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Le lac du Bouchet est un des lieux de visite incontournable lorsqu'on se rend en Haute-Loire quelle que soit la saison.
Il est situé à 1205 mètres d'altitude au coeur de la forêt du Devès, à mi-chemin entre le petit village de Cayres et du Bouchet-Saint-Nicolas, et à 25 km à peine de la ville du Puy-en-Velay, ce qui explique les nombreux visiteurs en été, venus se balader en famille et profiter de la fraîcheur de la baignade.
C'est le site naturel le plus fréquenté du département durant la belle saison !
En suivant le sentier long d'environ 3 kilomètres, qui borde ses berges vous penserez avoir traversé l'atlantique car ce lac a un petit air de lac canadien.
Ce lac de cratère de 44 hectares et de 2.8 km de circonférence est un site classé depuis le 21 septembre 1950.
C'est le département de Haute-Loire qui le gère depuis 1863 avec l'aide de l'ONF.
Un peu de géologie
Il apparaît quasiment tout rond, vu du ciel !
Il s'est formé suite à l'activité volcanique de la région. En fait, il s'agit d'un gigantesque maar.
Il y a 800 000 ans, la nappe phréatique située dans les profondeurs du vieux plateau volcanique, s'est mise à bouillir au contact de la lave remontant dans une fissure et chauffée à plus de 1 000 degrés...
La vapeur, ne pouvant pas s'échapper, a exercé une telle pression sur les roches que l'explosion était inévitable.
Les dépôt résultant de plusieurs explosions successives forment des sortes d'anneaux autour du lac, faisant penser à des terrasses constituées de roches, plus ou moins surélevées.
Voilà comment ce lac de cratère circulaire s'est formé...
Aujourd'hui il est rempli d'une eau pure et cristalline provenant de diverses sources, eaux de pluie, ruissellement...
Une eau si claire et propice à la baignable en été qu'elle est la seule du département à avoir obtenu le label "Pavillon bleu", témoignant de la qualité environnementale du site.
Un sité préservé donc, et à préserver !
Un peu d'histoire
Le site a été utilisé pendant longtemps et jusqu'à la fin du XIXème siècle, pour y faire paître les troupeaux en été, l'eau permettant aux animaux de s'abreuver aisément.
Le parcours des bêtes passait sur les drailles bordant le lac et les paysages alentour étaient façonnés par les animaux qui ainsi l'entretenaient. La plage actuelle de baignade, servait de point d'eau naturel pour tous les animaux et le lac était intégré dans un système agro-pastoral comme beaucoup de nos sites naturels en France à cette époque.
En 1865 un Plan de Restauration des Terrains de Montagne (RTM), donc une phase de reboisement, est mise en place en France. Les bords du lac sont reboisés avec des épicéas, pour éviter l'érosion trop importante.
Après une phase d'équilibre entre les pratiques d'élevage locales et la forêt, nous assistons aujourd'hui, à une fermeture des paysages : l'arrêt du pâturage tend à laisser la forêt gagner sur les espaces naturels.
Le lieu qui était avant ouvert sur le plateau et les villages alentour, est maintenant isolé, et la présence de la forêt renforce cette impression.
L'auberge a été construite en 1899 et depuis, le succès du site ne se s'est jamais démenti !
C'est seulement au début du XXe siècle que le lac deviendra un lieu de promenade dominicale pour les citadins. Ils viennent y chercher fraîcheur et tranquillité dans une nature verdoyante et encore sauvage...
La légende nous dit que ...
...Dieu aurait voulu éprouver les habitants d’un village situé à l’endroit même du lac. Il s’était présenté sous les traits d’un vieillard infirme, frappant à toutes les portes pour faire la mendicité. Mais aucune ne s’ouvrit.
Des habitants répondirent même par des injures à ses supplications. Hormis une pauvre femme abritée à l’écart dans la désolation d’une modeste cabane, qui avec un peu de farine confectionna du pain : elle partagea avec son invité un frugal repas, accompagné d’un doigt de lait de sa chèvre qu’elle venait de traire.
Le Créateur choisit alors de punir le pays et ses villageois. Mais avant, il demanda à la vieille paysanne de prendre sa biquette et de fuir sans se retourner, malgré les bruits qu’elle pourrait entendre.
Éblouie par son hôte qui venait de quitter son enveloppe de mortel, elle obéit. A peine était-elle parvenue au sommet du mont voisin que le ciel s’obscurcit, la terre trembla, et elle entendit des cris d’épouvante.
Mais la malheureuse avait oublié la consigne et se retourna, apercevant que les eaux bouillonnantes avaient englouti le village et toute sa population.
Effrayée, elle se hâta, mais fut punie de son geste de curiosité : les deux êtres restèrent figés dans le rocher.
C’est ainsi que les nouveaux habitants ont voulu perpétuer la mémoire de la vieille dame et de sa chèvre en édifiant une croix à l’endroit de la métamorphose : La croix de la chèvre.
Certains affirment que par beau temps, on peut, encore aujourd'hui , apercevoir au fond du lac les vestiges du village maudit.
Et que la nuit on entend parfois sonner le tocsin…
Le lac aujourd'hui
En dehors de la baignade en été, le lac est aussi propice à la pêche : il mesure près de 28 mètres de profondeur et contient de nombreuses espèces. Les touristes peuvent y faire aussi du pédalo ainsi que de la plongée (avec un club local).
L'auberge (rénovée plusieurs fois depuis sa construction) accueille toujours les gourmands ou les gens du coin qui fêtent un événement important. Vous pouvez y faire une simple halte les pieds dans l'eau quelle que soit la saison, ou y passer un week-end complet.
L'hiver vous pourrez faire le tour du lac en raquettes ou en ski de fond...
Deux sentiers permettent de découvrir les particularités du lac :
- le premier (5 km) permet de faire connaissance avec le personnage de "Garou" de son vrai nom Pierre Brin, qui vécut ici dans un grand tonneau au cours des années 1960.
Le tonneau d'une capacité de 5 000 litres, posé sur le sol à la verticale, comporte une toiture, une porte et une fenêtre ce qui lui a permis de vivre dans cette forêt qu'il appelait "son paradis".
Un lieu magique où cet "homme des bois" a vécu en ermite, mais heureux, dans une région aux hivers pourtant rigoureux. Pour survivre, il offrait ses bras aux fermiers du coin qui le connaissaient bien et le faisaient travailler en échange d'un peu d'argent ou de nourriture.
- le second sentier (3 km) grimpe beaucoup moins et fait tout simplement le tour du lac. Il est entièrement piétonnier et offre différents points de vue sur le lac au fur et à mesure de la balade.
Toutes mes photos personnelles sont prises de ce sentier...je ne vous ai mis qu'une toute petite sélection !
Des aménagements récents ont permis d'agrandir le parking qui se faisait de manière tout à fait "sauvage" sur les bords de la route d'accès, ce qui personnellement ne me gênait pas du tout. Ces travaux ont donné lieu à de nombreuses polémiques...
Même un 14 juillet ou un 15 août, nous avons toujours trouvé une place pour descendre au bord de l'eau pour nous baigner ou nous promener, quitte à marcher un peu plus !
Le lac est entouré par la forêt et la végétation qui, tant au bord du lac que sur les rebords du cratère, est variée et même luxuriante par endroit...
A noter...
Une plante aquatique protégée, très rare qui ne se pousse que dans quelques lacs d'Auvergne ou des Pyrénées, l'Isoète des lacs (isoetes lacustris), s'est installée ici dans les eaux claires...
Elle aime vivre de 50 cm à 1 mètre sous les eaux, mais peut s'installer davantage en profondeur, jusqu'à 7 mètres, dans les eaux claires et cristallines.
Elle aime s'implanter sur les fonds constitués de petits graviers ou de sable, et aime particulièrement les eaux froides.
Son rhizome, bien enterré dans le sol (et sous l'eau) ne doit en aucun cas être prélevé...
Si vous voulez en savoir plus je vous invite à lire l'article ci-dessous.
Circumboréal (régions tempérées et froides de l'hémisphère nord) Plante entièrement submergée, haute de 20 cmFeuilles longues de 8 à 18 cm et larges de 0,3 à 0,6 cmFeuilles partent toutes...
https://doris.ffessm.fr/Especes/Isoetes-lacustris-Isoete-des-lacs-3346