Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Par manou
Difficile de trouver les mots justes pour parler de ce livre tant il est émouvant.
J'ai eu envie de l'emprunter ce qui reste un mystère car j'ai toujours eu du mal à lire ce type de livre.
Mais il se trouve que j'ai autour de moi plusieurs personnes qui ont vécu des drames similaires... C'est donc en pensant à elles que je l'ai fait.
Je dédie cette chronique à Muriel qui a perdu son fils dans des circonstances quasi identique, à Monique, à Martine et à celles et ceux que je ne connais pas mais qui ont vécu pareille souffrance...
Leurs enfants étaient trop jeunes pour mourir. La mort d'un enfant n'est jamais dans l'ordre des choses de la vie.
Je ne savais pas en lisant ce livre cette semaine, ni en programmant cette chronique, ce dimanche, que la France serait en deuil...
Ces derniers jours avant noël semblait des jours comme les autres. Aussi lorsque Camille, 16 ans, se plaint de maux de tête et de courbatures tout le monde pense à une simple grippe, d'autant plus que la fièvre est au rendez-vous.
Sa mère, Sophie Daull, s'inquiète. Camille n'est pas du style à être douillette, or elle se plaint de douleurs intolérables.
Les médecins, le SAMU, le service des urgences de l'hôpital, tout le monde s'accorde pour penser à la grippe et même au virus H1N1. Tous prescrivent une simple ordonnance de doliprane et recommande le repos. Mais l'état de Camille s'aggrave...
Dans son coeur de mère, l'auteur s'affole.
Elle a de mauvais pressentiments (ce qu'elle appelle dans le livre des "mauvaises pensées").
Et s’il s’agissait de quelque chose de plus grave ?
Lorsqu'enfin, sous la pression de ses appels désespérés, le SAMU revient...il est trop tard.
Camille meurt au cours de son transport à l’hôpital. Son coeur s'est arrêté de battre.
Dans les semaines qui suivent sa mort, sa mère se met à écrire pour raconter la survie, les préparatifs de l'enterrement, les amis et la famille effondrés, trouver un sens à l'inexplicable et l'inacceptable.
Écrire pour ne pas oublier Camille, sa vie pétillante de jeune fille de 16 ans, les fous rires, les moments de complicité mais aussi les engueulades...
Écrire pour rester debout et tenter de survivre à la perte de son enfant mais aussi la faire vivre encore un peu auprès d'eux, à travers sa plume, pour que sa présence soit encore pour longtemps dans les pensées des vivants.
C'est un texte magnifique et bouleversant, douloureux à lire qui va au delà du simple témoignage car il est ponctué de poésie, de tendresse, d'humour et de vie.
L'auteur ne s'apitoie jamais sur elle-même. Le livre ne tombe jamais dans le pathos. D'ailleurs elle ne dit jamais "je" mais emploie le "tu" qui montre bien qu'elle écrit à Camille, que c'est à elle et non pas à nous qu'elle s'adresse.
Le "roman" est construit avec intelligence et montre que l'auteur, qui nous livre là son premier écrit, possède un vrai talent d'écriture.
La narration alterne du présent (quelques semaines après...) au passé (la terrible semaine de la maladie de Camille à son enterrement) ce qui permet au lecteur de souffler.
Après la dernière page, il reste au fond de nos coeurs LA terrible question...Camille aurait-elle pu être sauvée ? Hélas, même le corps médical ne peut y répondre.
Ce premier "roman" est celui d'un véritable écrivain. Sophie Daull pense ne pas s'arrêter là. Elle a encore des mots à nous offrir et sa vie professionnelle a pris un autre tournant depuis que Camille n'est plus là.
Ce qui rend ce "roman" encore plus déchirant est de savoir que l'auteur, le dédie non pas à sa fille mais à sa propre mère qu'elle a retrouvée sauvagement assassinée, en 1985, alors qu'elle-même n'avait que 20 ans et sa mère 45...victime d'un crime passionnel.
"La mort de ma mère, aujourd’hui, je la vois comme un “entraînement” pour celle de Camille", analyse Sophie Daull.
Pour mieux connaître l'auteur, lire l'interview de "Toute la culture" ICI.
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