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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

Antonin Artaud, un génie aux portes de la folie...

Antonin Artaud

Antonin Artaud

Son histoire

 

Antoine-Marie-Joseph Artaud (dit Antonin) est né à Marseille le 4 septembre 1896. Il est l’aîné de cinq enfants d’une famille bourgeoise. Choyé durant son enfance dans cette famille unie,  il gardera toute sa vie cette sensation de tendresse, de chaleur et de sécurité.

Son père est capitaine au long cours et possède une petite compagnie maritime.

 

Alors qu'il est tout jeune il tombe gravement malade. Il gardera toute sa vie des séquelles nerveuses, il devra prendre constamment des médicaments en particulier du laudanum qui calmera ses angoisses.

Il sera interné (en 1937) en asile psychiatrique, pendant près de 7 ans et subira des électrochocs. Cette omniprésence de la douleur marquera sa relation aux autres, expliquera sa solitude et sa création artistique.

Son oeuvre est marquée par la maladie mais aussi par l'éducation religieuse qu'il reçoit chez les pères maristes.

 

C'est à Paris en 1920 qu'il se met à écrire. Il avait déjà publié certains de ses poèmes dans le journal de son lycée.

Mais de son vivant, le succès n’est pas vraiment au rendez-vous. Son premier recueil est refusé par Jacques Rivière (le directeur de la NRF de Gaston Gallimard) en 1923. Mais celui-ci publiera tout de même leur correspondance.

En  1923, Antonin Artaud publie à compte d'auteur le premier numéro de la revue "Bilboquet" mais sous le pseudonyme de Eno Dailor.

En 1924,  la direction de la Centrale du bureau des recherches surréalistes lui est confiée par André Breton. Cela lui permet de continuer à écrire et de publier dans la revue "La Révolution surréaliste", l'organe du groupe surréaliste. Mais lorsque le groupe des surréalistes décide d'adhérer au Parti communiste français, Antonin Artaud refuse et le quitte : il pense que la révolution doit être spirituelle et non politique...

C'est cette même année qu'il expose sa vision du théâtre dans un article paru dans la revue "Comedia". Il jouera comme acteur dans plusieurs compagnies dont celle de Charles Dullin où il obtient des petits rôles.

 

« Si nous faisons du théâtre ce n'est pas pour jouer des pièces mais pour arriver à ce que tout ce qu'il y a d'obscur dans l'esprit, d'enfoui, d'irrévélé se manifeste en une sorte de projection matérielle. (1926) »

 

Il poursuit sa quête : pour lui le théâtre est une mise en danger...

 

« Sans un élément de cruauté à la base de tout spectacle, le théâtre n'est pas possible. Dans l'état de dégénérescence où nous sommes c'est par la peau qu'on fera rentrer la métaphysique dans les esprits. (1932) »

 

Dans "le théâtre et son double"(1938) il invente la notion de "théâtre de la cruauté", un théâtre teinté de grotesque...

Derrière la "cruauté" il faut comprendre la "souffrance d'exister".

Son manifeste "Le théâtre de la cruauté" sera publié en 1935.

 

Déçu par le théâtre qui ne lui propose que des petits rôles, Antonin Artaud se tourne alors vers le cinéma.

« J'aime le cinéma. J'aime n'importe quel genre de films. Mais tous les genres de films sont encore à créer. Je crois que le cinéma ne peut admettre qu'un certain genre de films : celui seul où tous les moyens d'action sensuelle du cinéma auront été utilisés. » dit-il au cinéaste René Clair.

 

Grâce à son cousin il obtient un premier rôle, puis commence à écrire des scénarios...mais un seul d'entre eux sera tourné : "La coquille et le Clergyman" qui sera désapprouvé par les surréalistes venus assister à la première projection...

 

Au final Antonin Artaud tournera dans une vingtaine de films sans avoir jamais obtenu ni un premier rôle ni même un second rôle important.

 

C'est après cette période, en 1936  qu'il part pour le Mexique, puis c'est à Dublin qu'il est arrêté pour vagabondage et remis aux autorités françaises pour y être interné en hôpital psychiatrique. Il y restera près de 10 ans et subira des traitements répétitifs.

 

Lorsqu'il est rendu à la vie littéraire parisienne, en 1946 il ne sait pas qu'il n'a que deux ans à vivre. Il succombera à son cancer en mars 1948.

 

 

Son oeuvre

 

Il a été à la fois poète, écrivain, essayiste, acteur, dessinateur et théoricien du théâtre.

Il a tenté de transformer en profondeur la littérature, le théâtre, le cinéma.

Il a été un génie pour certains, un fou pour d'autres...

Dans ses lettres comme dans toute son oeuvre (dessins, poèmes...), Antonin Artaud parle de la maladie, de la souffrance de son corps, de son attachement aux drogues, mais aussi des médecins, qui le torturent ou le soulagent, et de ses séjours à l'hôpital psychiatrique.

 

Les maisons d’édition ont hésité à le publier : il bousculait trop son public et était trop innovant !

Ce n’est que longtemps après sa mort que son talent de poète visionnaire et de théoricien du théâtre a été enfin reconnu.

 

Certaines de ses oeuvres ont d'ailleurs été publiées à titre posthume.

Il avait en effet confié à Paule Thévenin, une valise contenant de nombreux manuscrits.  C'est à elle qu'il avait dicté certaines pages écrites à la fin de sa vie. Pendant quarante ans elle lui a été fidèle et a réussi à publier ses oeuvres complètes quasiment en totalité. Très contestée, on lui reproche aujourd'hui d'avoir dénaturé, par son travail de transcription, l'oeuvre de l'auteur.

Une question se pose : A qui appartient réellement l'oeuvre du poète ?

En 1993, le travail a été repris par Evelyne Grossman. Son travail a permis l'accès aux derniers cahiers...

 

Vous pouvez lire à ce sujet l'article du blog de Rue89 et celui-ci dans le journal "Libération".

 

Un Prix Antonin Artaud a été décerné de 1951 à 2008 lors de Journées de poésie de Rodez, en hommage au poète interné dans la ville entre 1943 et 1946.

 

 

Les dates importantes de sa vie


1896 : Antonin Artaud naît à Marseille.
1920 / 1922 : Il s'installe à Paris, débute au théâtre avec Charles Dullin.
1924 : Il collabore à La Révolution surréaliste.
1925 : Il publie le Pèse-nerfs et L'Ombilic des Limbes. Il interprète Marat dans le Napoléon d'Abel Gance.
1926 /1927 : Il fonde le Théâtre Alfred Jarry, d’inspiration surréaliste. Il tourne La Passion de Jeanne d'Arc de Dreyer.
1932 : Il publie le Théâtre de la Cruauté. Son état de santé se dégrade. Il souffre d’angoisses qui le conduisent à prendre des doses importantes de laudanum, médicament à base d’opium.
1936 : Artaud voyage au Mexique  et découvre les Indiens Tarahumaras.
1937 : Artaud part en Irlande. A son retour, il est interné d'office à l'hôpital psychiatrique de Sotteville-lès-Rouen. Parution de son livre Le Théâtre et son double
1937-1946 : Sainte-Anne, Ville-Evrard, Rodez. Artaud connaît plusieurs asiles.
25 - 26 mai 1946 : Retour à Paris. Artaud est libre et vit dans la maison de santé d’ Ivry.
1947 : Artaud fait une conférence au Théâtre du Vieux Colombier : il raconte sa vie d'interné, accuse la société. Il écrit Van Gogh, le suicidé de la société et Artaud le Mômo.
1948 : Son émission de radio Pour en finir avec le jugement de Dieu est interdite.
4 mars 1948 : Artaud meurt à Ivry.

 

 

Sitographie

 

- Le site de Gallimard. où vous trouverez la liste de ses oeuvres.

- Le site intitulé "Le grenier de Lionel Mesnard".

- Le site Poetica.

- un florilège de poèmes sur le site "Éternels Éclairs".

 

 

Le poème du jour...

 

 

Le Navire Mystique

 

Il se sera perdu le navire archaïque


Aux mers où baigneront mes rêves éperdus ;


Et ses immenses mâts se seront confondus


Dans les brouillards d’un ciel de bible et de cantiques.

 

Un air jouera, mais non d’antique bucolique,


Mystérieusement parmi les arbres nus ;


Et le navire saint n’aura jamais vendu


La très rare denrée aux pays exotiques.

 

Il ne sait pas les feux des havres de la terre.


Il ne connaît que Dieu, et sans fin, solitaire


Il sépare les flots glorieux de l’infini.

 

Le bout de son beaupré plonge dans le mystère.


Aux pointes de ses mâts tremble toutes les nuits


L’argent mystique et pur de l’étoile polaire.

 

 

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S
Quel magnifique personnage que cet Antonin Artaud. Non moins magnifique est le portrait que vous en faites. Pour les amateurs de lecture, je recommande l'ouvrage "Artaud et l’asile" (éditions Seguier), par Laurent Danchin & André Roumieux.
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