Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Lorsque la lune se pose sur l'eau.
Parfois comme un oiseau.
Parfois comme un caillou.
Ce livre est un dyptique que Véronique Biefnot et Francis Dannemark ont imaginé ensemble, à partir d'une idée de Véronique Biefnot, qui l'a également illustré. Le scénario complet est donc signé Biefnot-Dannemark.
Le livre 1, "Place des Ombres", a été écrit par Véronique Biefnot. Elle y présente les personnages et met en scène le mystère qui les entoure. Le livre 2, "Après la brume", a été écrit par Francis Dannemark. Il se déroule vingt ans après et le lecteur y trouvera certaines réponses...
Vous pouvez imaginer plus facilement l'ambiance de l'histoire en venant lire des extraits sur leur site.
Parfois, je suis la lune.
Les oiseaux.
L'ami de l'eau.
Le premier roman débute en 1980, mais l'histoire elle, vous l'avez deviné, bien avant...
Lucie est étudiante en lettres et se sent seule au milieu de cette ville où elle vient de s'installer.
Elle n'aime pas prendre part aux nombreuses fêtes étudiantes et n'arrive pas à s'intégrer dans un groupe. Ses parents sont partis vivre en Italie, suite à une mutation de son père, et elle se sent un peu abandonnée loin d'eux.
Elle prend beaucoup de plaisir à lire "Les fleurs du mal" de Charles Baudelaire, un exemplaire datant de 1868, qu'elle a trouvé chez un bouquiniste. Elle a été tout de suite fascinée par la couverture et la dédicace emplie d'amour, datant de 1910, et adressée à une certaine et mystérieuse Garance...
Son ressenti, ses émotions répondent comme un écho aux vers du poète.
Lucie aime beaucoup se rendre au parc dès la fin des cours. Là elle se sent apaisée par la présence des arbres et de la nature. Mais un soir où elle s'est aventurée un peu plus loin que d'habitude dans la ville, elle se perd et ses pas l'amènent jusqu'à une très vieille herboristerie, une boutique située "Place de la montagne aux Ombres" au rez-de-chaussée d'un vieil immeuble délabré, tenue par un très vieil homme, Évariste Jussieux.
Alors qu'elle vient de connaître une vive et incompréhensible déception sentimentale, durant laquelle son petit ami, Pol l'a abandonné sans donner d'explication, Lucie retourne voir le vieil homme et sans savoir pourquoi se confie à lui.
Aussi, lorsque celui-ci lui propose quelques temps après, de s'installer dans un appartement situé au dernier étage de l'immeuble dans les anciennes chambres de bonnes, elle accepte aussitôt.
Une amitié pleine de tendresse va naître entre le vieil homme et la jeune fille. Mais celle-ci peu à peu perd le contact avec la réalité. Elle s'éloigne de ses quelques connaissances, ne va plus en cours, arrête d'écrire à son amie Maud et fait d'horribles cauchemars, durant lesquels une mystérieuse voix, lui parle.
Quelle est l'origine de ces bruits qui peuplent ses nuits ?
Pour quelle raison les fissures du vieil immeuble gagnent-elles du terrain ?
D'où proviennent les violentes douleurs qui lui nouent le ventre ?
Et pourquoi Mme Latourelle, la propriétaire ne sort-elle jamais de chez elle ?
La lourde porte avait claqué dans son dos. Lucie eut beau actionner le bouton de l'interrupteur à plusieurs reprises, le hall d'entrée resta obstinément plongé dans le noir. A tâtons, elle se dirigea vers l'escalier.Avançant avec précaution, une main plaquée contre le mur, l'autre tendue devant elle, elle atteignit la première marche de marbre et, s'agrippant à la rampe, gagna le large palier du deuxième étage...
elle fit deux pas puis s'arrêta, pétrifiée...un léger bruit de respiration parvenait de la droite.
Ce que Lucie ne sait pas, c'est que des décennies auparavant, des événements tragiques ont eu lieu dans cet immeuble et qu'en s'y installant elle a réveillé des démons, restés tapis tout ce temps dans les lieux.
C'est alors qu'elle se sent si seule et désemparée qu'elle s'aperçoit qu'un grand chien très affectueux s'est mis à la suivre, comme s'il voulait la protéger d'un danger imminent.
L'animal s'avançait vers elle d'un pas égal, réduisant calmement la distance qui les séparait. Cette fois la jeune femme décida de ne pas fuir. Et cette fois il ne se précipita pas, comme s'il avait senti qu'elle acceptait la rencontre. Il s'arrêta face à Lucie.
Maud, arrivée sur les lieux pour revoir son amie, réussira-t-elle à découvrir ce que Lucie n'a pas eu le temps de comprendre avant le drame ?
Et quels terribles liens secrets existent-ils entre les événements d'aujourd'hui et ce qu'elle-même va vivre vingt ans après ?
Car le mystère s'épaissit...
Parfois quelqu'un me parle.
Je n'ai pas de mots.
Parfois quelqu'un m'entend.
Voilà un roman à suspense, saupoudré d'un peu de surnaturel, de beaucoup de mystère et traversé par de belles et romantiques histoires d'amour, qui se lit avec un immense plaisir comme tous les livres que j'ai pu lire auparavant de ces deux auteurs (en solo et en duo) et bien qu'il soit d'un style tout à fait différent.
Dans celui-ci le passé et le présent se mêlent pour former une histoire étrange où il n'y a aucune place au hasard...car, vous l'avez deviné, tous les événements sont reliés entre eux.
Dès les premières pages, le suspense est au rendez-vous et le lecteur se laisse emporter par l'histoire...
Les personnages sont très attachants et nous entraînent dans leur sillage.
L'intervention des animaux n'est pas anodine. Il en est ainsi du chien que l'on retrouve à travers les âges mais aussi d'une corneille, d'un renard...qui interviennent à plusieurs moments du récit.
Seul dans son théâtre d'ombres et de silence, Emile Marage alluma une bougie qu'il posa sur la table avant de s'asseoir, face à sa tribu figée. Figée dans l'attente des mots qu'il allait prononcer...Comme ils avaient été patients, le renard et le chat sauvage, comme ils avaient retenu leurs ailes, les oiseaux du jour et de la nuit, les papillons, comme ils s'étaient tenus tranquilles, les lucanes cerfs-volants, les cétoines dorées ! La voix du vieil homme surgit enfin : "Vous l'avez vue, n'est-ce pas ? J'aurais pu aimer quelqu'un. J'aurais pu être aimé. J''aurais pu avoir une petite fille comme elle"...
L'écriture et les poèmes jouent un rôle très important : une partie de l'histoire est révélée dans le carnet de Garance, les romans sont imprégnés d'extraits de poèmes de Baudelaire et de références littéraires, et la poésie est aussi entre les chapitres, car de courts poèmes de trois vers, proches des haïkus viennent soutenir les propos et se retrouvent au coeur des deux romans, en miroir.
La structure est importante puisque les deux romans se répondent et que les événements se répètent, comme si les personnages échangeaient à travers le temps.
C'est un roman très bien écrit qu'encore une fois, j'ai lu avec beaucoup de plaisir.
Je remercie les auteurs de m'avoir fait confiance en me proposant la lecture de leur livre en avant-première, puisque sa sortie n'est annoncée que pour le mois de février.
Une autre fois je serai du bois.
L'arbre où se posent les oiseaux.
Je serai l'eau de la rivière.