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Depuis 1997 des campagnes de distribution de comprimées d'iode ont eu lieu régulièrement sur notre territoire.
Lorsque j'ai écrit cet article en 2016, une nouvelle campagne de distribution de pastilles d'iode venait d'avoir lieu. Il s'agissait de la cinquième campagne de distribution en France depuis 1997, la première ayant été motivée par l'accident de la centrale de Tchernobyl en Ukraine (1986). Cette distribution avait concerné à l'époque, 400 000 foyers français et 2000 établissements recevant du public. En effet, si vous n'habitez pas dans la zone mais que vous y travaillez vous êtes concernés au même titre que les habitants.
La dernière campagne a eu lieu en deux phases (sans doute à cause du Covid). Elle a débuté en septembre 2019 et s'est poursuivie en février 2021, les pastilles non retirées en pharmacie ont été adressées par voie postale directement aux personnes concernées, donc à ceux qui se trouvent dans un rayon de 10 à 20 km autour des 19 centrales nucléaires françaises. Cela fait actuellement 2.2 millions de personnes et plus de 200 000 établissements, écoles, entreprises...
Pour comparaison en 2009 : la campagne n'avait pas touché toute la population puisque seulement 50 % des habitants avaient récupéré leurs comprimés d'iode en pharmacie. De plus, 80 % seulement avait "entendu parler" de la campagne. (source France Inter ).
C'est important de prendre ce médicament en cas d'accident nucléaire. Je vous explique pourquoi !
A quoi ça sert de prendre ces comprimés ?
En cas d'accident nucléaire, de l'iode radioactif est rejeté dans l'atmosphère et va se fixer directement sur la glande thyroïde pouvant provoquer à terme des cancers.
Si on ingère le comprimé d'iode AVANT l'accident nucléaire, l'iode stable (iodure de potassium) du comprimé va saturer la thyroïde et empêcher que l'iode radioactif (iode 131) ingéré par les voies respiratoires, s'installe dans la glande, impliquant de nombreux désordres cellulaires irréversibles. Il sera alors éliminé par les voies naturelles, car devenu inutile.
Si on l'ingère après, l'efficacité est réelle, mais moindre.
Dans l'idéal, il faut le prendre au plus tard dans les 24 heures.
Ceci est particulièrement important pour les bébés et jeunes enfants ainsi que pour les femmes enceintes (car le fœtus n'est pas protégé).
En effet, la thyroïde est une petite glande située sur le cou qui fabrique des hormones essentielles chez l'être humain. Ces hormones interviennent dans la croissance, le développement du cerveau et le fonctionnement de l'organisme.
Ingérer les comprimés reste donc le seul moyen simple et efficace de protéger la thyroïde, d'autant plus que l'iode radioactif peut aussi pénétrer dans l'organisme et passer dans le sang en ingérant des aliments contaminés (légumes, lait,...) et en quantité moindre, par la peau.
Et, à part prendre une douche si vous avez marché sous une pluie chargée en radioactivité, c'est pas gagné.
Quant aux aliments, je me souviens de l'accident de Tchernobyl, il y a eu trop peu d'information à ce sujet.
Quels sont les consignes en cas d'accident nucléaire ?
Le signal donné aux habitants est une sirène. Trois signaux d'une minute 40 répétés trois fois.
(source : https://www.francebleu.fr)
Les consignes de confinement en cas d'accident sont claires et tout le monde doit les connaître qu'on soit pour ou contre le nucléaire, car le risque ZERO n'existe pas.
Mais ces consignes concernent seulement les habitants vivant ou travaillant à proximité d'une centrale.
Ce sont les mêmes consignes de confinement pour ceux qui habitent ou travaillent près d'usines accidentogènes.
J'ai plusieurs fois dans ma vie professionnelle, vécu des simulacres de catastrophe sur mon lieu de travail. Ces techniques de prévention ont le mérite de sensibiliser les populations, y compris les enfants, même très jeunes à un éventuel accident.
Il est conseillé aux habitants d'avoir préparé un kit d'urgence contenant leurs papiers d'identité (une photocopie suffit pour vous identifier), quelques vêtements, une bouteille d'eau et quelques aliments non périssables et si vous avez un bébé...tout ce qu'il lui faut : biberon, lait...
Vous en connaissez beaucoup, vous, des gens qui ont un sac à dos prêt à emporter en cas d'urgence, de procédure d'évacuation, d'incendie, de séisme, à côté de la porte d'entrée ?
Ce qu'il faut retenir des consignes...
1 - Rester enfermés. Couper la ventilation. Colmater fortement les ouvertures, les portes et les fenêtres avec des linges, des couvertures, voire des serpillères humides, du gros scotch d'emballage.
2- Ne pas aller chercher les enfants à l’école, ni sauter dans sa voiture pour quitter les lieux.
3 - Ecouter les radios du réseau France Bleu et France Inter qui donneront des conseils sur la conduite à tenir. Ils indiqueront quand et comment il faut prendre les comprimés.
4- Il est indispensable de laisser libre cours aux secouristes sur les routes, mais aussi sur les réseaux téléphoniques.
Mais en cas d’accident qu'elle sera la réaction des gens ?
Ils prendront tous leur téléphone portable, de ça j'en suis sûre et satureront les réseaux.
Puis, ils se précipiteront pour aller chercher les enfants ou rentrer chez eux : c'est humain, d'autant plus s'ils n'habitent pas la zone concernée, car alors qui s'occupera des enfants !
TOUT EST EXPLIQUÉ en détails ICI.
Vous trouverez aussi de plus amples renseignements sur le site de l'Autorité de Sûreté Nucléaire, sur lequel vous trouverez aussi des détails concernant les deux catastrophes nucléaires les plus récentes : Tchernobyl (Ukraine, 1986) et Fukushima (Japon, 2013).
Et sur la vidéo ci-dessous, vous avez les consignes précises à suivre en cas d'accident.
Quels sont les problèmes suscités par la campagne ?
- Certaines personnes sont allergiques à l'iode. Ceci est rare mais il faut donc en parler avec votre médecin traitant.
Plus grave, au delà de 40 ans, la prise systématique d'iode peut s'avérer dangereuse pour la santé, occasionner des troubles cardiaques...ou autres affections pouvant mettre la vie des personnes en danger.
- S'il y a du vent le jour d'un accident nucléaire, les habitants au delà des 20 km seront également concernés et n'auront pas de cachets pour se protéger, ni le moyen d'en disposer.
Les autorités rassurent en estimant que des cachets supplémentaires sont disponibles en cas d'accident plus grave, et qu'il est prévu d'évacuer la population. Certes c'est prévu mais est-ce que cela a été fait lors des derniers accidents nucléaires dans le monde ? Ben malheureusement la réponse est NON ou beaucoup trop tard.
- s'il n'y a pas de vent cette périphérie qui est un cercle parfait, ne correspondra de toute façon pas aux besoins réels de la population. Pour info, la zone de protection est de 20 km en Belgique et de 50 km en Suisse. Or, il se trouve que selon certaines conditions climatiques, des doses de radioactivité anormalement hautes ont pu être observées jusqu'à 200 km des lieux d'une catastrophe.
Vu la répartition des centrales en France, il faudrait donc que tous les habitants possèdent ces fameux comprimés.
Rappelons qu'après la catastrophe de Tchernobyl, pourtant situé à plus de 2 000 km de la France, des cas de dysfonctionnements de la thyroïde ont été observés en Corse et dans certaines régions des Alpes.
On observe que la fréquence des maladies thyroïdiennes (hypo et hyper thyroïdie et cancer) a augmenté au cours des trente dernières années, ce qui peut être dû à une amélioration du dépistage ou à un meilleur diagnostic (puisque les médecins sont eux aussi sensibilisés davantage au problème). Mais bon le doute existe.
Voir ci-dessous la carte de répartition des radionucléides en Europe.
La dispersion réelle des particules nucléaires en Europe après l'accident de Tchernobyl (1986) source https://www.sortirdunucleaire.org/
- Enfin et surtout l'inquiétude que nous devons tous avoir, c'est que l'iode radioactif n'est pas le seul produit radioactif à craindre lors d'un accident nucléaire.
D'autres radio-isotopes sont susceptibles d'être eux aussi libérés dans l'atmosphère : le césium 137, le plutonium, ...et bien d'autres.
Et de ceux-là on ne peut pas se protéger, ce qui explique que certaines personnes n'aient pas voulu se rendre dans les pharmacies pour récupérer leurs comprimés d'iode lors de la dernière campagne de distribution.
Donc en conclusion
On peut dire que la prise de comprimés d'iode est une mesure nécessaire mais insuffisante.
Alors quelle est la solution, me direz-vous ?
Puisque tout le monde nous le dit et que nous savons que le risque ZERO n'existe pas, et puisque tous les habitants de métropole sont concernés vu la concentration de centrales nucléaires sur le territoire...il est urgent, pour les générations futures, de réfléchir à une solution écologique et fiable et de favoriser la recherche pour développer les énergies renouvelables (mais bien sûr il faut aussi envisager la sortie du nucléaire).
Je n'habite pas à côté d'une centrale mais en cas de mistral violent, le risque pour les provençaux est quasiment le même que pour les habitants de la région de Montélimar.
Le Tricastin est à 85.7 km de chez moi, donc en cas de mistral, c'est à deux pas, d'autant plus que Greenpeace a placé cette centrale nucléaire parmi les plus dangereuses du territoire.
Lorsque je pars en vacances dans la Drôme, je ne suis plus qu'à 49,4 km de la centrale de Cruas et à plus de 90 km de la même centrale lorsque je vais en Auvergne.
Pour vous faire votre propre opinion sur la question, vous trouverez davantage de détails sur le site Sortir du nucleaire.
En attendant, l'IRNS (Institut de Radioprotection et de Sûreté nucléaire) surveille l'environnement sur tout le territoire, que ce soit au niveau de l'atmosphère, des rivières, de l'alimentation...C'est déjà ça.
Mais en cas de catastrophe, nous dira-t-on la vérité ?
Au moment de Tchernobyl, en France, on nous a affirmé qu'il n'y avait aucun risque concernant les aliments et pendant ce temps, en Allemagne, on disait le contraire aux habitants.
Puis les mesures de radioactivité, effectués sur les champignons, les légumes, les plantes aromatiques, le lait qui nous donnions à nos enfants, ont montré que le nuage radioactif ne s'était pas arrêté aux frontières.
Enfin, pour terminer, l'Association CRIIRAD (Commission de Recherche et d'Information Indépendante sur la radioactivité), née suite à l'accident de Tchernobyl et présidée par un ingénieur en physique nucléaire, assure elle-aussi une surveillance et propose de nombreux dossiers.
Elle ne dépend d'aucun organisme d'état, ni parti politique. N'hésitez pas à vous rendre sur leur site.
Cet article a été mis à jour en mars 2022 (vérification des liens entre autre). N'hésitez pas à me faire vos remarques par le formulaire de contact de ce blog.