Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Le soir même, je me met à pleurer et Paul me console. Il me répète : Tu pars quand tu veux. Mais ce que je veux, c’est rester avec lui et retrouver Vincent, aller jusqu'au bout du voyage et rentrer demain. Partir, rester.
Lili a 20 ans au début des années 80 lorsqu'elle embarque sur le Horus avec son frère Paul.
Lili et Paul ont toujours été très proches. Lui quitte sans regret Alice, la jeune femme qu'il aime, n'espérant pas qu'elle attende son retour. Lili, elle, vient de tomber amoureuse de Vincent et regrette déjà de le laisser derrière elle...mais elle a besoin de se sentir libre, loin de toute attache familiale. Faustine, la meilleure amie de Lili les accompagne et tous trois doivent retrouver Benjamin à Dakar qui les aidera à faire la traversée.
Paul a beau avoir toujours été passionné de voile, traverser l'Atlantique, même en passant par la côte africaine et le Sénégal, ce n'est pas pour autant de tout repos.
Il faut essuyer des tempêtes et d'un port à l'autre, les étapes sont parfois plus longues que prévues et toujours éprouvantes.
Aussi personne n'a le temps de s'ennuyer : ils lisent, écrivent et rencontrent aux escales des tas de gens avec qui ils sympathisent le temps de quelques dîners ou autres soirées communes. Parfois ils font même un petit bout de chemin (enfin de voilier je devrais dire) ensemble ou s'installent dans des coins paradisiaques.
Pourtant les absents sont très présents et Lili va devoir se résoudre à rentrer à Bordeaux, où elle doit retrouver Vincent.
Mais alors que son frère Paul continue seul son périple, elle va découvrir que ce qu'elle a vécu lors de cette traversée, l'a transformé à tout jamais...
Pourra-t-elle retrouver une vie dite "normale" ?
Un bonheur sourd m'empêche de trouver le sommeil. L'impatience que j'éprouvais, enfant, me revient. C'était l'été, le soir, dans mon lit ; j'essayais de fermer les yeux sans succès, la perspective de la journée suivante me débordait.
Ce livre au rythme très lent est un roman initiatique.
Ne vous attendez pas à lire une odyssée ou un récit de voyage palpitant...il n'en est rien !
Cette jeune femme qui raconte de manière quasi linéaire son voyage, n'est qu'un prétexte pour l'auteur de parler d'elle, de cette jeune femme qu'elle a été, constamment en proie à des doutes existentiels et à un sentiment de manque.
Partagée entre deux cultures, Lili devra enfin se résoudre à dire les mots que personne n'a jamais voulu prononcer, à parler avec son père de l'exil qui a marqué sa famille et l'a conduit à ne jamais se sentir pleinement bien, là où elle se trouve...car à n'être jamais nulle part à sa place.
C'est donc un beau sujet pour un roman intimiste qui nous montre les faiblesses de cette jeune femme, ses interrogations et ses doutes alors qu'à plus de vingt ans, elle n'a pas encore trouvé sa place ni affectivement, ni professionnellement et qu'elle se cherche encore...
Ce roman est facile à lire et ceux qui aiment la voile et la mer, y trouveront leur compte car beaucoup de passages relatent les manoeuvres et les difficultés de navigation, liées aux aléas du climat local.
Moi je l'ai trouvé simplement facile à lire. Le ton sonne toujours juste et j'ai été touchée par cette jeune femme adulte certes, mais encore si fragile.
J'aurais aimé par instant davantage de profondeur...mais ce roman ne montre-t-il pas, tout simplement, l'insouciance qui est le propre de la jeunesse ?
C'est le premier roman que je lis de cet auteur et j'avoue que j'aimerais bien poursuivre encore un peu le voyage auprès d'elle.
Les trois bateaux se sont retrouvés, nous nous mettons à la cape pour passer la nuit loin des récifs et approcher au matin. j'aime quand on fait ça, qu'on immobilise le bateau sans jeter l'ancre car la chaîne n'y suffirait pas, juste avec le foc à contre-vent. J'aime l'idée que le bateau se stabilise, se transforme en îlot.