que les scientifiques planchent pour trouver une solution.
Le monde n'était donc pas invulnérable, s'étonnent certains ?
Les studios sont encerclés par des centaines de sympathisants, ils campent là jour et nuit, retransmettent le tout en direct sur les réseaux sociaux, soutiennent les papies-mamies. Ce soir ils reçoivent une délégation d'ouvriers en grève.
Voilà un roman léger et qui se lit en une soirée. Les chapitres sont courts et bien rythmés. Le texte est empreint de douceur, de poésie et, vous l'avez deviné, de bons sentiments. L'intervention d'événements surnaturels, mais qui pourraient ne pas l'être un jour, apporte une note de fantaisie dans le déroulement des événements mais peuvent surprendre le lecteur.
C'est avant tout l'histoire d'une rencontre entre deux personnes solitaires et toutes deux discrètes qui n'hésitent pas à modifier leur quotidien et leur comportement pour profiter du bonheur qui leur est offert. Ils saisissent la vie telle qu'elle se présente et en toute simplicité.
L'échange épistolaire entre Eugène et Lucia, est très touchant et empli de générosité et de douceur. Très formelle au départ, les lettres deviennent de plus en plus personnelles et tous deux, plutôt timides, se lâchent un peu.
Ce roman est aussi une critique, certes légère mais bien réelle de notre société incapable de se contenter de ce qu'elle a et qui en veut toujours plus sans que les hommes ne soient plus capables de réaliser leurs rêves de bonheur.
Seule, l'émission de télé-réalité qui est suivie par de nombreux spectateurs tout au long de la journée, fait bouger peu à peu les mentalités. D'autant plus que les seniors décident de ne pas s'en laisser conter et de transformer le loft en une tribune politique et sociale où tout le monde peut venir s'exprimer ouvertement, au grand dam du directeur de chaîne...
L'auteur glisse dans ses pages de nombreuses idées écologiques, nous incitant à réfléchir sur les conséquences d'une exploitation trop importante de notre Terre et montrant l'attitude des hommes, terrorisés au moindre couac mais ne se demandant jamais qui en est le responsable. La baleine qui grâce à son sonar peut se repérer la plupart du temps dans notre monde même perturbé, est comme un appel à la raison qui nous est lancé.
C'est donc une lecture facile mais plaisante, à la fois moderne, tendre et emplie d'humour, mais pour laquelle je ne peux pas m'empêcher d'avoir une impression de déjà vu...
Je suis cependant persuadée que ce roman plaira beaucoup aux amateurs de "feel-good" et aux jeunes adultes. Il peut d'ailleurs être lu également par des lycéens.
A réserver donc aux vacances...ça tombe bien puisque ce roman ne sort en librairie qu'à la fin du mois de mai.
Eugène lui raconte ses Pyrénées tout en conduisant. Seules les montagnes ne se rencontrent jamais, dit le proverbe...
Ici, explique Eugène, abondent les géants protecteurs ou menaçants...des nains aux pieds palmés...des fées et sur le toit de certaines maisons on peut voir des tuiles ou des pierres dressées de formes variées, ce sont des "espantabrujas", des effraie-sorcières, car ces dernières aiment entrer dans les maisons pas la cheminée...