Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
La jeune Épouse libéra alors ses cheveux, resta quelques instants silencieuse, puis les reprit entre ses mains et, lentement, les releva, les enroula sur sa nuque et les attacha en faisant un nœud lâche, puis elle conclut son geste en glissant derrière les oreilles les deux mèches qui avaient échappé à l'opération de chaque côté de son visage. Enfin elle posa les mains dans son giron.
Mais...
Ai-je oublié quelque chose ?
C'est la première fois que je lis un roman de cet auteur et j'avoue que j'ai eu du mal à entrer dedans...Mais une fois habituée au style de l'auteur, je me suis laissée emporter et surprendre par ce roman qui est tout à fait construit de manière originale.
L'histoire se déroule en Italie (je dois avoir des envies de voyage en ce moment !) au début du XXème siècle dans une famille bourgeoise. Alors que la famille est comme à son habitude en plein petit déjeuner_ petit déjeuner qui ressemble fort à un repas de fête_ la Jeune Épouse débarque. Elle a dix-huit ans. Elle arrive tout droit d'Argentine où son père s'est expatrié. Elle vient pour épouser le Fils, comme cela était entendu par les deux familles puisque les deux jeunes gens sont fiancés depuis des années.
Mais voilà : le Fils n'est pas là !
Il a été envoyé pour affaire en Angleterre et elle doit attendre son retour en faisant connaissance avec sa belle-famille, ses moeurs et ses habitudes quotidiennes un peu loufoques et bizarres, il faut bien le dire...
Elle va ainsi, en même temps que le lecteur, découvrir des secrets de famille inavouables, tout en faisant l'apprentissage de la vie et de la sexualité d'une façon que, bien sûr, je ne vais pas vous raconter et que vous découvrirez si vous abordez cette lecture.
Elle devra pour cela abandonner sa passion pour la lecture, car les livres sont devenus inutiles puisque "tout est déjà dans la vie". Elle apprendra à observer, mais aussi à questionner.
Elle apprendra aussi à fêter comme toute la famille, tous les matins nouveaux, pour le bonheur d'être tout simplement encore en vie, et d'avoir échappé à la nuit...mais je ne vous dirai pas pourquoi.
Il n'y a pas de livres.
Pourquoi?
Chacun dans la Famille se fie entièrement aux choses, aux personnes et à soi même. Nul ne voit la nécessité de recourir à des palliatifs.
Je crains de ne pas vous suivre.
Tout est déjà dans la vie, si l'on prend la peine de l'écouter, et les livres nous distraient inutilement de cette tâche, à laquelle tous se consacrent avec une sollicitude telle, dans cette maison, qu'un homme plongé dans la lecture ne manquerait pas d'apparaître en ces lieux comme un déserteur.
J'ai été gênée par le changement de narrateur qui d'un coup, au milieu d'une phrase ou d'un paragraphe, nous fait perdre le fil de l'histoire.
J'ai été gênée également par l'impression d'être constamment dans un rêve éveillé et de ne plus savoir où se place la réalité du monde qui se déroule sous nos yeux.
Mais l'écrivain qui se met d'un coup, non sans humour le plus souvent, à nous interpeler en plaçant un "je" et en se mettant en scène à un moment où sa place n'est pas prévue, nous perturbe aussi !
En parlant de La Jeune Épouse, il m'arrive de changer plus ou moins brusquement de narrateur, pour des raisons qui, sur le moment, me paraissaient rigoureusement techniques ou tout au plus banalement esthétiques, avec pour résultat manifeste de compliquer la tâche du lecteur, ce qui, en soi, est sans importance, mais aussi avec un désagréable effet virtuose que, dans un premier temps, j'ai essayé de combattre, avant de me rendre à l'évidence, c'est-à-dire au fait que je n'arrivais tout simplement pas à sentir ces phrases sinon en les faisant dériver de cette façon, comme si le solide appui d'un narrateur clair et distinct était une chose à laquelle je ne croyais plus ou qu'il m'était devenu difficile d'apprécier, une fiction pour laquelle j'avais perdu l'innocence nécessaire.
C'est comme je vous l'ai dit, la première fois que je lis cet auteur et je suis donc partagée entre son écriture poétique, l'atmosphère à la fois romanesque, sensuelle et pleine de délicatesse où il fait entrer une grande part de rêve, et le désagrément que j'ai souvent ressenti au milieu des descriptions étranges, des dialogues décousus, des digressions de l'auteur et de sa construction narrative, m'obligeant trop souvent à revenir en arrière.
L'ensemble m'a donc totalement déconcerté et je ne sais que penser de ce grand auteur italien. Tout ce que je peux vous dire est... qu'il est déroutant !
Je vous laisse donc juger par vous-même tout en sachant que je tenterai un jour un autre titre comme "Soie" ou "Novecento" dont j'ai beaucoup entendu parler...
Puisque j'ai désormais commencé à raconter cette histoire (et ce malgré la troublante suite de péripéties qui m'ont affecté et qui décourageraient quiconque de se lancer dans pareille entreprise), je ne puis éviter d'éclairer la géométrie des faits, ainsi que je me la remémore peu à peu, en notant par exemple que le Fils et la Jeune Épouse s'étaient rencontrés alors qu'elle avait quinze ans et lui dix-huit...
Le fait est que certains écrivent des livres et que d’autres les lisent : Dieu seul sait qui est le mieux placé pour y comprendre quelque chose.