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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

Mahmoud Darwich, un grand poète palestinien disparu.

Mahmoud Darwich

Mahmoud Darwich

Mahmoud Darwich est né le 13 mars 1941 en Galilée.

Il y a donc aujourd'hui exactement 74 ans.

 

Comme des centaines de poètes à travers le monde, Mahmoud Darwich a connu un destin particulier. Il a non seulement marqué la littérature contemporaine de son pays mais il est devenu une véritable légende, le porte-parole de tout un peuple. En effet sa poésie parle de sa terre, la Palestine, et de son peuple opprimé, les palestiniens.

 

 

Son histoire

 

Alors qu'il n'a que 8 ans, ses parents sont chassés de Birwa et partent pour le Liban emmenant avec eux leurs enfants.

Lorsqu'ils reviennent clandestinement un an après, le village a été entièrement rasé et les maisons ont toutes disparu.

Le lieu est désormais occupé par un nouveau village israélien.

Commence alors pour la famille de Mahmoud, une vie faite de clandestinité. Ils s'installent d'abord à Dair Al-Assad où Mahmoud fréquente l'école primaire. Puis ils partent à Kufur Yasif et enfin à Haïfa.

 

C'est dans l'écriture et en particulier la poésie que le jeune Mahmoud trouve un apaisement pour accepter l'exil. Il publie son premier recueil de poèmes en 1960 : il a 19 ans.

 

En 1961 il rejoint le "Parti Communiste d'Israël" (le Maki) et commence à travailler comme rédacteur adjoint dans le journal "Al-fajr"..

Il sera emprisonné cinq fois entre 1961 et 1967 non seulement à cause de ses poèmes et de ses articles mais aussi de ses activités politiques.

 

En 1970, il est assigné à résidence à Haïfa suite à la publication d'articles jugés trop virulents. Il demande alors un visa étudiant pour pouvoir quitter le pays et  part, la même année, pour Moscou où il étudie l'économie politique.

 

Il disparaît... et  se retrouve au Caire où il travaille pour le quotidien "Al-Ahram", puis à Beyrouth en 1973 où il dirige le mensuel "Shu'un Filistiniyya". Il travaille aussi comme rédacteur en chef au Centre de Recherche Palestinien de l'OLP (l’Organisation de libération de la Palestine) puis finit par rejoindre l'organisation.

 

En 1981, il crée le journal littéraire "Al-Karmel" et devient son rédacteur en chef. Ce journal cessera de paraître en 1993.

 

En 1982, Mahmoud Darwich est obligé de fuir à nouveau : l'armée israélienne bombarde la ville pour faire fuir l'OLP. Il repart donc en exil au Caire puis à Tunis et enfin à Paris.

 

En 1987, il sera élu au Comité exécutif de l'OLP qu'il quittera en 1993 après les accords d'Oslo auxquels il est vivement opposé.

Il vivra à Paris jusqu'à son retour en Palestine en 1995 où il obtient l'autorisation de s'installer à Ramallah. 

 

Il décède aux États-Unis en août 2008 des suites d'une opération à coeur ouvert. C'est un grand poète qui disparaît...

 

 

 

Mahmoud Darwich n'a jamais voulu être considéré comme un "poète de la résistance". Il a voulu surtout qu'au delà de son engagement on le considère comme un poète de l'amour...même s'il se qualifiait lui-même de "poète des vaincus".

 

Son engagement dans la lutte pour son peuple ne l'éloignera jamais de son objectif prioritaire : espérer et lutter pour la paix.

C'est un poète connu dans le monde entier et reconnu internationalement. Ses oeuvres sont traduites dans 22 langues différentes. Certains de ses poèmes ont été interprétés par des chanteurs comme Marcel Khalifé, les frères Joubran, le chanteur Libanais Georges Qurmuz entre autres... D'autres ont été joués au théâtre.

 

Considéré comme l’un des chefs de file de la poésie arabe contemporaine, Mahmoud Darwich a obtenu de nombreux prix.

 

 

Petite Bibliographie (non exhaustive)

 

  • Nous choisirons Sophocle et autres poèmes, Éditions Actes Sud, Arles, France,2011
  • Une nation en exil : Hymnes gravés suivi de La Qasida de Beyrouth, avec Rachid Koraichi, Éditions Actes Sud, Arles, France,2010.
  • La Trace du papillon - Journal poétique (Eté 2006 - été 2007), Arles, Actes Sud, 2009.
  • Comme des fleurs d'amandier ou plus loin, Arles, Sindbad/Actes Sud, 2007
  • Ne t'excuse pas, Arles, Sindbad/Actes Sud, 2006
  • Etat de siège, Paris, Actes Sud, 2004
  • La Terre nous est étroite et autres poèmes, Paris, Gallimard, 2000
  • Le lit de l'étrangère, poèmes, Actes-Sud, 2000
  • La Palestine comme métaphore: entretiens traduits par Elias Sanbar, Paris, Sindbad/Actes Sud, 1997
  • Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude?
  • , poèmes, Actes Sud, 1996
  • Au dernier soir sur cette terre (poèmes, Actes Sud, 1994
  • Une mémoire pour l'oubli , récit, Actes-Sud, 1994
  • Plus rares sont les roses, Paris, Minuit, 1989
  • Chronique de la tristesse ordinaire, suivi de Poèmes palestiniens, Paris, Cerf, 1989
  • Palestine mon pays: l'affaire du poème, Paris, Minuit, 1988
  • Rien qu'une autre année: autobiographie poétique: 1966-1982, Paris, Minuit, 1983
  • Les Poèmes palestiniens de Mahmoud Darwich, Paris, Cerf, 1970

 

 

Petite Sitographie (non exhaustive)

 

Un site en français consacré à son oeuvre :

http://mahmoud-darwich.chez-alice.fr/accueil.html

 

Le site de la revue qu'il a créé : Al Karmel (en arabe):

http://www.alkarmel.org/

 

 

Une interview de Geraldina Colotti (traduite en français)

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=1703

 

 

 

 

 

 

Voici le poème qu'il a écrit pendant le siège de Ramallah en 2002.

 

Ce sont de petits fragments de poésie (ou de prose) en réaction à l'offensive de l'armée israélienne.

 

Chacun de ses fragments capte un bref instant, une pensée, un fait... 

 

Il s'intitule "État de siège".

 

 

 

 

Photographies Olivier Thébaud réalisées lors de ses voyages successifs dans le pays dévasté.

Le poème du jour...écrit en 1964

 

Identité


Inscris !
Je suis Arabe
Le numéro de ma carte : cinquante mille
Nombre d'enfants : huit
Et le neuvième... arrivera après l'été !
Et te voilà furieux !


Inscris !
Je suis Arabe
Je travaille à la carrière avec mes compagnons de peine
Et j'ai huit bambins
Leur galette de pain
Les vêtements, leur cahier d'écolier
Je les tire des rochers...
Oh ! je n'irai pas quémander l'aumône à ta porte
Je ne me fais pas tout petit au porche de ton palais
Et te voilà furieux !


Inscris !
Je suis Arabe
Sans nom de famille - je suis mon prénom
« Patient infiniment » dans un pays où tous
Vivent sur les braises de la Colère
Mes racines...
Avant la naissance du temps elles prirent pied
Avant l'effusion de la durée
Avant le cyprès et l'olivier
...avant l'éclosion de l'herbe
Mon père... est d'une famille de laboureurs
N'a rien avec messieurs les notables
Mon grand-père était paysan - être
Sans valeur - ni ascendance.
Ma maison, une hutte de gardien
En troncs et en roseaux
Voilà qui je suis - cela te plaît-il ?
Sans nom de famille, je ne suis que mon prénom.


Inscris !
Je suis Arabe
Mes cheveux... couleur du charbon
Mes yeux... couleur de café
Signes particuliers :
Sur la tête un kefiyyé avec son cordon bien serré
Et ma paume est dure comme une pierre
...elle écorche celui qui la serre
La nourriture que je préfère c'est
L'huile d'olive et le thym


Mon adresse :
Je suis d'un village isolé...
Où les rues n'ont plus de noms
Et tous les hommes... à la carrière comme au champ
Aiment bien le communisme
Inscris !
Je suis Arabe
Et te voilà furieux !


Inscris
Que je suis Arabe
Que tu as rafflé les vignes de mes pères
Et la terre que je cultivais
Moi et mes enfants ensemble
Tu nous as tout pris hormis
Pour la survie de mes petits-fils
Les rochers que voici
Mais votre gouvernement va les saisir aussi
...à ce que l'on dit !


DONC


Inscris !
En tête du premier feuillet
Que je n'ai pas de haine pour les hommes
Que je n'assaille personne mais que
Si j'ai faim
Je mange la chair de mon Usurpateur
Gare ! Gare ! Gare
À ma fureur !


 

 

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