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Suite de mon périple du mois de juin en Camargue...
Il faut noter que le mois de juin n'est pas la période idéale pour observer la flore camarguaise...
Il faudrait venir au printemps car le soleil tape déjà fort !
J'ai pu cependant observer quelques-unes des plantes caractéristiques de la Camargue...ou de la bordure littorale.
Tout d'abord la formation végétale la plus importante de la Camargue est la sansouire, un mot qui vient du latin "saumure". On pourrait la comparer aux prés salés mais elle est beaucoup plus sèche en été.
Les sansouires forment des étendues inondées en hiver par l'eau de mer bien qu'elles se situent derrière le cordon sableux.
Le sol y est donc très salé et elles sont sèches en été à tel point que le sol est craquelé et recouvert le plus souvent d'une fine couche de sel...
On trouve pourtant sur ces terres inhospitalières un petit nombre de plantes parfaitement adaptées à la salinité du milieu...qui permettent l'installation de petits oiseaux, la prolifération des lapins, la venue des sangliers et des renards, hors saison d'inondation évidemment.
C'est la salicorne, verte en été et rouge en automne, qui occupe de 20 à 30 % de la surface de la sansouire.
La salicorne est une plante dite halophile (qui aime le sel). En fait, il en existe deux espèces difficiles à différencier qui poussent toutes les deux en Camargue.
Sa racine est solidement ancrée dans le sol.
C'est une plante comestible qui contient un suc salé. On la trouve sur toutes les côtes françaises à proximité des marais salants et jusqu'en Norvège.
On la reconnaît à ses rameaux cylindriques gorgés d'eau, à sa tige charnue et translucide, sans feuilles apparentes (on dirait en fait des écailles) et à ses fleurs minuscules.
"Ecureuil bleu" du blog "Une bonne nouvelle par jour" vous explique ICI comment la cultiver dans votre jardin. Vous pourrez ainsi, en suivant ses conseils astucieux, la déguster au printemps et en été pour agrémenter vos plats de poisson...
On y trouve aussi de l'Obione qui tapisse les berges...
L'Obione (genre Halimione ou Atriplex) constitue un buisson qui donne des reflets argentés à notre littoral. On l'appelle aussi le faux-pourpier et comme le pourpier, ses feuilles peuvent être consommées crues dans les salades ou cuites. Elles perdent alors leur saveur salée et leur texture croquante sauf si vous les faites frire en chips !
Elle peut être cultivée au jardin et pousse sur le littoral jusqu'en Baie de Somme. Elle n'a pas besoin, comme la salicorne d'être arrosée avec de l'eau salée car elle est simplement halophyte ce qui signifie qu'elle tolère le sel...mais n'en a pas besoin pour vivre.
On trouve aussi la Soude (Salsola soda), ainsi nommée car elle a été utilisée autrefois pour fabriquer de la soude, produit qui entrait entre autres usages, dans la confection du savon (vous avez tous entendu parler du savon de Marseille !!).
Ce sont les cendres de la plante qui contiennent jusqu'à 30 % de carbonate de sodium.
Je n'ai pas réussi ma photo...aussi j'en emprunte une à wikipedia.
En Italie, on la consomme en antipasti, cuites dans l'eau bouillante, puis refroidie et assaisonnée avec de l'huile d'olive, de l'ail et du citron.
On peut aussi la consommer crue en salade.
Enfin la saladelle (ou lavande de mer) se retrouve souvent au bord des chemins ou bien au milieu de la sansouire.
Elle fleurit en été et éclaire les champs de sa couleur rose ou violette. Elle rejette le sel en excès par la face inférieure de ses feuilles sur lesquelles on peut aisément observer des cristaux.
Cette fleur est l'emblème des gardians qui en ramènent des bouquets depuis toujours à l'élue de leur coeur...
J'ai réussi à en trouver un rameau fleuri qui a passé l'hiver sans perdre trop sa couleur...
On trouve ensuite dans le sable, au pied des dunes ou au bord des chemins sableux, le Chardon d’Espagne, ou Scolyme d’Espagne.
Cette plante qui est considérée comme une mauvaise herbe est pourtant, malgré ses nombreux piquants, une plante comestible !
En Algérie, les jeunes pousses sont cuites et consommées avec le couscous.
Il faut dire qu'elle possède de multiples vertus car, comme les artichauts, topinambours, pissenlit, chicorée..., elle contient de l'inuline qui joue le rôle de prébiotique et fait baisser le taux de diabète.
On peut donc consommer sans problème, les jeunes pousses en salade et cuire les racines dans les plats mijotés...
Mais bon, je ne vous conseille pas de la ramasser dans le Parc naturel où toutes les plantes sont protégées !
La criste marine ou fenouil marin porte aussi le nom de perce-pierre. Elle appartient à la famille des ombellifères comme le fenouil.
Elle résiste aux embruns et à la salinité élevée car elle est halophile et peut également pousser directement sur les rochers. Elle fleurit au coeur de l'été ce qui est plutôt rare pour une plante adaptée à la sècheresse.
C'est également une plante comestible au goût de carotte.
On la trouve sur tout le littoral français.
On trouve aussi en bordure des chemins sableux, l'immortelle des sables ou hélicrysum...
“Helichrysum” vient de “helios” qui signifie “soleil” en Grec, et de “chrysos” qui signifie “or”, allusion à la couleur jaune des fleurs.
Tout le monde connaît cette plante que l'on peut ramasser pour en faire des bouquets secs et qui pousse abondamment sur tout le territoire français où elle est d'ailleurs protégée, ce que je ne savais pas.
Je n'aime pas particulièrement l'odeur forte qui s'en dégage à la chaleur...
Elle aurait cependant entre autre, des vertus anti-inflammatoire et antibactérienne... et son HE est très chère mais précieuse.
Selon les coutumes c'est une plante bénéfique ou pas...
En Belgique, on l'appelle "fleur de mort" sans doute parce qu'elle fleurit les cimetières sans crainte des intempéries.
En Chine, on en offre aux jeunes mariés !
En France dans les Landes, on met un bouquet d’immortelle sur les portes des maisons pour éloigner les mauvais sorts.
...
Bien sûr tout le monde connaît aussi le Tamaris qui pousse dans toutes les régions au bord de la mer. Ses fleurs de couleur rose plus ou moins pâles apparaissent au printemps et durent jusqu'au début de l'été.
Cet arbre a lui aussi des vertus médicinales. Son écorce et sa racine seraient diurétique et sudorifique. Il servirait aussi à soigner rhumes et angines.
Sagnes et autres roseaux...
La sagne (Phragmites australis) pourrait faire l'objet d'un article à part entière si j'en ai le courage un jour. En effet ce roseau très commun en Camargue a toujours été utilisé pour couvrir le toit des cabanes traditionnelles.
C'est dire comme il est abondant en tant que matière première dans la région.
La sagne est le nom donné au roseau commun que l'on nomme aussi le roseau à balais.
C'est une espèce qui pousse dans toutes les régions du monde dès qu'il y a un marécage...
Mais il prospère aussi le long des cours d'eau comme ci-dessous au bord du petit Rhône, et le long des roubines.
Il peut devenir très envahissant car il forme très rapidement des zones végétales très denses où rien d'autre ne peut pousser.
J'aurais sans doute l'occasion ultérieurement de développer toutes les facettes de ce "Trésor de Provence" !
Les joncs (Juncus acutus ou maritimus) appelé aussi jonc piquant ou jonc maritime cohabitent en Camargue. On les trouve dans les mêmes zones humides que les roseaux.
Ils sont très fréquents. Ils mesurent environ 1 à 2 mètres de haut et forment de belles touffes facilement reconnaissables aux fleurs bruns rougeâtres qui terminent les grandes tiges.
Le jonc piquant à une sorte d'épine qui dépasse la fleur d'où son nom.
Ils ne doivent pas être confondus avec la sagne. Ils aiment eux-aussi les marais et les dunes où ils sont d'ailleurs souvent utilisés pour les fixer.
Toutes les espèces de joncs étaient utilisés autrefois pour s'éclairer. Les tiges bien serrées et enflammées permettaient de fabriquer une sorte de torche.
Et pour finir voici quelques paysages typiquement camarguais.