Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
A mes sourcils froncés, elle comprit d'emblée qu'elle n'allait pas s'amuser tous les jours. Que je serais un ronchon. En même temps elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même : comment aurait-elle pu avoir un bébé dans le coup, elle qui était comtesse ? Les Rupignac étant l'une des plus vieilles familles de France, il était normal que je sois dès ma naissance un bébé démodé, un antimoderne, un croûton dans la malle...
Le héros de ce roman pas comme les autres est né en 1985 dans une famille issue de la noblesse depuis de longues décennies, les Rupignac... Le petit François va souvent passer la journée chez le général à la retraite, son grand-père et la duchesse, sa grand-mère et bien sûr comme tous les enfants du monde, il adore ses grands-parents.
Sa famille noble influence considérablement sa vision des choses et ne l'aide pas vraiment à s'intégrer dans le monde d'aujourd'hui. Il en devient rebelle, mauvais élève et mauvais garçon...
Heureusement qu'une fois casé en pension, il va faire la connaissance de Pierre, un garçon plus rebelle que lui, mais très cultivé et mystique à ses heures. Devenus étudiants, ils vont créer le "Club des vieux garçons", une sorte de société secrète privée qui se réunit à ses débuts, chez la grand-mère puis, au sous-sol du célèbre Jockey Club, grâce à l'entre-gens dont François bénéficie. Dans ce club qui n'est toutefois pas exclusivement réservé aux garçons, toute relation autre que platonique et intellectuelle, est formellement exclue.
François va engloutir une partie de la fortune familiale grâce aux dons financiers de son oncle Albert, un vieux célibataire sans enfants, passionné de safari et chasseur hors pair. Le champagne coule à flots et les beuveries philosophiques durent tard, souvent jusqu'au petit matin...
François se sent chez lui au milieu de tous ces célibataires qui, comme lui, vivent décalés par rapport à la société tout en refusant de s'y insérer. Une génération de jeunes plutôt perdue, car à la recherche de repères que pour la plupart du temps les familles ont oublié de leur donner...
Ils sont tous devenus désabusés et... très alcooliques, prêts à renier leurs origines tout en tapant dans la caisse, puisqu'après tout elle est là et bien remplie.
Dix ans plus tard, François va se rendre compte de son erreur...des années perdues, des excès de boissons et de toutes ses extravagances passées.
Différemment désabusés, nous aspirions tous les deux, à l'anarchie- une anarchie qui restait à définir.
Ce mot usé était à réinventer. Nous ne voulions pas d'une anarchie anarchiste, d'une anarchie anarchique, chiquée, d'une anarchie classique et scolaire. Nous la voulions neuve, ambiguë, déconcertante, déconnectée de toute idéologie. En un mot : artistique.
Un livre qui ne m'a pas trop tenté au départ, vu que ce milieu ne m'intéresse pas du tout, mais que j'ai lu finalement sans aucun déplaisir.
J'ai trouvé quelques longueurs dans sa seconde partie, mais j'ai beaucoup ri durant la première ! La vision décalée de ce milieu, auquel sans nul doute appartient l'auteur, est tout à fait savoureuse...
Le jeune garçon n'a pas son pareil pour nous conter les frasques de son grand-père, la découverte de la demeure du vieil oncle Albert, qui s'entoure de trophées de chasse, la visite du très chic Jockey Club...
Le personnage de la grand-mère dont le petit-fils va s'occuper, suite au départ de ses parents pour la Suisse, est celui qui m'a le plus touché.
Elle vit dans son monde, révolu et vieillot, ne peut parler avec sa gouvernante que de ducs et de duchesses, à tel point que François est obligé de construire à la pauvre Félicité, une sorte d'arbre généalogique précis pour quelle puisse entretenir la conversation.
Il est remarquable de signaler que le personnage de François sonne toujours juste et que par moment, il nous arrive de le détester comme par exemple quand il montre à quel point le matériel n'est pas un problème du tout pour lui, c'est sûr, il est plein au as et peut dilapider la fortune familiale sans crainte...c'est un puits sans fond et il dépense d'autant plus facilement cet argent qu'il n'a fait aucun effort pour le gagner (et peut-être les siens aussi...mais ça personne ne le sait et il ne nous le dit pas !).
L'instant d'après, il nous touche par ses intentions, vis-à-vis de sa grand-mère qu'il adore et dont il s'occupe avec beaucoup de tendresse. Ou bien nous surprend par ses échanges avec Pierre, qui est son opposé en tout mais pour qui il éprouve une véritable amitié sincère et passionnée.
Voilà un auteur que je n'aurais sans doute jamais lu spontanément, si Babelio ne me l'avait pas proposé...
Aurais-je des a-priori ?!
J'y ai découvert avec plaisir un humour caustique et une façon très british de pointer les travers de ce milieu très aristo-un peu bobo-et plutôt intello !
Un livre qui, sans problèmes, saura trouver ses lecteurs...
Nombreux furent les fous rires et les quiproquos qui émaillèrent nos journées, comme le jour où Félicité proposa une partie de sept familles, et où ma grand-mère s'indigna de ne pas trouver les Rupignac dans le jeu de cartes...
L'auteur est un fervent admirateur de Patrick Modiano. On le décrit comme un jeune auteur plutôt timide et discret. Comme son héros, il appartient à une illustre famille...
Il a fait des études de lettres et s'est mis à écrire très jeune, dans des magazines et en particulier dans Technikart, une revue culturelle décalée qui porte un regard cynique sur notre société.
En 2010, il publie son premier roman "Les vies Lewis", un roman très remarqué et d'une grande qualité littéraire.