Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
De nombreuses manifestations auront lieu cette année à Aubagne et dans toute la Provence.
Marcel est un étudiant brillant : il est reçu second à l'examen des bourses et rentrera au lycée Tiers en 1905 où il devient l'ami d'Albert Cohen.
Marcel commence à écrire des poèmes qui seront publiés dans la revue "Massilia".
Cette année-là, il perd sa mère qui n'avait que 36 ans des suites d'une congestion pulmonaire. Marcel n'a que 15 ans...
"J'étais vêtu de noir, et la main du petit Paul serrait la mienne de toutes ses forces. On emportait notre mère pour toujours.
De cette terrible journée, je n'ai pas d'autre souvenir, comme si mes quinze ans avaient refusé d'admettre la force d'un chagrin qui pouvait me tuer"...
Son père se remariera 2 ans plus tard, ce que Marcel prendra très mal.
En 1913, le bac de philosophie en poche, le jeune Marcel s'inscrit à la Faculté d'Aix-en-Provence en Khâgne pour y poursuivre ses études de lettres classiques.
En 1914, à 19 ans, il crée avec des amis, le journal littéraire "Fortunio", un simple journal de lycéens. Ce journal sera rebaptisé "Les cahiers du Sud" quelques années après, lorsque Jean Ballard le prendra en main en 1923.
Mais la première année de guerre est là. Marcel n'en fera qu'une seule car il sera réformé au bout d'un an. Mais c'est durant cette guerre, en 1918, que son ami d'enfance, Lili des Bellons, aura moins de chance et trouvera la mort sous les balles ennemies.
En 1916, Marcel épouse sa première femme, Simonne Collin dont la mère est institutrice. C'est son premier amour et les deux jeunes gens sont très proches ce qui obligent les parents à hâter le mariage. La même année il obtient sa licence et sera nommé répétiteur d'anglais.
Il travaille ensuite dans plusieurs établissements scolaires à Digne, Tarascon, Aix-en-Provence puis devient professeur-adjoint au Lycée Saint-Charles à Marseille où il restera de 1920 à 1922.
Marcel Pagnol part ensuite à Paris où il enseigne l'anglais jusqu'en 1927, au prestigieux Lycée Condorcet.
A partir de cette date, il va abandonner définitivement l'enseignement pour se consacrer à l'écriture de drames antiques et de pièces en vers.
Est- ce sa rencontre avec Orane Demazis (Henriette Burgart) qui va l'inciter à le faire, comme on le dit dans certaines biographies ?
Il la rencontre en 1923. Elle a 19 ans et se trouve déjà en tête d'affiche. Elle est belle et talentueuse.
Elle créera pour lui le rôle de Fanny...
Lui qui voulait devenir dramaturge fait d'autres rencontres décisives : il revoit Paul Nivoix qu'il a connu à Marseille et qui est devenu rédacteur d'un quotidien français des Lettres et des Arts, "Comoedia".
Pagnol "commence à douter de l'intérêt de ses tragédies grecques et romaines". Un soir de "fête", il écrit un vaudeville qu'ils intitulent "Tonton".
Cette pièce fut jouée une vingtaine de fois à Marseille en 1923 et 1924.
En 1924, la pièce connaît un petit succès et les deux jeunes gens écrivent "Les marchands de gloire", pièce qui sera jouée sur scène en 1925 au théâtre de la Madeleine à Paris.
La critique est élogieuse mais le public boude la pièce. Pagnol se réunit tous les soirs avec ses amis Marcel Achard, Joseph Kessel, et Henri Jeanson.
C'est avec "Jazz" sa nouvelle pièce tragique écrite en 1926 et jouée au théâtre de Monte-Carlo, que sa carrière démarre, liant durablement son destin à celui de la Principauté de Monaco.
"Jazz" est l'histoire d'un enseignant qui croit découvrir un texte inédit de Platon. Mais sa gloire ne dure pas car ce document avait tout simplement été mal compris et mal traduit par l'enseignant. Sa vie bascule...
Marcel se consacrant davantage à l'écriture, il rencontre des "grands" : Jean Anouilh, Jean Cocteau, Maurice Druon, Maurice Genevoix, André Chamson, André Maurois, Steve Passeur et Jean Dutourd.
Il rencontrera aussi Jean Giono. Il réalisera quatre films à partir des oeuvres littéraires de Giono. "Jofroi" (1933) d'après la nouvelle intitulée "Solitude de la pitié" ; "Angèle" (1934) d'après "Un de Baumugnes" ; "Regain" (1937" d'après le roman du même nom ; "La femme du boulanger" (1938) d'après un extrait de "Jean Le Bleu" (roman autobiographique de Giono).
Bien sûr l'adaptation cinématographique impose des modifications ce qui a conduit les deux hommes à s'opposer. Voir à ce propos le livre "Marcel pagnol à l'école de Jean Giono" dans la bibliographie en bas d'article.
La même année (1926 donc), il se sépare de sa femme Simonne dont il n'obtiendra le divorce qu'en 1941. Il a pour compagne Orane Demazis : il la
C'est Pierre Blanchar, ayant fait ses études à Marseille qui lui a soufflé l'idée d'écrire sur leur ville...C'est à ça que servent les amis !
Puis, c'est "Topaze", créé en 1928 qui connaîtra un vif succès, toujours au théâtre.
Grâce à sa rencontre avec le grand Raimu (Jules Muraire), il mettra en scène "Marius" (1929) qu'il avait écrit en même temps que "Topaze", pièce largement retouchée par Raimu lui-même. Pagnol pensait que Marius s'adressait uniquement à un public méridional. Raimu et le public lui ont prouvé le contraire !
En 1929, Pagnol découvre à Londres, où il s'est rendu sur les conseils d'un ami (Pierre Blanchar ?). Il revoit le film plusieurs fois de suite. Cette expérience le bouleverse et transforme sa vie.
Éternel séducteur, il aura avec la jeune danseuse anglaise Kitty Murphy, une relation éphémère. De cette courte idylle naîtra son premier fils, Jacques né en 1930, qui deviendra son assistant en 1945.
En 1932, Paul le petit frère tant aimé, meurt à 30 ans, lors d'une opération chirurgicale en Belgique. Il souffrait d'épilepsie et était soigné dans ce pays.
C'était un des derniers chevriers de Provence.
A 63 ans, dans le "Chateau de ma mère" Marcel Pagnol dira à propos de toutes ces personnes proches qu'il a aimées et perdues et dont il ne parlera toujours qu'avec beaucoup de pudeur :
"Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins.
Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants."
Il ne sait pas alors que d'autre chagrins l'attendent encore...
En Jean-Pierre (Jean-Pierre Burgart), qui ne sera pas reconnu par son père, toujours marié officiellement avec Simone Collin qui refuse toujours le divorce par principe religieux.
Orane jouera dans de nombreux films de Pagnol. Elle a été très critiquée comme actrice de cinéma, mais il ne faut pas oublier qu'elle a été avant de jouer au cinéma une grande actrice au théâtre, très adulée. Il était difficile pour les acteurs de l'époque de passer de la scène au cinéma. Ils avaient tendance à "sur"jouer leur texte... Moi je la trouve pleine de sensibilité et je me souviens que les scènes superbes qu'elle nous a laissées, faisaient toujours pleurer ma mère.
Éternel séducteur, Pagnol rencontre ensuite Yvonne Pouperon, dite Vonette qui était sa secrétaire personnelle. Ils auront ensemble une fille, Francine, née le 28 février 1936, le jour des 40 ans de Pagnol ! (C'est son troisième enfant). Sa rupture avec Orane est inévitable.
Quelle année !!!
Sur sa route, il trouve alors le directeur de la firme Paramount, Bob Kane. Celui-ci veut lui acheter les droits de "Marius". Pagnol refuse mais accepte qu'un film soit tourné à condition que les acteurs soient les mêmes qu'au théâtre. Le film sera réalisé par Alexander Korda. Le succès est phénoménal.
Marcel Pagnol décide alors de créer sa propre maison de production à Marseille.
Il crée aussi une nouvelle revue mensuelle (puis bimensuelle) "Les cahiers du film" qui paraîtra en 1933 (4 numéros) puis s'interrompra de 1934 à 1941 et reprendra alors sa parution jusqu'en 1944. Cette revue faisait la promotion de sa société de production. Il y développe ses théories sur l'art cinématographique : "Le dialogue doit primer sur l’image". Il instaure ainsi la suprématie de l'acteur par rapport au réalisateur.
Une nouvelle page se tourne : il abandonne le théâtre.
En 1939, il rencontre Josette Day avec qui il restera jusqu'en 1944.
Revenu à Marseille, son pays, ses racines, il achète en 1941, le "château de la Buzine", l'imposante demeure dont il parle dans "Le Château de ma mère" mais entre la guerre et 1973, où il le revend, celui-ci sera réquisitionné, brûlé, pillé, et squatté...
Plus tard il achètera en 1941, près de Cagnes le "Domaine de l'étoile" où la famille prendra ses vacances.
Petite parenthèse...
Actuellement, acheté par la ville de Marseille en 1995, ce lieu est devenu, comme Pagnol en rêvait, la "Maison des Cinématographies de la Méditerranée" et on y trouve une salle de cinéma, une salle d'exposition et une bibliothèque- vidéothèque.
Le monument, tant chéri par l'auteur, est inscrit au titre des Monuments Historiques depuis 1997.
En 1945, suite à son divorce, il se remarie avec Jacqueline Bouvier, elle aussi actrice de cinéma, qu'il connaît depuis 1938, mais qui est entrée dans sa vie en 1944. Elle deviendra Jacqueline Pagnol et tous deux resteront ensemble jusqu'à la mort de Marcel Pagnol, en 1974.
Il a enfin trouvé la paix.
Les Pagnol s'installent cette année-là à Monaco où ils habitent "La Lestra".
En 1947, Pagnol est élu à l'Académie Française (fauteuil 25). C'est le premier cinéaste à obtenir cette distinction.
Mais en 1955, il abandonne sa carrière de metteur en scène après le brutal décès de sa fille, Estelle (en 1954), décès dont il ne se remettra jamais, ainsi que sa femme. Ils vendront "La Lestra", l'endroit où leur petite fille est morte.
Il se met à écrire ses célèbres "Souvenirs d'enfance" : "La gloire de mon père" ; "le château de ma mère" puis "l'Eau des collines" composée de "Manon des sources" et "Jean de Florette".
Ensuite "Confidences" ; "Le temps des secrets" ; et enfin "Le temps des amours" qu'il restera inachevé.
Entre temps il a également travaillé sur des traductions (Virgile, Shakespeare).
Il s'éteint le 18 avril 1974.
Charismatique, curieux de tout, intelligent et plein d'humour, Marcel Pagnol outre ses nombreuses conquêtes féminines qui lui ont sans doute permis de panser ses blessures affectives (liées à la mort de sa mère), a eu de nombreux amis... Outre ses amis personnels, écrivains, journalistes, cinéastes ou scénaristes, il était très proche de ses acteurs et de l'ensemble de sa troupe, des musiciens, des monteurs et des équipes techniques.
Son oeuvre est ancrée dans la Provence méridionale, la région marseillaise certes, mais également la Provence des plateaux et des collines, une région ensoleillée à tous points de vue.
Pagnol, dans ses histoires si profondément humaines, ne porte aucun jugement sur ses personnages : chacun suit son destin...
C'est aussi pour cela que son oeuvre est universelle...
La preuve ses films ont été traduits dans le monde entier (des États-Unis au Japon en passant par l'Égypte !).
Le prix Marcel Pagnol est né en 2000 à Aubagne (Provence) à l'occasion du festival du livre "Terres d'enfance". Il récompense chaque année un livre sur le thème du souvenir d'enfance. Ce prix est remis début juin. Il est organisé par Floryse Grimaud-Conseil.
Le jury, autour de Jacqueline Pagnol et de Daniel Picouly, est composé de Claude Pujade-Renaud, Catherine Enjolet, Patricia Martin, Karin Hann, Dominique Guiou, Carole Tournay, Philippe Claudel et Floryse Grimaud.
Une dernière info : En septembre 2015, "Topaze" et "La gloire de mon père" vont paraître en BD chez Bamboo, collection Grand Angle.
Adaptation Serge Scotto et Eric Stoffel, tous deux marseillais, et dessins Eric Hubsch (pour Topaze) et Morgann Tanco pour la gloire de mon père.
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Sitographie (non exhaustive)
Cet article vous donne envie d'en savoir plus, consulter les liens ci-dessous...
- Le site officiel de Marcel Pagnol.
Le plus important car vous y trouverez sa biographie, des photos, sa filmographie et des surprises...
- Cinéartistes où vous trouverez des biographies d'artistes : Pagnol bien sûr, Pierre Fresnay, Fernandel, Josette Day, Pierre Blanchard, et bien d'autres...
- Cinélégendes, un site qui parle de l'histoire du cinéma hollywoodien et de ses artistes.
- Le site "Coeur de Provence" . Un site perso qui parle de Pagnol et de la Provence.
- L'encinemathèque. pour les acteurs.
- Un site sur Marcel Pagnol et Jean Giono, Marcel Pagnol en Provence.
Ses oeuvres (d'après Wikipedia)
Ce qui a été écrit sur lui (liste non exhaustive)
Remarque : certains ouvrages ne sont plus disponibles en librairie mais avec un peu de patience (et de chance) vous pourrez les trouver en bibliothèque.
Casalta, Pierre - Audouard raconte Pagnol, Stock, 1973
Pierre Lagna (pref.) - Les années Pagnol, Hatier, 1989
Raymond Castans - Marcel Pagnol, Lattès, 1987 paru en Le Livre de poche en 1995.
Raymond Castans - Il était une fois Marcel Pagnol, Julliard 1978 / De Fallois, Fortunio, 1995.
Henri Daries - Un bout de chemin avec Marcel Pagnol, Edisud, 1995
Nicolas Pagnol - Marcel Pagnol de l'Académie française : L'album d'une vie, Flammarion, 2011
Pour en savoir plus, consulter la Base de données des livres sur le cinéma.