Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Cette oeuvre n'était pas vouée à être publiée et n'a pas été retouchée par l'auteur qui est aujourd'hui une dame âgée...
Je vous passe la polémique liée à sa publication, les différents protagonistes qui se justifient mais se contredisent aussi, la concomittance entre la décision de publier ce texte et le décès de la soeur de l'auteur qui jusqu'à présent s'occupait de ses intérêts...
Vous retrouverez tout cela sur le net !
En effet, ce roman est la première mouture, la matrice en quelque sorte de son précédent roman "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" paru en 1960 qui a obtenu le prix Pulitzer en 1961, et est devenu un tel best-seller mondial qu'il est toujours étudié en classe, non seulement en Amérique mais aussi dans l'hexagone.
a été écrit en premier, puis refusé par son éditeur qui a demandé à l'auteur de développer davantage l'enfance de la petite Scout, ce qu'elle a fait dans
Ce dernier est devenu un symbole aux États-Unis, celui de l'antiracisme. Atticus Finch y est décrit comme un père et un avocat exemplaire. Il y défend un jeune noir accusé à tort de viol.
Dans Ku Klux Klan et il est membre d’une association locale très conservatrice.
L'auteur fait donc tomber Atticus de son piédestal et les américains ne le lui pardonnent pas !
En résumé, tout ce qui est important à savoir pour ceux qui ont lu les deux romans, c'est que a bien été rédigé avant "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur", mais que l'action se déroule 20 ans après.
On retrouve donc les principaux personnages mais dans les années 50.
Scout est devenue presque trentenaire et se fait dorénavant appeler par son vrai prénom, Jean Louise. Elle est de retour à Maycomb pour deux semaines. Habituellement elle vit à New York et est venue passer quelques jours de vacances avec sa famille.
Atticus est toujours avocat, bien que diminué par sa maladie qui l'empêche de se servir correctement de ses mains.
"Souhaites-tu voir des cars entiers de Noirs débouler dans nos écoles, nos églises et nos théâtres ? Souhaites-tu les voir entrer dans notre monde ?"
Mais Scout se rend compte qu'elle-même a changé : sa vie à New York a modifié sa perception des choses. Là-bas, personne ne s'offusque de s'asseoir
Elle trouve d'ailleurs les habitants de Maycomb de plus en plus étriqués.
Elle ouvre les yeux, avec douleur, sur cette petite communauté qui était son royaume d'enfant.
Elle sera également déçue quand elle découvre que si elle-même a toujours considéré sa nounou comme une mère de substitution, Calpurnia, elle, a toujours su rester à sa place de domestique.
C’est toute l’incompréhension du Nord du pays envers le Sud dans les années 50 qui s’exprime ici à travers le nouveau regard que porte Jean Louise sur la petite ville...
Dans ce contexte la petite Scout rebelle devenue une jeune femme indépendante ne pourra que reprendre sa liberté...
Aussi, n'est-il pas étonnant que dans le contexte américain d'aujourd'hui, où la question raciale apparaît plus que jamais centrale (comme chez nous d'ailleurs), ce roman ait déjà tant fait parler de lui, depuis sa sortie...
"Chacun a son île, Jean Louise, chacun a sa sentinelle : sa propre conscience. Il n'existe pas de conscience collective."
Mon avis
J'ai eu du plaisir à retrouver les personnages.
Mais je reprécise que ce roman est un roman différent et qu'il ne constitue pas une suite...comme cela est mentionné dans beaucoup de chroniques sur le net.
Le changement d'idée d'Atticus apparaît finalement beaucoup plus vraisemblable...car en 1950 en Amérique, nous sommes dans une période trouble où la nation se déchire autour des questions raciales. Les lois interdisant la ségrégation scolaire sont en passe d'être appliquées et divisent la population. On constate aussi que beaucoup de personnes changent de point de vue au fur et à mesure des événements...
Scout a une prise de conscience douloureuse des idéaux de la province. Atticus tombe de son piédestal, ce piédestal où Scout l'avait toujours placé. Elle en sortira grandie et nettement plus encline à devenir enfin adulte.
L'auteur montre d'ailleurs la difficulté de devenir adulte, qui implique souvent de rejeter en partie ses parents et le modèle de vie qu'ils nous ont donné à voir, puis d'accepter le monde tel qu'il est et non pas comme on voudrait qu'il soit.
La difficulté étant bien sûr de conserver son libre arbitre et la possibilité d'exprimer ses idées, même opposées à celle des autres...ce que Scout est capable de faire, heureusement, car c'est comme cela que les lecteurs l'aiment !
Même si j'ai moins aimé ce dernier roman que "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" où la voix de la petite Scout m'avait beaucoup touchée...c'est un roman à lire car il décrit bien l'ambiance d'une époque, la montée du racisme, le traditionnalisme de toute une frange de la population et les peurs du changement dans les années 50 en Amérique.
Qui est l'auteur ?
Nelle Harper Lee est une écrivaine américaine, née en 1926 à Monroeville, dans l’Alabama, où elle réside encore aujourd’hui.
Après des études secondaires, elle entre à la Faculté Huntingdon puis à la Faculté de Droit.
Là elle commence sa carrière d'écrivain en publiant des articles pour des journaux étudiants. Elle devient d'ailleurs éditrice du journal satirique du campus.
Mais n'obtenant pas ses diplômes elle part à Oxford puis revient vivre à New York où elle travaille comme employée de bureau dans une compagnie aérienne.
Ses amis la poussent à écrire. Truman Capote, son ami d'enfance en particulier, l'emmène avec lui lors de ses recherches autour du livre qui deviendra "De sang-froid" et paraîtra en 1966.
En 1957 elle présente un recueil de nouvelles à son agent qui lui conseille de développer l'une d'entre elles. Ce sera
Elle a donc créé l’événement en publiant, cinquante ans plus tard, "Va et poste une sentinelle" (Grasset, octobre 2015)...Plus personne n'attendait un de ses écrits.