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Depuis quelques jours déjà, nous assistons dans la campagne provençale à une véritable invasion de chenilles processionnaires du pin. Le nom commun de cette chenille vient du fait que lorsqu'on peut les observer au sol, elles se déplacent toujours en file indienne, formant une sorte de procession.
Depuis plusieurs semaines, nous avons repéré en nous promenant, un plus grand nombre de nids, par rapport aux autres années.
Une de mes amies a même été obligée de conduire chez le vétérinaire, en urgence, sa jeune chienne de six mois qui avait reniflé les chenilles d'un peu trop près.
Cette invasion est-elle liée à l'hiver particulièrement doux que nous avons cette année ? En tous les cas, dans le midi, la descente des chenilles est avancée de trois semaines par rapport aux années précédentes et de près de 2 mois, dans la Loire et les régions les plus au nord.
Hier, au moment où je montais dans ma voiture, j'ai vu une ligne continue de chenilles processionnaires sur le sol...
Sur le parking de notre petit hameau, un de nos voisins avait voulu il y a quelques années planter deux pins... et bien sûr cette année, ils sont bourrés de nids de chenilles.
J'ai bien fait attention de ne pas marcher dessus car alors j'aurais transporté des chenilles sous mes semelles et j'aurais diffusé des poils jusque dans la maison.
J'ai prévenu aussitôt ma jeune voisine qui a ses enfants qui jouent souvent dans le secteur...et mes nouveaux voisins qui laissent leur chienne se balader toute seule et qui viennent de la ville.
En effet peu de personnes sont au courant des réels dangers liés à ces chenilles.
L'invasion de ces chenilles est un véritable fléau cette année, qui a obligé l'Agence régionale de la santé (ARS) d'émettre un bulletin d'alerte.
Les randonneurs sont également prévenus et invités à prendre des précautions.
Comment repérer cette chenille ?
La chenille processionnaire du pin est celle d'un papillon de nuit. Son nom latin est "Thaumetopoea pityocampa".
L'adulte pond sur les résineux, essentiellement des pins, entre 150 et 300 oeufs. Les oeufs sont déposés par paquets, directement sur les rameaux ou sur les aiguilles de pin. La ponte forme une sorte de manchon gris argenté, qui passe le plus souvent inaperçu, car il ne mesure que 2 à 5 centimètres.
Les oeufs vont éclore au bout de 5 à 6 semaines environ, selon la région et la température extérieure.
Dans un premier temps, les petites chenilles vont se nourrir des aiguilles de l'arbre. Elles doivent muter trois fois durant l'automne et l'hiver avant de ressembler à la chenille telle que j'ai l'ai vu hier.
Plus il fait froid, plus leur croissance est ralentie, et plus il y a de pertes aussi. Car, pour se protéger du froid hivernal, les chenilles s'enferment dans un "cocon-nid", toutes ensembles...en attendant des jours meilleurs.
Elles ne sortent alors que quelques heures par jour pour se nourrir d'aiguilles de pin et regagnent ensuite leur nid. Lors de leur sortie, elles sont vulnérables et peuvent mourir (ou être mangées par un prédateur)...
Au début, les premiers "nids" passent souvent inaperçus. On les repère surtout au jaunissement des aiguilles.
L'idéal serait d'intervenir à ce moment-là car les chenilles ne sont pas encore devenues urticantes.
Les petites larves migrent dès qu'elles n'ont plus assez à manger et rebâtissent un nid de plus en plus haut dans l'arbre et de plus en plus gros, souvent exposé au sud ou à l'est pour se mettre à l'abri des intempéries. Les chenilles le quittent uniquement pour se nourrir, les jours de grand soleil, en s'accrochant ensemble à un fil.
Les nids définitifs d'hiver sont facilement reconnaissables car ils sont formés de soie blanche bien visibles dans les branches.
Lors de leur développement, et après ce que les scientifiques appellent le troisième stade larvaire, chaque chenille s'arme de poils urticants : chacune en aurait jusqu'à 600 000 sur le dos.
C'est aux beaux jours, mars-avril en principe, janvier-février cette année, selon les régions, que les chenilles sortent du nid, descendent le long des troncs et gagnent en procession la terre pour s'y enfouir jusqu'à 20 cm du sol. La procession est menée par une femelle et peut parcourir jusqu'à 40 mètres.
Mais je reste persuadée, pour les avoir souvent observé, qu'elles ne descendent pas forcément le long du tronc et se laissent tomber parfois tomber directement à l'aplomb du nid.
Ensuite, une fois au sol, le cycle de la vie reprend : dans la terre, chaque chenille va construire un cocon individuel, puis se tranformer en chrysalide, puis en papillon capable de se reproduire qui sortira de terre dès l'été suivant...si la météo le permet.
Puis la femelle cherchera un pin de n'importe quelle espèce : pin noir d'Autriche, pin Laricio de Corse, pin maritime, pin d'alep dans le sud, pin sylvestre en montagne...pour pondre ses oeufs. Si elle ne trouve pas de pin, elle peut pondre éventuellement sur un cèdre.
Il faut savoir que la chrysalide peut survivre jusqu'à 5 ans dans la terre...
Si vous êtes intéressés, vous trouverez sur le site dédié aux chenilles processionnaires, de plus amples détails...
A suivre...
Dans les jours qui viennent, je publierai deux autres articles concernant cette charmante petite bestiole...
- les risques pour notre santé et celle de nos animaux domestiques.
- la lutte biologique.